Alors que depuis le début de la Switch, la Pokemon Company déroulait pépère des épisodes sans relief de sa célèbre licence comme Pokémon Epée & Bouclier, les fans de la première commençaient à désespérer sérieusement. Heureusement, leur heure est venue avec Légendes Pokémon Arceus, la plus grosse révolution depuis une décennie.
Pour quelqu’un qui connaît la série depuis ses débuts, le premier contact avec Légendes Pokémon Arceus est clairement excitant. Il est toujours question de capturer et élever les petits monstres pour combattre à travers eux, sauf qu’on passe ici à système de capture dynamique! Concrètement, le joueur doit viser un pokémon sauvage au moment de lancer la poké-ball pour le capturer. Sauf que les pokémons peuvent le remarquer, s’enfuir ou résister la capture. Il faut donc ruser en marchant lentement ou se cacher dans les hautes herbes. Il y a d’ailleurs plusieurs types de poké-ball différentes : des plus ou moins lourdes ou légères, à courte ou très longues portées. Le système de capture est non seulement révolutionnaire, mais aussi très varié. Grâce à cette innovation, ce nouvel opus donne une sensation de chasse plus authentique que jamais.
Pokémon fait sa révolution
La deuxième bonne nouvelle, c’est que l’on dit adieu aux chemins étriqués et ennuyeux de Pokémon Epée & Bouclier : le monde de Légendes Pokémon Arceus est nettement plus vaste et ouvert, et donc vraiment plus passionnant à parcourir. Il y a cinq grandes régions avec un thème propre (mer, neige, marais, etc.) qui donnent un sentiment d’exploration à chaque fois différent. Les créatures sont mieux réparties sur la carte, avec des pokémons rares vraiment rares, c’est-à-dire qu’il faut fouiller chaque recoin pour les apercevoir.
Le terrain est aussi très accidenté, formé de ravins, de montages, de rivières, qui sont autant de défis à la progression. Le joueur dispose d’ailleurs de plusieurs montures pour défier les éléments. Le Paragruel permet par exemple de naviguer sans limite, et carrément de capturer des pokémons sur l’eau! Clairement, l’architecture du jeu est motivante, le plaisir est bien là.
Un nouveau monde plein de surprises…
Puisqu’on parle du Paragruel, il s’agit d’une évolution exclusive à ce jeu. Il y en a d’autres, tout comme plusieurs formes régionales de pokémons connus. Archéduc devient par exemple plante/combat et acquiert un style bien cool et qui colle bien à ce changement. Le système de combat est partiellement revu : le sommeil ne coûte plus forcément un tour, les dégâts sont généralement plus importants, et il existe désormais une version rapide et forte de chaque attaque. L’attaque rapide permet au pokémon en combat de rejouer plus vite, tandis que l’attaque forte a une grande puissance mais peut faire perdre un tour. C’est un changement tactique aux vastes conséquences. Le joueur peut affiner sa stratégie pour gagner du temps ou économiser des points de vie, ce qui est aussi très utile dans les combats contre les pokémons sauvages.
Légendes Pokémon Arceus montre un univers très différent des habitudes de la série. Si les jeux Pokémon ont toujours eu lieu dans un monde contemporain, celui-ci propulse le joueur dans le passé. Le monde de Hisui ressemble à s’y méprendre au Japon du 19e siècle, avec son urbanisation balbutiante et son début d’occidentalisation. Les vêtements, le design des menus, les polices de caractère et même le niveau de langue rappellent fortement le Japon pionnier de la construction de Sapporo. A cette époque d’ailleurs, les humains et les pokémons ne cohabitent pas forcément dans la paix. La dépaysement est total, c’est absolument magique. Switch oblige, les graphismes sont loin d’être au niveau dans le genre open world. Les décors sont généralement vides et impersonnels. Un effort a toutefois été fait sur la modélisation des pokémons et des personnages, ce qui rattrape un peu le coup…
… et une logique de combat qui a bien changé.
Mais quand bien même l’univers est merveilleux, Game Freak n’a pas réussi à donner un souffle épique à son histoire. Le scénario est d’ailleurs vraiment très mince, et se résume peu ou prou à stopper des pokémons plus ou moins légendaires qui ravagent Hisui. Il n’y a pas tellement de narration, peu de cohérence et quasiment aucun rebondissement. Les combats contre les autres dresseurs ne sont pas légions, et pour la plupart d’un faible niveau (beaucoup ont juste un seul pokémon). On objectera que le monde est plutôt sauvage, et qu’il est logique qu’il y ait peu d’adversaires humains. Reste que les duels au sommet manquent cruellement. C’est l’ADN de la série, après tout.
Ces combats contre les champions sont en fait ici remplacés par des pokémons possédés et incontrôlables. C’est un tout nouveau type de défi car c’est le dresseur, et non le pokémon, qui fait le gros du travail. Le joueur doit balancer de l’encens pour calmer le boss, tout en évitant les attaques frénétiques de celui-ci. C’est plus facile à dire qu’à faire, car le personnage se fatigue très vite. On n’a donc quasiment pas droit à l’erreur si l’on veut réussir sans continue! Bien sûr, vos pokémons doivent agir régulièrement et vous avez intérêt à bien constituer votre équipe, parce que le boss est très fort! Des affrontements, pour le coup, incontestablement épiques.
Légendes Pokémon Arceus est tout ce que l’on attendait de la série depuis quatre ans. Beaucoup de surprises, beaucoup de nouveautés, un univers à part, des changements radicaux de tout le système et une plus grande profondeur de jeu. C’est sans nul doute l’épisode le plus passionnant et ingénieux depuis Pokémon Soleil & Lune en 2016! On retrouve la même excitation à explorer le monde de Hisui et d’en percer tous les secrets. Si en novembre Pokémon Ecarlate & Violet reprend avec efficacité les mêmes idées avec plus de place accordée aux personnages, ça sera une année historique pour la licence.
Légendes Pokémon Arceus
Editeur/développeur : Nintendo/Game Freak
Genre : Jeu de rôles/action
Modes : Solo, multijoueur en ligne
Sortie France : 28 janvier 2022
Machine(s) : Switch