Indétrônable personnalité préférée des français, Jean-Jacques Goldman n’a pourtant plus l’intention de remonter sur scène. Une déception pour le public très attaché à « L’Héritage Goldman ». Un répertoire emblématique ranimé version gospel par cet album porté entre autre par Marina Kaye et sa reprise solennelle de « Pas toi ».
Finesse et puissance
Quand ce 45 tours est sorti Marina Kaye n’était pas encore née. Et pourtant c’est ce qui fait la force de « L’Héritage Goldman ». Un répertoire riche de classiques atemporels traversant des générations. Parmi eux l’emblématique « Pas toi » devenu l’une des chansons préférées des Français. Un titre sur la profondeur des sentiments paru en 1986, sans doute l’un des plus intimes de la discographie de Jean-Jacques Goldman. Un univers déchirant collant parfaitement à la peau de cette écorchée vive. « Graver l’écorce, Jusqu’à saigner, Clouer les portes, S’emprisonner » entonne la chanteuse en toute simplicité soutenue par une chorale. « De l’entendre en français c’est une très belle surprise » se réjouit Erick Benzi concepteur du projet, emballé par « sa voix pleine, chaude et entière » qu’il avait pensé au départ associer à la partie en anglais de « Je te le donne ». Un changement de plan fruit de la volonté de la Marina Kaye touchée en plein fouet par la mélodie et le texte. Un choix du coeur qui s’est imposé naturellement à elle comme une évidence, quitte à raviver quelques souvenirs douloureux. Mettant ses tripes pour retranscrire au mieux toute l’intensité de cet indémodable succès.
Jean-Jacques-Goldman façon gospel
« Encore un projet sur Goldman » diront certains. Et pourtant il s’est déjà écoulé 10 ans depuis la sortie de la compilation « Génération Goldman », sept ans pour son volume 2. Des standards remis en rayon en 2022 à travers « L’Héritage Goldman ». Une nouveau disque de reprises destiné à redécouvrir « la bande-son de nos vies ». « Il existe un moment donné où les chansons dépassent leur créateurs et deviennent des standards. Dans le coeur de certaines personnes les chansons de Goldman font cet effet là » assure Erick Benzi, superviseur du format et avant cela proche collaborateur du chanteur qui lui a laissé carte blanche. L’objectif : valoriser le patrimoine de la chanson française en donnant une couleur plus intemporelle à ses classiques grâce à quelques arrangements musicaux minimalistes. Hors de question donc de dénaturer l’émotion originale mais plutôt de la souligner avec des interprétations magistrales et sonorités organiques. Un album qui se veut donc avant tout musical, classieux et homogène. Lissé pour un maximum de concordance par le Choeur Gospel de Paris dirigé par Georges Seba. Au micro aussi un casting de talents choisis avant tout pour leur force d’interprétation et non pas pour leur notoriété. Ici les stars sont les chansons, toutes servies par l’artiste. « On retrouve l’émotion intacte telle qu’il voulait la transmettre » précise Erick Benzi parvenu à convier de beaux noms. À commencer par les sœurs Berthollet ouvrant les festivités par un « Prologue du Signe ». Un instrumental ouvrant la voie à Tomislav Matosin et son grain blues. Puis à Nérac à Anne-Sophie Seba qui ravivent l’éternel « Là-bas ». Du côté de la nouvelle génération Lilian Renaud, Mentissa ou encore Marghe tous trois issus de « The Voice ». Au sein de la setlist 13 pistes. Des succès passant du fédérateur « Famille », au cultissime « Je te donne » soutenu par Michael Jones 40 ans après sa version initiale, au poignant « Puisque tu pars ». Et étonnamment des titres moins connus à l’instar du splendide « Elle ne me voit pas ». Une collection qui sera complétée même en septembre prochain par un volume 2 avant un passage sur scène à l’Olympia le 25 septembre suivi courant 2023 d’une grande tournée des Zéniths.
DROUIN ALICIA