Les Producteurs vous attendent au Théâtre de Paris
Alexis Michalik s’est fait connaître il y a une dizaine d’années avec une pièce extraordinaire : Le Porteur d’Histoire. Depuis, ce metteur en scène prolifique a enchaîné les succès : entre Edmond, Le Cercle des illusionnistes, Intra Muros et Une histoire d’amour, il a remporté pas moins de 5 Molières et risque bien de décrocher de nouvelles statuettes en mai prochain avec son tout dernier spectacle : Les Producteurs.
On prévient d’avance tous les fans d’Alexis Michalik : en allant voir Les Producteurs, faites table rase de vos acquis et de vos envies. Dans ce spectacle haut en couleur, votre dramaturge favori change complètement de registre et vous entraîne dans le monde burlesque de la comédie musicale ! Finis les jeux de piste mystérieux, les flashbacks introspectifs, les vies parallèles et les duplications d’époques. Place aux claquettes, aux chansonnettes et à l’humour à outrance !
Des fleurs pour Hitler ?
Beaucoup moins cérébral que ses précédentes créations, Les Producteurs est un spectacle qui nous transporte dans le Broadway des années 50. Adapté du film de Mel Brooks sorti en 1967, ce musical raconte l’histoire de Max Bialystock, un producteur en faillite qui décide de monter un flop théâtral pour s’enrichir sur le dos des assurances. Accompagné d’un brave comptable – Léo Blum – il créé une comédie musicale basée sur le texte complètement loufoque d’un ancien nazi : Des fleurs pour Hitler. Manque de bol, la pièce se révèle être un énorme succès …
L’esprit Broadway show
Oscillant entre une pièce de boulevard et une slapstick comedy à l’américaine, Les Producteurs de Michalik présentent un très beau travail de mise en scène, des chorégraphies à foison, un excellent orchestre live et des changements de décor à la pelle. Pas moyen de s’ennuyer un seul instant dans ce show digne de Broadway car les gags et les chansons s’enchaînent à un rythme effréné. Resté très fidèle à l’humour juif-new-yorkais de Mel Brooks, on peut dire qu’Alexis Michalik mène sa revue de main de maître en lui insufflant subtilement une « Frenchie Touch » via des petits clins d’œil à la Comédie Française, au Festival d’Avignon et aux Molières.
Une troupe pétaradante
Comme avec ses autres créations, Alexis Michalik a volontairement misé sur une troupe d’acteurs sans tête d’affiche : cette approche ingénieuse lui permet de placer l’œuvre avant les artistes et laisse la voie libre à tout changement de casting.
Les comédiens actuels sont aussi doués que polyvalents : chanteurs, danseurs, acteurs, ils passent des claquettes au charleston et mettent leur talent au service de l’histoire avec un enthousiasme décapant :
Serge Postigo offre son profil nerveux et un brin bedonnant au rôle principal du producteur Max Bialystock. Fourbe, menteur et égocentrique, il n’hésite pas à jouer les gigolos auprès d’octogénaires fanées pour leur soutirer tout leur argent !
À ses côtés, Benoit Cauden prête son élégance au jeune comptable Léo Bloom : aussi loyal que névrosé, il est d’une timidité maladive auprès des femmes et tout particulièrement auprès d’Ulla, sa secrétaire.
Cette dernière est interprétée avec fougue par Roxane le Texier : avec son corps de pin-up et son accent très suédois, cette ravissante comédienne insuffle autant de peps que d’autodérision à son sulfureux personnage.
On aime également le metteur en scène Roger de bris (David Eguren) qui déambule dans ses appartement fuchsia déguisé en statue de la liberté.
On adore son secrétaire Carmen Ghia (Andy Cocq) si irrésistiblement gay qui nous couve de strass et de pirouettes.
Et puis, enfin, on craque pour le comédien Régis Vallée qui endosse avec beaucoup de panache et de rusticité le rôle de Frantz, le teuton crétin: affublé d’un short bavarois, d’un casque militaire et d’une mitraille de pigeons, cet hurluberlu est prêt à tout pour blanchir le nom d’Hitler et va jusqu’à improviser des danses folklorico-nazies qui mettent en liesse toute la troupe !
Ajoutez à cela 7 musiciens au plateau et vous avez l’ambiance mi-jazzy / mi-funny de ce spectacle très très “gay” qui fait führer (oups… fureur !) au Théâtre de Paris.
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
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