Son trophée de « The Voice All Stars » à peine déposé que revoilà déjà Anne Sila les bras chargés cette fois de son nouvel album. Une chanteuse apportant « À nos coeurs » espoir et tendresse avec cette belle renaissance. Chronique musicale.
Revivre sur scène
« Brûlée par le soleil, avant d’avoir pu fuir, j’ai les yeux dans le ciel, et quelque chose à dire ». C’est dans un murmure qu’Anne Sila ouvre son nouvel opus « À nos coeurs ». Un cri étouffé « Derrière le miroir » de cette scène d’où elle était descendue depuis plusieurs mois. « Je reviens sur la scène, mettre fin au silence » avertit-elle sur cette chanson personnelle soulevant la difficulté à sourire face au public quand l’envers du décor est en réalité si sombre. Bien décidée cette fois à rester dans la lumière retrouvée depuis son passage remarqué dans « The Voice All Stars » qui s’est soldé par une victoire. Une édition justement entamée avec le symbolique « Je reviens te chercher » dédié à ces précieux soutiens. Animée par l’envie profonde de se réconcilier avec les autres mais avant tout elle-même. « Je prends le temps de miser sur le devant du décor » s’envole-t-elle d’un air guilleret au cours du solaire « Tu sais bien ». Telle une fleur en pleine éclosion grâce à l’arrivée de jours meilleurs. « J’ai attendu le printemps »… « Mais la fourmi a foutu l’camp » se rit-elle d’un jeu de mots malicieux faisant référence à la célèbre Fable de la Fontaine. Sauf que ce ne sont pas denrées alimentaires que l’artiste a stocké durant son absence, plutôt un tas de chansons. Des textes et mélodies personnelles couchés sur du papier durant le confinement. Une épreuve qu’elle aborde avec grandeur dans le palpitant « à nos coeurs ». « À demain attendu qui s’est envolé déjà » clame-t-elle toujours à fleur de peau. Bien décidée cette fois à ne plus se laisser dévorer par ses vieux démons. « Je voudrais tout bas faire chavirer le cours de ma vie, J’attends quoi pour enfin tourner la page ? » envoute-t-elle pleine de motivation d’un coup de «Abracadabra». Affichant derrière son nouveau look sa force et capacité à se relever.
Notes et pages virevoltantes
Tantôt puissante, tantôt délicate en 17 pistes dont 2 interludes, Anne Sila propose une véritable démonstration de toute sa palette vocale. Se libérant avec intensité de ses émotions en jonglant aussi avec les styles musicaux. Une chanteuse désormais à «L’équilibre » et souriante dans son coeur et dans sa tête. Jouant sa « Carte du tendre» portée par des sonorités plus jazzy. Avant de dégainer son piano pour se remettre d’une rupture sentimentale sur le bondissant « J’ai des regrets » qui hormis son titre ne tombe pas dans la nostalgie. Une époque révolue qu’elle savoure en compagnie du chanteur Matt Simons sur le hit « Même si ça fait mal ». Un duo pop entêtant entre deux amis déjà unis en 2016, s’échappant cette fois à deux voix d’une rupture libératrice. Doucement mais surement, l’artiste s’évade du registre sensible auquel on l’avait trop hâtivement assimilé depuis sa première participation à « The Voice ». S’affichant comme une femme et chanteuse nouvelle qui n’a plus envie de se mettre de barrière ni de se sentir enfermée dans une case. « L’avenir nous apporte un cadeau à chaque fois » se réjouit-elle sur le lumineux « C’est quoi ? » signé Ben Mazué. Demeurant une éternelle romantique effeuillant les pétales de l’amour sur son chemin. « Reste encore, sur mon corps » virevolte-t-elle mutine sur le percutant « Dis moi oui ». Avant de suspendre le temps sur « Je suis perdue ». Un piano-voix épuré où elle part en quête d’un guide pour l’accompagner main dans la main sur le chemin de son avenir plus radieux. Entre les lignes de ce livre ouvert, Anne Sila parvient à se confier avec pudeur tout en se réinventant. Se frottant à de nouveaux exercices comme celui de chanter en turque sur « Göreceksin kendini » berceuse de son enfance rendant hommage à son père et ses origines. Avant de clôturer en anglais par les envolées lyriques de « Track of time » où elle vise dans le mille une ultime fois.
DROUIN ALICIA