Il y a quelques années encore ce grand retour lui semblait totalement envisageable. Treize ans après son premier album Léa Castel se sent enfin prête à partager la suite de son histoire. Une chanteuse en pleine renaissance artistique se livrant en totale « Roue libre » sur ses combats et ses failles. Chronique musicale.
Un atterrissage contrôlé
C’est en composant pour d’autres talents que Léa Castel a eu le déclic sur la direction qu’elle souhaitait emprunter pour elle-même. Un virage absolument pas prémédité né en totale « Roue libre » après des années de « faux » nouveaux départs freinés faute d’un réel accomplissement pour elle. Un chapitre de 15 titres dont une Intro et un Interlude vu à la fois comme une suite mais aussi un renouveau aux premières pages ouvertes alors qu’elle n’avait encore que 18 ans. Une star des années 2000 sortie du tourbillon trop fulgurant de ses débuts pour reprendre son souffle et retrouver le goût de se confier. Une jeune femme poussant le portail de son « Jardin secret », un monde coupé de tout à l’abri des regards médisants et jugements sur les différences de chacun. Tantôt vaillante, tantôt vulnérable la chanteuse mise sur un mix des genres où se côtoient de près pop urbaine et variétés française. Remontant de pied ferme sur le ring médiatique prête à esquiver n’importe quel « Uppercut » et répliquer à coups de gammes de piano. Un instrument fétiche qu’elle fait retentir pour reprendre ses esprits après une énième déception sentimentale. Un exutoire où elle brise ses chaînes et espère continuer de promener ses doigts sur son clavier avec insouciance et liberté. Une éternelle passionnée dessinant les contours de sa relation sincère mais abîmée avec la musique sur le magnétique « Amour à la haine ». Une grande combattive sur le chemin de la reconstruction artistique prête à refaire « Le grand saut » dans le vide et mettre à nu ses émotions pour s’évader le plus « Loin » possible. Un plongeon libérateur d’une femme forte et motivée qui a su « Résister » aux obstacles dressés sur son parcours. Une ténacité partagée avec Jenifer sur ce duo détonnant prouvant qu’elle a bien fait de s’accrocher et persévérer.
Etreinte et fêlures du coeur
Réputée pour ses ballades poignantes comme « Dernière chance » Léa Castel ne délaisse pas pour autant son univers de prédilection. Une chanteuse ouvrant grand son coeur sur ce projet intime sur lequel elle se met totalement à nu. Faisant refléter dans le miroir ses déchirures sentimentales de sa voix rauque soutenue par la délicatesse de ses mélodies acoustiques. Pas de changement non plus du côté du thème principal abordé : l’amour. De la légèreté des premiers jours et doux surnoms racontés dans «Lovely » avec Jul, à la douleur post-rupture. « C’est comme une balle en plein coeur, De regret, de rancoeur, Ton absence qui résonne et déraisonne » déplore-t-elle sur le mélancolique « à cause de toi ». « Comme toujours » déçue d’avoir été attirée par la mauvaise personne. Noyant ses désillusions des soirs d’ivresse. « Tu me déçois, alors laisse-moi plonger dans les profondeurs d’une vodka » lâche-t-elle dans l’effronté « On n’se connaît pas ». Loin de cette époque radieuse où elle « jouait à jeter d’l’amour dans l’air, Pour oxygéner ceux qui en manquaient » confortablement blottie dans les bras de Gringe. Un ancien compagnon qui comme elle n’a « Pas tout compris » à leur idylle intense mais éphémère. Un ami désormais pas rancunier assurant les choeurs de ce featuring passionnel. « Ne t’en fais pas, c’est pas la première fois que j’l’enterre, ni la dernière » rassure Léa Castel convaincue d’avoir l’amour « qui tourne à l’envers ». Mais c’est à son père qu’elle dédie « Mon plus beau morceau ». Une tendre déclaration au premier homme qui a changé sa vie avec qui elle garde une relation complexe. « T’as jamais su qui j’étais et moi j’ai toujours attendu, Après tout j’ai essayé, être comme tu voulais, Mais là t’as toujours été déçu, jamais assez bien pour toi » souligne-t-elle avec poigne, y voyant une raison de ses échecs amoureux. Composant avec ses failles pour libérer les traces de venin persistant dans ses veines. Avant de laisser libre court à ses envies une dernière fois sur « Et toi, quel est ton jardin secret ? ». Une version instrumentale sur laquelle son public pourra sans doute comme elle voir défiler ses pensées les plus profondes.
DROUIN ALICIA