Comme nous l’avait annoncé en juillet dernier la Directrice artistique Jennifer Flay, la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain) a enfin pris ses quartiers au Grand Palais Éphémère. Profitez donc de ce weekend ensoleillé pour aller découvrir les pépites et les aberrations de cette 47e édition ! En amuse-bouche, SYMA News vous propose son florilège 2021.
La FIAC ce sont des artistes qui reviennent
Comme chaque année, Gideon Rubin participe discrètement à la Foire d’Art Contemporain. Pour 2021, il est venu avec une vingtaine de miniatures superbement esquissées sur carton ainsi que quelques grand formats. À travers les dessins de ses figures anonymes et sans visage, cet artiste israélien nous propose une plongée intimiste, sensuelle et un brin voyeuriste. On adore la fluidité de son pinceau, sans parler de son talent à capter la lumière ! (Galerie Karsten Greve – Paris)
Glenn Brown est également présent sur le stand de la Galerie Max Hetzleret. À chaque édition de la FIAC, ses créations fantasmagoriques inspirées de maitres anciens nous transportent grâce à la dynamique de leur composition : par le biais de ses volutes et ses lignes en spirales, ce très grand peintre britannique parvient même à nous donner l’impression que les personnages arcimboldesques de ses toiles s’embrasent.
Au fil des allées du Grand Palais Éphémère, on peut aussi croiser les cabanes en bois peint de Tadashi Kawamata que nous avions déjà remarqué lors de la FIAC 2017 : cette année ses créations font se superposer des paysages aux tonalités chaudes et de fragiles maisonnettes délicatement posées sur la toile. (Galerie Annely Juda Fine Art – Londres )
La FIAC ce sont également des découvertes
La Galerie Perrotin nous invite à découvrir les grands panneaux de Chen Ke. Originaire du Sichuan, cette peintre chinoise propose ici une oeuvre dont l’atmosphère évoque les tableaux énigmatiques de Giorgio De Chirico mêlés à l’élégance tranquille des Années Vingt. Grace à sa maitrise picturale de la lumière et des couleurs, Chen Ke parvient parfaitement à conjuguer un découpage presque cubiste de ses personnages et une douceur dans le rendu de leurs carnations. C’est tout simplement magnifique !
La Tim Van Laere Gallery rayonne dans les allées de la FIAC avec une toile vibrante de Ben Sledsens (Yellow Room – 2021). Cet artiste belge propose, en effet, un magnifique intérieur où il décline la couleur jaune autour d’une élégante demoiselle. On admire le choix de sa palette et sa maitrise chromatique et l’on est saisi par son talent décoratif qui emprunte à Matisse autant qu’au Douanier Rousseau.
La Galerie Almine Rech présente, quant à elle, une captivante huile sur toile de Xavier Daniels. Originaire d’Atlanta, ce jeune artiste met en avant l’homme noir à travers une peinture où la touche réaliste côtoie un certain onirisme. Grace à ses couleurs douces et à ses grandes réserves de blanc délicatement brossées au pinceau, Xavier Daniels confère une quiétude et beaucoup de poésie à ses sujets.
On aime enfin la sculpture en aluminium et acier de Hajime Sorayama qui nous rappelle étrangement l’androïde de Métropolis. Cet artiste japonais manie si habilement l’érotisme et la science-fiction à travers ses créations qu’il a conçu au fil des années une véritable galerie de pin-ups futuristes et terriblement sexy !
La FIAC défend toujours la scène émergente
Parmi les peintres de la scène émergente, citons le nigérien Ekene Stanley Emecheta (The Breeder Gallery – Athènes) qui s’intéresse, à l’exemple de Xavier Daniels à son héritage africain. Sa particularité picturale est de proposer une peinture figurative où il retire la couleur de ses personnages. C’est à la fois beau et déstabilisant.
On aime aussi les toiles de Tyna Adebowale. Représentée par la galerie Ellen de Bruijne Projects (Amsterdam), cette jeune artiste nigérienne a développé un art du portrait particulier où chacun de ses protagonistes est dessiné via un entremêlement très graphique de lignes et de petites spirales noires et blanches. Un travail qui brouille notre perception des corps et des carnations tout en conférant une certaine mélancolie à l’ensemble de son oeuvre.
