Louise Lecavalier : une danseuse fulgurante
Cela fait près d’un demi-siècle que Louise Lecavalier danse sur toutes les scènes du monde. Native du Québec, elle a été durant dix-huit ans l’interprète des chorégraphies d’Édouard Lock au sein de la troupe canadienne « La La La Human Steps » avant de créer sa propre compagnie « Fou glorieux ». Du haut de ses 63 ans, cette inépuisable danseuse poursuit son chemin dans une recherche perpétuelle du mouvement et de la gestuelle.
À l’occasion de son passage parisien au Théâtre de la Ville, Louise Lecavalier nous parle de son nouveau spectacle : Stations, un seul en scène en quatre temps aussi lancinant que frénétique.
Rencontre avec une artiste dont la sensibilité n’a d’égale que la puissance scénique.
De quand date la genèse de votre seul en scène Stations ?
Louise Lecavalier : Stations est ma toute dernière création. Elle a été conçue l’an dernier mais le Covid a tout arrêté : une première a eu lieu en Allemagne à Düsseldorf en février 2020 et puis plus rien. Depuis cette représentation, j’ai modifié quelques éléments mais le vocabulaire chorégraphique initial a été conservé.
Comment construisez-vous vos chorégraphies ? Partez-vous de la danse ou de la musique ?
Je pars du mouvement. Je vais au studio, je mets de la musique et je cherche en dansant. J’ai un ami musicien qui me connaît bien et qui m’apporte des clefs USB avec tout un panel de mélodies. Pour Stations, je lui ai demandé du jazz, je voulais entendre de la trompette ou du saxo, pas de contrebasse, un peu de piano… Tout s’est posé progressivement avec le temps. Les quatre parties du spectacle sont apparues d’elles mêmes. Il n’y a pas de rapport à chercher avec le thème des quatre saisons ou un cycle quelconque. Mes créations ne sont pas des « histoires », je ne me dis pas je vais commencer comme ça ou finir ainsi.
Quels sont les musiciens qui ont composé la “bande son” de Stations ?
Pour le premier mouvement (Body), c’est une composition électroacoustique d’Antoine Berthiaume, qui a déjà fait la musique de mon précédent spectacle. Il a écrit cette nouvelle partition spécialement pour moi, en posant ses sons sur ma danse et en suivant mes mouvements, ma vitesse, mes idées… On travaille bien ensemble car il est très ouvert.
Les stations 2 & 3, assez lancinantes, sont des créations du saxophoniste Colin Stetson et du groupe de rock canadien Suns and Jerusalem.
En ce qui concerne mon dernier tableau, plus poétique, il évolue sur une musique de Blixa Bargeld avec qui j’ai déjà travaillé. J’aime beaucoup son groupe berlinois Einstürzende Neubauten .
Laissez-vous une place à l’improvisation dans vos représentations ?
Pas beaucoup. À force de répéter ma chorégraphie, je deviens bien sûr de plus en plus libre mais je ne change presque rien. Mon cheminement sur la scène et mes mouvements sont fixes et définis, je modifie juste la façon de m’abandonner.
Peut-on dire que vous entrez en transe en dansant ?
Ce n’est pas loin de ça mais en vrai mon esprit est toujours là… 😉
Florence Gopikian-Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
Louise Lecavalier : Stations
Chorégraphie et interprétation : Louise Lecavalier
Assistante à la chorégraphie et répétitrice : France Bruyère
Conception lumières : Alain Lortie
Conception costumes : Yso, Marilène Bastien
Conseiller à la scénographie : Marc-André Coulombe
Musique originale et arrangements : Antoine Berthiaume
Musiques: Colin Stetson, Suuns and Jerusalem in My Heart, Teho Teardo and Blixa Bargeld
Production : Fou glorieux
Théâtre de la Ville – Espace Cardin
Du 6 au 9 décembre 2021
Tournée 2022 : Louise Le cavalier revient en France en 2022
– le 22 janvier au Théâtre de Bressuire
– le 25 janvier au Théâtre Le Safran d’Amiens
– Le 27 janvier à Charleville-Mézières
©Photos : Massimo Chiaradia & André Cornellier
