La symphonie des arbres : un splendide hommage aux maîtres luthiers
Saviez-vous que pour réaliser ses violons, Antonio Stradivari utilisait uniquement le bois d’érables ondés afin de permettre à ses instruments d’acquérir un son parfait ?
La plupart des spécialistes disent que ces érables mythiques ont disparu de la surface de la terre mais certains osent encore croire qu’ils existent. Parmi eux, Gaspar Borchardt, un luthier italien, bien décidé à affronter tous les périples pour retrouver cet arbre sacré…
Bienvenue dans l’atelier d’un Maître Luthier
Le documentaire romancé de Hans Lukas Hansen, nous fait pénétrer dans l’atelier de Gaspar Borchardt à Crémone où il officie depuis plus de trente ans aux côtés de son épouse, Sibylle. Avec beaucoup d’humilité et de patience, ce remarquable artisan prend le temps d’expliquer son savoir-faire tant au niveau de l’acoustique que de l’esthétique de ses violons.
À travers ses paroles, on sent à quel point cet homme est un passionné : l’amour qu’il porte à sa profession n’a certainement d’égal que le respect qu’il a envers la nature. Cela est palpable dans chacun de ses actes : sa façon d’humer les arbres, de tailler le bois et de se positionner comme un serviteur pour chacun des instruments qu’il fait naître de ses mains.
En quête de l’arbre sacré
Par-delà son beau parcours professionnel, Gaspar Borchardt est cependant hanté par une quête un peu folle : trouver un érable ondé afin de réaliser un violon aux propriétés uniques. Pour ce faire, le maître luthier va partir en Bosnie-Herzégovine car les seules traces possibles de cet arbre sacré se situent aujourd’hui dans les forêts des Balkans. Le problème est que ces lieux sont à l’abandon et qu’ils sont devenus de véritables champs de mines depuis la guerre.
Aussi frêle que casanier, Gaspar va donc devoir affronter non seulement les mines mais aussi les caïds locaux qui négocient très cher ce type de denrée. Durant plus de quatre ans, le cinéaste va le suivre dans une odyssée peu commune où les moments d’espoirs vont confronter beaucoup de désillusions…
Un conte contemporain brodé de poésie
Le film de Hans Lukas Hansen est magnifique tant d’un point de vue esthétique qu’idéologique. Avec beaucoup de poésie et de délicatesse, il nous promène des forêts enneigées des Balkans aux architectures splendides de l’Italie dorée.
Au cœur de ces paysages féeriques, on rencontre des luthiers, des bûcherons, des chasseurs, des musiciens, mais aussi des bandits de l’Est.
Tout est filmé de façon très subtile avec de long moments d’attente et des silences qui nous font capter le beauté d’une telle quête. Afin d’amplifier la magie de son conte contemporain Hans Lukas a d’ailleurs opté pour une bande son des plus envoûtantes que se disputent Bach, Sibelius ou Tchaïkovsky.
On ressort troublé de ce long-métrage avec l’impression d’avoir frôlé un monde magique et merveilleux. Merci à Hans Lukas Hansen de nous avoir ainsi fait voyager tout en rendant si bien hommage au noble métier des luthiers et à leur savoir-faire ancestral.
Florence Gopikian-Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
La symphonie des arbres
(The story of Tonewood)
Un film de Hans Lukas Hansen
Avec Gaspar Borchardt, Sibylle Fehr Borchardt, Janine Jansen, Bojan Tomic
En salle : le 15 décembre 2021