Après s’être longtemps reposé sur la série God Eater dans le genre action, BandaiNamco a décidé qu’il était temps de passer à autre chose et nous propose cette année une toute nouvelle licence : Scarlet Nexus.
Comme God Eater, Scarlet Nexus est un jeu d’action qui a pour cadre un univers de science fiction. Le titre se passe dans un Japon futuriste où le digital régit la vie de tous les habitants. La ville principale du titre, Néo-Himuka, illustre bien cette vision avant-gardiste : avec ses innombrables écrans de publicité et une réalité augmentée omniprésente, l’univers urbain de Scarlet Nexus impressionne dès les premières minutes. C’est même du jamais vu, même si les donjons sont nettement plus classiques, voire manquent parfois de design.
Un gameplay presque parfait
Au cœur du gameplay, la télékinésie. Une idée pas complètement inédite mais quand même très innovante. Yuito et Kasane, respectivement héros et héroïne du jeu, ont a tout moment la capacité de prendre le contrôle d’un élément du décor pour le balancer sur les Kaii, monstres difformes constituant l’étonnant bestiaire de Scarlet Nexus. Chacun garde une arme de corps de corps pour réaliser des combos (élégants, qui plus est), et c’est le mix entre combat rapproché et utilisation de la télékinésie qui donne un charme fou à la jouabilité la nouvelle licence de l’éditeur japonais. Le gameplay, aussi rapide qu’exigeant, procure un plaisir fou. Les combats sont clairs et fluides, preuve d’une réussite technique de Scarlet Nexus sur PlayStation 5. Les Kaii sont très coriaces et poussent vraiment le joueur à donner le meilleur de lui-même en permanence. Le contre est par exemple bien utilisé, donnant lieu toutes sortes de contre-attaques différentes. Le mode difficile satisfera les amateurs de jeu d’action chevronnés.
S’il est regrettable que seuls Yuito et Kasane soient jouables, la gestion des pouvoirs des alliés donne une étendue stratégique bienvenue. Concrètement, le personnage principal que vous jouez peut emprunter la capacité d’un partenaire. Invincibilité, hyper vitesse, téléportation, sort élémentaire… cette facette du gameplay vous confère un avantage de quelques dizaines de secondes pour mieux sortir victorieux des combats. Chaque Kaii, chaque boss a un comportement bien spécifique et c’est au joueur de choisir au mieux parmi la dizaine de pouvoirs à sa disposition. On le redit, les combats vont très vite et ce genre de décision doit être pris en une demi-seconde. Cela donne un dynamisme très puissant à Scarlet Nexus.
De plus, les développeurs ont placés sur les cartes de multiples objets spéciaux aux résultats dantesques quand on utilise la télékinésie avec L2. On citera sans mal la grue de chantier qui fait d’énorme dégâts, mais aussi le métro qu’on peut propulser à pleine vitesse sur les ennemis. Il y en a vraiment beaucoup comme ça, l’ingéniosité semble vraiment sans limite. Au final, c’est un gameplay original, performant et de grande classe qui fait la force du jeu de BandaiNamco.
On pourra pinailler sur deux ou trois points, au premier rang desquels les quêtes annexes à s’arracher les cheveux : les conditions sont tellement drastiques (abattre tel ennemi avec tel pouvoir de tel personnage, etc.) qu’on jette l’éponge bien avant le trophée envié. La courbe de progression a l’air également un peu fautive sur la fin. Le boss de fin est au niveau 70, mais atteindre un tel niveau, même en ayant fait des quêtes annexes et de l’expérience, paraît bien difficile. Il faudrait de nombreuses heures de jeu supplémentaires pour l’affronter d’égal à égal, ce qui rend les derniers stades de l’aventure peut-être un peu pénibles. Enfin, on ne peut que déplorer l’absence de mode multijoueur. On rappelle que c’était la base même de God Eater.
Une narration en question…
Scarlet Nexus souffre cependant d’un scénario brouillon qui va un peu vite. Les évènements s’enchaînent sans que le joueur puisse vraiment comprendre le monde qu’il entoure, notamment la lutte contre les Kaii. La rivalité un rien factice entre Yuito et Kasane n’aide pas à prendre le jeu au sérieux, au moins dans la première moitié. L’histoire se décante plus tard et devient plus intéressante : les rebondissements relatifs au voyage dans le temps donne un attrait, tardif, à la narration. Celle-ci possède également sa dose d’émotion avec pas mal de scènes touchantes tout à fait remarquables, surtout à la fin.
On est déçu de constater que BandaiNamco a majoritairement recours à des plans fixes pour les dialogues, car cela casse un peu le rythme de l’histoire. Un investissement supplémentaire en cinématiques temps réel aurait donné beaucoup de valeur ajoutée au scénario. En revanche, selon que vous choisissez Yuito ou Kasane en personnage principal, l’histoire est très différente, si bien que Scarlet Nexus a carrément deux jeux en un.
…mais des alliés en or
On salue le travail effectué sur les personnages : Scarlet Nexus totalise une dizaine de persos secondaires avec lesquels le personnage principal (et donc à travers lui le joueur) entretient des relations assez profondes. Beaucoup d’interludes permettent de mieux connaître l’histoire personnelle et la tempérament des alliés. C’est un véritable jeu dans le jeu car il faut fabriquer des cadeaux (à partir des matériaux glanés lors des missions) pour élargir les relations avec eux.
Tous ont une trajectoire personnelle aussi touchante que drôle, et ces nombreux sous-scénarii supplantent carrément l’histoire principale tant il est passionnant de découvrir les secrets de leur personnalité. Arashi amuse par son extrême dilettantisme, mais à l’inverse, l’espion à la vie ruinée Kagero touche facilement la corde sensible. Des personnages formidablement fouillés auxquels on s’attache carrément, et qui méritent un rôle dans une éventuelle suite.
Même si Scarlet Nexus n’assure pas totalement sur le scénario principal (gros point fort de God Eater à l’époque), ne boudons pas le plaisir de mettre la main sur une nouvelle licence d’un tel calibre. Il apporte le gameplay le plus original et le plus jouissif qu’on ait vu depuis longtemps dans un action-RPG, il possède un univers unique, une esthétique travaillée, des personnages géniaux, beaucoup de contenu… Bref c’est déjà l’une des meilleures surprises de l’année et cela mérite vraiment une suite.
Scarlet Nexus
Editeur/développeur : BandaiNamco
Genre : Action-RPG
Modes : Solo uniquement
Sortie France : 25 juin 2021
Machine : PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series, PC
