Disparue il y a 35 ans, Dalida était ce lundi soir l’invitée d’honneur de Thierry Ardisson pour la grande première de « Hôtel du temps » sur France 3. Une reine des boîtes de nuits revenue à la vie le temps d’une soirée troublante de ce nouveau format plongeant dans le futur à l’aide de souvenirs d’hier. Debrief.
Le concept
Ressusciter des célébrités iconiques le temps d’une longue interview retrospective, c’est le concept aussi révolutionnaire qu’intrigant de « Hôtel du temps ». Un talk show 2.0 plus proche d’un film-documentaire imaginé et animé par Thierry Ardisson sur France 3. Un défi novateur reposant sur des technologies avant gardiste de transformation de visage et clonage vocal sur fond de confidences authentiques.
Prouesses technologiques et spectacle troublant
Une interview exclusive de Dalida en 2022 ! Sur le papier l’idée semble invraisemblable, absurde même. Et pourtant c’est le pari audacieux qu’est parvenu à relever Thierry Ardisson depuis son « Hôtel du temps ». Un établissement où il a donné rendez-vous à l’interprète de « Laissez moi danser » pour y retracer avec elle les moments phares de son histoire. Un face à face d’un nouveau genre rendu possible grâce aux nouvelles technologies de réalisation. À commencer par un procédé d’intelligence artificielle dérivé du « deepfakes » consistant à intégrer l’ensemble des traits faciaux d’un visage sur celui d’une comédienne. Ici Julie Chevalier (aperçue dans Cloclo, Les Mystères de l’Amour) mise dans la peau de la blonde iconique. Un système d’hologramme 3D plus vraie que nature associé à une minutieuse intégration vocale. Mimiques, accent, intonations et phrasé de la star résonnent de manière bluffantes. De quoi éblouir et troubler le public totalement replongé au coeur du destin unique de Dalida. Le rendu franchit brillamment toutes les limites du possible. Un format spectaculaire mais pas moins authentique, tous les propos ayant réellement été prononcés par la chanteuse de son vivant et même validés par ses héritiers. De son enfance en Egypte, aux conditions de son suicide, en passant par ses premiers amours et grands succès musicaux. Le tout intelligemment découpé en plusieurs parties. Une biographie grandeur nature de plus de 1H40 issue d’un vaste travail de recherches et tris d’archives. Un tête à tête certes un peu longue sur la fin mais riche et documenté. Une production agilement montée qui accentue sa crédibilité générale. On assiste à un véritable dialogue à la limite du troublant entre Dalida et l’homme en noir qui déjà en 1994 s’offrait un échange fictif avec John Lennon, avant de recevoir huit ans plus tard Victor Hugo sur le plateau de « On aura tout vu » grâce à un sosie. Une communion avec l’au delà qui pour autant n’a rien de sordide. Dans les couloirs, Jean Gabin, Eddie Barclay, ou encore une chambre au nom de Johnny, au beau milieu d’un univers captivant. Lumières, musique, horloges montées à l’envers, pièces luxueuses, bar chaleureux et même petites scénettes avec un concierge ou une serveuse, ici l’ambiance est conviviale et légère. On rit, on chante, on s’émeut et surtout on se réjouit de voir la culture et Thierry Ardisson renaître autrement.
L’audience
Accueil confidentiel pour la première nuit de France 3 à l’« Hôtel du temps » qui a réceptionné pour son check-in une moyenne de 1,40 million de clients, soit 6,8 % de part de marché. Un seuil décevant pour Thierry Ardisson qui fait moins que la moyenne de la case (7 %) et nettement en dessous de son objectif des 10 %, mais qui malgré tout a reçu de très bonnes critiques de la part du public. Il faut dire que ce lundi la concurrence était rude avec un nouvel épisode de « Mariés au premier regard » très suivi cette saison, en plus du lancement de la série « Handigang » sur TF1 et d’un inédit de « Meurtres au paradis » qui a offert le lead à France 2.
Un nouveau numéro avec Jean Gabin a d’ors et déjà été tourné, sa date de diffusion n’a pas encore été communiquée.
DROUIN ALICIA
