Le spectacle vivant reprend enfin vie au Cube. Le Parc des Expositions troyen démarrant une nouvelle saison après près de deux ans d’inactivité liés à la crise sanitaire. Un centre de vaccination aménagé très largement réchauffé par le passage triomphal et vitaminé de Vianney et sa tournée « N’attendons pas » centrée sur le partage.

Vianney - N'attendons pas la tournée - concert - Le cube Troyes -
© Drouin Alicia pour Syma

Un interprète hors-pair

Les dizaines de chaises et rideaux sombres impersonnels ne sont plus qu’un lointain souvenir pour Le Cube de Troyes. Un lieu rendu à la culture dont Vianney et ses musiciens se sont emparés samedi soir le temps d’un concert vibrant. Première étape pour une partie des spectateurs : se fondre un chemin dans la fosse dans l’espoir d’admirer au plus près la star. Pour les autres s’installer sur leur siège et se laisser apprécier la vue d’ensemble sur la scène. Et pour tous ouvrir avant tout grand leurs oreilles. Au total 4000 aubois trépignant d’impatience à l’idée de recevoir cet interprète en pleine ascension. Un artiste ponctuel qui a laissé la jeune Janie recouvrir les coeurs d’une ambiance fine et voluptueuse, avant de dégainer son énergie débordante guitare à la main. Laissant d’emblée la magie opérer dans les yeux de petits et grands en admiration devant son incroyable jeu de cordes rythmant l’instrumental de « Funambule ». Accueilli par un premier tonnerre d’applaudissement le chanteur a pris le temps d’atterrir pour contempler ce lieu qu’il foulait pour la première fois de sa carrière. Mais pas le temps de rêvasser devant la longueur de sa setlist riche de près de 25 morceaux. Au total plus de 2H de show lancé par son hit « Les imbéciles » issu de son troisième disque «N’attendons pas » désormais réédité de titres bonus. Suivi justement de son tube du même nom que l’album au message fédérateur. « N’attendons pas, de vivre » scande-t-il en choeurs avec les spectateurs sur cette ode à la vie qu’il applique à chacune de ses prestations. Profiter et lâcher prise c’est justement ce a quoi Vianney a invité le public tout au long de la soirée. Sans jamais s’arrêter excepté pour changer de guitare et boire quelques gorgées, l’interprète de « Dumbo » n’a fait que « voler au dessus, au d’ssus d’mes défauts » comme il le clame si bien sur ce refrain léger et entêtant auquel il donne encore plus de relief sur sa version live soutenue par son orchestre. Mais c’est seul qu’il nous a ébloui d’un simple halo de lumière sur « Le fils à papa » et son début a cappella . L’un des rares moments suspendus de ce concert majoritairement festif. Car oui c’est là toute l’envergure de ce talentueux auteur-compositeur : parvenir à donner une toute autre dimension à ses propres chansons en quelques claquements de corde. Une réussite encore plus impressionnante quand on le voit s’ approprier solennellement « Parce que c’est toi » d’Axelle Red en duo avec Mentissa Aziza son ex talent de « The Voice » à qui il donne sa chance à chaque représentation. Ou encore « Chanson sur ma drôle de vie » de Véronique Sanson et « Pour oublier » de Kendji Girac qu’il décide d’intégrer ou non au spectacle à l’issu d’un vote du public.

Vianney - N'attendons pas la tournée - Le cube Troyes -
© Drouin Alicia pour Syma

Energie débordante et partage

Car oui, pour veiller à offrir un show unique à chaque nouvelle date de sa tournée, Vianney n’hésite pas à réorganiser sa généreuse setlist selon les envies des spectateurs en face de lui. En veillant bien entendu à conserver ses incontournables comme « Je m’en vais » ou « Pas là ». Un brin taquin le chanteur n’hésite pas aussi à charrier gentiment les novices qui le découvrent pour la première fois entre autre quand il entonne le premier titre de sa carrière « Je te déteste ». Très complice, il prend le temps de tisser un véritable lien, jusqu’à offrir en fin de soirée l’une de ses guitares. Multipliant les échanges en s’adaptant à son auditoire. « Et si on s’accouplait troyen, oh le temps d’un couplet » a-t-il glissé ce soir là dans les paroles de « Veronica ». Quant un peu plus tôt il mettait à l’honneur Evry-le-Châtel pour clôturer « La fille du sud ». Un nom de commune soufflé par des membres du premier rang. La place idéale pour le voir s’approcher au plus près et se désarticuler dynamiquement. Et qu’importe si rapidement sa coupe de cheveux n’a plus rien de celle du premier de la classe de ses débuts. À coup de sauts et déplacements fréquents, l’artiste donne tout. Enfilant un ciré rouge pour s’éponger en clin d’oeil à sa tenue dans le clip de « Beau papa ». Un ultime rappel se clôturant sur les rotules dans la ferveur de « La même » où il occupe largement l’espace pour deux en s’amusant d’une voix grave à imiter la tonalité de Gims. Avant de chanter « Dabaly » et se résoudre à faire ses au revoir à cette ville troyenne qui n’est désormais plus pour lui une terre inconnue mais bel et bien un terrain conquis.

DROUIN ALICIA