On l’a connu chanter ses premiers émois avec sa bande de copains. En parallèle de sa belle aventure avec les BB Brunes, Adrien Gallo libère une nouvelle facette de sa personnalité en solo. Un poète, amoureux des mots et sonorités organiques se recueillant « Là où les saules ne pleurent pas ». Un album paisible et intime. Chronique musicale.
Un élégant maestro
Terminé la fougue et l’insouciance qui animait ce bébé rockeur des années 2000. Depuis Adrien Gallo a bien grandi et a repris sa liberté en solo. Un jeune adulte désormais et artiste qui s’épanoui dans un style plus ample loin des riffs effrénés de l’époque. Un éternel passionné de musique tendant à présent vers une poésie plus classique. Affichant sa maturité encore fraîche d’entrée de jeu avec le titre de son nouvel opus baptisé « Là où les saules ne pleurent pas ». Un lieu paradisiaque auquel il fantasme. Un havre de paix où ses jumeaux que l’on entend gazouiller au début de la première piste éponyme pourraient évoluer en toute quiétude. « Nous nous en irons comme des oiseaux itinérants, vers des pays qu’on ne peut voir qu’en fermant les yeux » projette-t-il dans « La pluie et le beau temps ». Un jeune papa murmurant au dessus du berceau de ses bambins des doux mots drapés d’un univers épuré. Dépoussiérant des partitions acoustiques (« La saharienne »). Ici aucune trace de synthés ni de vocodeur mais une ambiance plus classique et raffinée sur laquelle se marient violons, cordes, piano et guitare. Une alliance orchestrale accordée selon des arrangements qu’il a lui-même imaginé. 12 pistes qui se suivent et s’effeuillent dans cette apaisante bulle de tendresse. Une envie de proposer un projet intemporel comme l’ont fait avant lui certains ainés de la chanson française. Un disque d’auteur influencé par les écoutes de son enfance en familles de Michel Berger à William Sheller en passant par Etienne Daho à qui il emprunte la patte année 70. En témoigne les notes bondissantes présentes dans «Ils solitudes ». ou encore « Capitale triste » où il laisse exprimer son groove. Un musicien averti se remémorant ses premières gammes sur le piano offert par son père alors qu’il n’avait encore que cinq ans. Un « vieux briscard » comme il l’appelle qui lui a soufflé bien des nouvelles chansons dont « Odyssée ».
Vertiges de la vie
Une ambiance calfeutrée de coin de cheminée propice à bien des confidences. Délicatement, Adrien Gallo puise dans ses souvenirs marquants pour dérouler le film de sa vie intime et sentimentale. Proposant un projet introspectif, profond mais pas pour autant sombre où il y aborde la sensation de solitude ou encore le temps qui passe. Un hommage musical dédié à son père disparu il y a dix ans dans lequel ce conteur d’histoire puise son désir de transmission. Montant à bord du carrousel de l’amour dans le valsant « L’un aime l’autre et l’autre un autre » où résonne en écho la voix de sa sœur. Comme pour recouvrir un peu plus son album de sensibilité et de douceur, le chanteur laisse volontiers la place à la gente féminine. Entraînant dans sa « Chut » planante le timbre voluptueux de Julia Johansen avant de s’ébahir devant « Les jolies choses » et laisser retentir « Les clochettes de mai » en harmonie avec Vanessa Paradis. Deux duos qui font sa fierté. Mais c’est à « Maya Louise Elena » qu’il doit les plus beaux cadeaux de sa vie : ses jumeaux. Une sauveuse qui l’a relevé après sa séparation douloureuse à laquelle il fait allusion à de nombreuses reprises. Celle avec qui il s’est reconstruit et peut enfin faire « Des adieux » définitifs à sa bouleversante rupture avec la fameuse Ella que l’on entendait sur son précédent opus. Une ultime révérence gracieuse aussi à l’ado qu’il était et gardera au coin de son esprit les soirs de songes.
DROUIN ALICIA