Bientôt 20 ans de carrière pour Nolwenn Leroy. Une étape clé pour la chanteuse qui y voit là l’occasion d’innover et surprendre. Un nouveau cycle démarrant par « La cavale » d’une artiste respirant un air marin en totale liberté pour bercer délicatement les âmes. Chronique musicale.
Une élégante plongeuse
Fraîchement remontée à la surface, Nolwenn Leroy se laisse porter par une nouvelle vague tourbillonnante à ne plus en toucher pied. S’aventurant « Loin » de l’univers confortable dans lequel elle baignait jusqu’à présent. Une chanteuse partageant avec modernité son désir de lâcher prise sur son huitième album « La cavale ». Un titre en disant long sur son intention de nager sans filet. Une cavalière posant sensuellement aux côtés d’un majestueux et docile cheval noir sur la pochette du disque. Domptant son style soutenue par la finesse de Benjamin Biolay signant la quasi totalité du projet. Un élégant artiste à qui elle s’est confiée en totale confiance sur sa vie intime et ses envies d’ailleurs. Une évasion démarrant par une élégante danse sous le reflet des boules à facettes. Un décor disco très en vogue en ce moment dont elle s’imprègne pour «Changer l’eau des fleurs » de ce nouveau printemps. Même si ça n’est un secret pour personne ce que préfère cette bretonne de souche c’est cavaler au milieu des paysages maritimes guidée par « La houle ». Une naïade se laissant porter cheveux aux vent par l’agitation des vagues et le goût de sa peau salée de sa voix intense. Poursuivant son échappée belle aux nuances de bleu du ciel et de la mer depuis les plages ensoleillées de « Brésil, Finistère ». « Voulez-vous bien danser ce soir, comme si c’était le dernier soir ? » lance-t-elle plus légère que jamais. Berçant de son regard bleu azur son fils Marin à qui elle dédie le poignant « Mon beau corsaire ». « J’aime ta voix si spéciale, De petit mec » adresse-t-elle tendrement à son petit chef d’équipage équilibrant son navire.
Croisière de santé
Entre deux bains plus dansants et solaires, Nolwenn Leroy sèche délicatement ses pensées sur des ballades acoustiques. Laissant frissonner son coeur au cours d’un chaloupé avec un homme la faisant chavirer malgré ces petits défauts sur le passionnel « Tu me plais ». Avant d’admirer au loin les « Abysses » d’un amour qui s’éteint tel un coucher de soleil descendant. Puis de se laisser surprendre par l’apparition de « La lune en plein jour ». « Regarde bien la lune au ciel, En plein jour qui s’allume éternelle, regarde cet oiseau qui plane, Dans les cieux sans défaut sans vacarme » s’éblouit-elle les yeux rivés vers le ciel. Un contraste à lui en donner « Le tournis » perdues dans la nostalgie de souvenirs de vacances. Une douceur rythmée sur l’apaisant bruit des vagues. Boostée par l’épreuve de la crise sanitaire, la chanteuse savoure l’urgence d’exalter. «Je reprends le cours de ma vie, De tour au miroir qui brille » scande-t-elle sur « Occident » en s’avouant chanceuse de son confort quand d’autres demeurent sans domicile fixe. Un thème capital qui tient à coeur à cette marraine de la Fondation Abbé Pierre oeuvrant pour les plus démunis trop souvent laissés pour compte. S’accordant une ultime fuite mélancolique sur terre cette fois à Brest. Une cavale blanche au sein de cette ville qu’elle aime tant guidée par l’âme du chanteur Christophe qui s’y est éteint demeurant à jamais dans son coeur Un décor qu’elle ravive de sa propre poésie, fière d’avoir fait ce grand plongeon. Dénotant de la belle évolution d’une artiste baignant dans le bonheur pour les vingts prochaines années.
DROUIN ALICIA