Véritable phénomène vocal, Jean-Baptiste Guégan est réputé pour son timbre frappant de ressemblance avec celui de Johnny Hallyday. Un idole de toujours auquel le chanteur rend hommage tout au long de « La voie de Johnny ». Plus qu’un spectacle, une immersion ranimant l’ambiance volcanique des concerts du taulier, qui a embrasé ce jeudi soir Le Cube de Troyes. Live report.

Jean baptiste guegan - la voie de johnny - le spectacle hommage - Johnny Hallyday -
© Drouin Alicia

Rock N Roll attitude

« Je me souvient de la première fois où j’ai entendu cette voix. C’était à Paris au Palais Omnisport de Paris, un soir de septembre 1992, j’avais neuf ans ». C’est avec ces premiers mots que Jean-Baptiste Guegan fait son apparition dans une pénombre bleutée. Un souvenir marquant pour le petit breton qu’il était, devenu un tournant pour son avenir personnel et professionnel. « Et tout à coup il fut là, devant moi, l’Homme qui allait changer ma vie, celui à qui je dois tout, celui qui a balayé mes doutes et mes tourments. Un seul nom, Johnny » conclut-il son introduction sous l’acclamation générale. Un public remué dés les premières secondes par sa ressemblance vocale plus que troublante. Un choc incroyable accéléré à l’allumage de dizaine de spots couleur rouge flamboyant révélant un grand orchestre, deux choristes et au centre la tête d’affiche du jour tout de «Noir c’est noir » vêtu. Veste en cuire, ceinture cloutée et chapelet, la parfaite panoplie «Rock N Roll Attitude » pour se fondre parfaitement dans la peau de Johnny Hallyday. Une légende dont il ranime le répertoire tout au long de la soirée avec beaucoup de puissance. De « Fils de personne » aux réputés « Tennessee » ou «Gabrielle » en passant par les poignants « Marie » et « Diego ». Des prestations sans conteste d’une éloquence bluffante. Un interprète charismatique qui semble comme habité par la force de celui qu’il assure lui-même « sera toujours le plus grand dans nos coeurs ». Un immense showman dont il se montre le digne successeur tant dans l’attitude que dans les gestes. Trainage de pied de micro, mouvements de jambes, dandinement ou encore lancé de médiator pour un jeu de scène captivant la foule survoltée. En majeur partie des cinquantenaires et inconditionnels de Johnny dont certains en veste à son effigie. Des fidèles replongeant avec grand enthousiasme dans « Le bon temps du Rock And Roll ». Une nostalgie heureuse au coeur des vestiges de leur jeunesse à en transformer le concert en bal dansant sur des standards de l’époque comme « Souvenirs souvenirs » ou « Joue pas de Rock’N’Roll pour moi ». Un public chaud bouillant à qui il tend la main à de nombreuses reprises. Jusqu’à aller à traverser la salle sur sa retentissante reprise de « L’envie » à y laisser sans voix.

Jean baptiste guegan - la voie de johnny - le spectacle hommage - Johnny Hallyday -
© Drouin Alicia

Entre ombre et lumière

Avec pudeur et subtilité Jean-Baptiste Guegan livre son amour et sa reconnaissance éternelle pour Johnny Hallyday. S’emparant aussi bien de ses tubes explosifs que de classiques plus saisissants comme « Je te promets » au milieu de jeux de lumières éblouissants. Seul regret, le trop peu d’intégration de ses propres chansons comme le splendide « Tu es toujours là » qui aurait mérité cette exposition. Certes la promesse du projet hommage est pleinement tenue, mais on aurait aimé l’applaudir aussi un peu plus pour le bel artiste qu’il est. Lui qui pourtant avec la sortie de son deuxième album assurait vouloir s’ouvrir d’avantage et se démarquer de son idole. Un personnage qui l’accompagne depuis le début de sa carrière dont il se détache progressivement, mais qui surplombe bel et bien l’ambiance générale de son spectacle majoritairement consacré à Johnny. « Je regarde un peu ce qui se dit sur les réseaux sociaux je vous écoute » affirme-t-il ayant déjà rectifié un peu le tir en réaction aux remarques des dates précédentes. Avant d’entonner enfin un de ses propres titres «Square de la Trinité » clin d’oeil au quartier où est né le rock en France côtoyé par Johnny. Puis de plonger enfin son regard pénétrant sur son histoire personnelle avec « La dame aux yeux verts » dédié à sa mère. Un homme qui le conjure sait bien d’où il vient. « J’me prends pas pour un autre » tonne-t-il sur son hit « Rester le même ». « Je suis un autre quand je joue » poursuit-il dans ce sens sur son titre « Je joue ». Avant de reprendre puis terminer la partie en bon apôtre maître de ce sanctuaire sacré qu’est la scène, qui on en est persuadé saura « Allumer le feu » avec ou sans le reflet de l’ombre de Johnny.

DROUIN ALICIA