On lui a souvent collé l’étiquette de femme « Impossible à aimer ». Des qu’en-dire-t-on auxquels répond Coeur de pirate dans son nouvel album. Une chanteuse qui en plus d’avoir retrouvé sa voix après quelques mois de convalescence, libère son coeur de son passé sentimental tourmenté à coups de titres thérapeutiques. Chronique musicale.
Chagrins du passé
C’est radieuse et enceinte de son deuxième enfant que Coeur de pirate savoure la sortie de son sixième opus. Un bonheur de femme épanouie qu’elle n’aurait sans doute jamais soupçonné une seule seconde au démarrage de sa carrière. Une chanteuse révélée il y a douze ans de cela en faisant défiler un manège sentimental au sein du tube « Comme des enfants ». Un thème de prédilection récurrent dans son répertoire, qu’elle pousse encore plus loin sur « Impossible à aimer ». Un disque très personnel sur lequel elle dresse avec audace le bilan de toutes ses déceptions amoureuses. En 10 temps, l’artiste québecoise se livre à coeur ouvert sur ses propres expériences si souvent déformées dans les Médias. Une manière de se réapproprier sa vérité mais surtout de mettre de côté tous ces mauvais souvenirs. Un bilan thérapeutique sur lequel elle passe de la tristesse à la colère, pourvue de sa plume raffinée. Sans passer par quatre chemins, Béatrice Martin de son vrai nom, vide son sac. Se confiant sur ces « Hélas » trop nombreux faux départs et abandons. Se remémorant amèrement ces heures sombres paralysée par « Le monopole de la douleur » à coup de chansons de rupture par excellence. Livrant des ballades intenses et poétiques à l’image de l’émouvant « Tu ne seras jamais là » magnifiée par la pianiste canadienne Alexandra Stréliski. « Les flots t’emmènent tu vas céder » murmure-t-elle d’un timbre un peu plus rauque qu’à l’ordinaire. « Mais quand tu partiras au large, Essaie de rester loin de moi » poursuit-elle. Se remémorant ces longues heures dans la tourment à attendre les yeux rivés sur « Le Pacifique ». Bien décidée cette fois à laisser les vagues emporter ses histoires du passé fermement jetées dans une bouteille à la mer.
Comme des grands
Car oui, derrière sa mélancolie Coeur de pirate ne sombre pas dans le drama. Se révélant après coup plus forte que jamais. Une chanteuse prouvant qu’elle a appris de ses erreurs. Des faux pas qui demeurent aujourd’hui son moteur pour avancer et ne plus les répéter. Noyant ici ses moeurs loin du tourbillon dans lequel elle se sentait prise au piège. « Mais qu’importe le temps joue, une chanson sur mes plaies qui s’entrouvrent, Tu sais que j’en ai plus qu’assez, T’es con en plus t’as pas compris, Que j’aillais plutôt te laisser » lâche-t-elle de manière cash sur « Une chanson brisée ». Adoucissant ses mœurs derrière quelques délicates notes de piano. Une femme qui en a fini avec les promesses en l’air et beaux parleurs. « J’ai retrouvé le contrôle de mon esprit, J’ai tiré les images de nous tuer dans mon lit, J’ai déchiré les pages de notre histoire » brutalise-t-elle un ancien compagnon infidèle dans « Tu peux crever là-bas ». Parvenant à outrepasser ses peines désormais lointaines bercée par « Une complainte dans le vent » et son air country. Avec classe l’artiste éteint son amertume « Dans l’obscurité » d’un « Crépuscule » ravivé à coup de sonorités disco. Le parfait remède pour panser ses blessures. Une compagne se réjouissant d’avoir fini par rencontrer la bonne personne. Celui qui l’accepte pour ce qu’elle est à qui elle dédie le tendre « On s’aimera toujours ». Une déclaration lumineuse sur le bonheur et l’insouciance d’une relation saine. Un happy end prouvant qu’en amour, rien n’est impossible.
DROUIN ALICIA