La galerie Magnin-A est à la FIAC : on adore !
Explosion d’optimisme et de couleurs vives sur le stand de la Galerie Magnin-A avec une série de toiles réalisées par JP Mika : qu’il s’agisse des personnages, du décor ou de la gamme chromatique, tout swingue chez cet artiste congolais qui s’est formé auprès du grand maître Chéri Chérin. Comme toujours, Mika excelle dans la mise en lumière des sapeurs africains et diffuse une joie et une énergie extraordinaire à travers ses compositions sur tissus fleuris.
Toujours en quête de talents contemporains, André Magnin expose aussi les oeuvres plus cérébrales et certainement plus politisées d’Hilary Balu A travers sa série “Dans les flots d’illusions”, ce peintre kinois interroge son public sur la nécessité d’une migration africaine vers des territoires rêvés qui s’avèrent être par la suite des refuges cauchemardesques.
La FIAC c’est aussi un peu de provoc …
De l’érotisme avec les oeuvres distordues et un brin ludiques de la britannique Sarah Lucas
De l’humour avec ce prophète en fausse fourrure réalisé par Stefan Tcherepnin qui nous fait définitivement penser aux personnages de Sesame Street !
De l’audace avec une sculpture en verre de Murano signée par l’artiste Monica Bonvicini qui s’amuse à décliner des phallus sous toutes leurs formes (Tears – 2011 – Galerie Krinzinger Vienna)
La FIAC rend hommage à Christo
Tout à fait dans l’air du temps, la Galerie espagnole Guillermo de Osma Galeria a eu la bonne idée d’exposer plusieurs oeuvres de Christo dont un arbre emballé mêlant collages et fusain (Packed Tree – 1968), une carte géographique présentant un projet d’emballage des côtes australiennes (Packed Coast – 1969) ainsi qu’un très grand fusain sur papier esquissant un mur romain enveloppé de toile (The Wall – 1973)
La FIAC nous fait redécouvrir l’oeuvre de Paula Rego
La Galerie Victoria Miro fait la part belle à une fabuleuse plasticienne portugaise : Paula Rego. Dotée d’un talent fou et d’un esprit fantasque, cette artiste née en 1935 décline des images fortes qui semblent tout droit issues de contes cruels. On y croise son interprétation personnelle du petit chaperon rouge, du loup et de la grand mère. Certains de ses personnages ont l’air tristes, d’autres ont le regard fou. C’est à la fois cynique et grotesque mais d’une puissance indéniable : sur chacun des tableaux exposés, on sent l’insistance du trait de pastel qui se frotte au grain du papier et l’on est happé par la violence sanguine de ses rouges carmin.
La FIAC c’est surtout beaucoup d’interrogations …
En effet, beaucoup de visiteurs s’interrogent face aux toiles rayées de Daniel Buren (Quand la peinture fait le mur – 1991/2007 – Galerie Kamel Mennour)
Face à l’immense frise murale en dégradé de gris de Thomas Bayrle (Brancacci Chapel – 2021 – Galerie Neugerriemschneider)
Face à la sculpture circulaire et hypnotique d’Anish Kapoor (Burple, Magenta and Wild Cherry to Mipa no. 5 – 2021 – Galerie Kamel Mennour)
et même face au caddie emballé de Christo (Supermarket Cart – 1963)
Enfin, la FIAC c’est aussi un hors-les-murs
Durant la foire, le Jardin des Tuileries accueille un parcours d’une vingtaine de sculptures et installations, la Place Vendôme se pare d’un Flying Dragon signé Calder quant au Musée Delacroix, il abrite un dialogue pictural entre les oeuvres d’Eugène et celles de l’artiste français Jean Claracq connu pour ses portraits de Millenials.
Avec la FIAC, on peut dire que vous avez le choix !
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
FIAC 2021
Grand Palais Éphémère
Du 21 au 24 octobre 2021
Retour sur les précédentes éditions de la FIAC : 2017 – 2018 – 2019