Le pixelart a trouvé ses lettres de noblesse dans l’explosion de la popularité des jeux indépendants. Parti de simples gifs animés sans prétention, cet art numérique à part entière orne désormais des jeux complexes dotés d’univers et de gameplay extrêmement poussés. Anno Mutationem, développé par une nouvelle génération de développeurs chinois en partenariat avec PlayStation, est sans conteste l’un de ceux-là.
Anno Mutationem est un jeu d’action 2D avec une grosse dose de science-fiction dans son univers. Le joueur incarne une androïde appelée Anne Flores qui réalise quelques missions pour la police locale, avant qu’un bug de fonctionnement ne la conduise à agir pour elle-même. Un jour, elle trouve un e-mail de son frère disant connaître le remède à ses maux. Son frère ayant mystérieusement disparu, elle part à sa recherche mais ne tardera pas à être impliquée dans une conspiration hors du commun.
Un univers 2D qui ne manque pas de style
Le premier attrait du titre de ThinkingStars, c’est donc son univers visuel qui rappelle les grandes heures de l’ère 16-bits. Mais nous sommes bien sur PlayStation 5 et Anno Mutationem est considérablement plus fin et mieux animé qu’un jeu du début des années 90. Disons-le, la vision artistique du futur d’anticipation est proprement géniale : des voitures volantes à la boutique d’antiquités pleine de smartphones et de tablettes tactiles, en passant par les pistolasers et les robots tueurs, Anno Mutationem se dote d’un monde qui émerveille à chaque instant. Villes et donjons sont bourrés de petits détails avec chacun sa signification, de personnages délicieusement caricaturaux, et aussi de nombreux clins d’oeil à d’autres licences comme le célébrissime VA11 Hall-A.
Ce n’est pas tout, car le titre propose une narration de grande classe qui verse ouvertement dans le mystique. Le scénario lui n’est pas très clair, mais ça marche. L’inspiration venant d’Evangelion est évidente : la symbolique grandiose, mais un peu ténébreuse à la fois, renvoie à l’œuvre de Gainax. Il y a aussi un peu de Star Wars à certains moments, comme dans les affrontements au sabre laser. L’intensité de la narration est palpable, grâce à des duels au sommet, aux nombreux personnages énigmatiques, aux flashbacks et même une fausse fin qui vient renverser l’histoire! On regrette cependant que le jeu finisse sur plus de questions que de réponses : le destin d’Anne est encore incertain après les crédits de fin, et l’aventure se poursuit sur une quête qui ne mène nulle part. Une suite ou un épilogue est fortement souhaité.
Gameplay old-school et gros challenge
Anno Mutationem est également très bon sur le plan du gameplay. Jouabilité en 2D certes, mais une action extrêmement rapide et dynamique qui mêle combat à l’épée et armes à feu dans un cocktail au final assez varié. Disons-le tout de suite : c’est comme dans le temps, c’est difficile. Anne prend des dégâts rapidement si on ne fait pas attention, et il faut vraiment redoubler d’adresse par venir à bout des phases d’action, sans parler des boss.
Anno Mutationem renoue avec la tradition de boss énormes et retors, dans des affrontements longs, imprévisibles, et donc éprouvants. La garde et le contre répondent bien et procurent d’excellentes sensations de combat. Il y a une excitation spéciale à sortir vainqueur de ce titre, tant le challenge est brûlant! On a à sa disposition de nombreuses armes très classes, comme plusieurs sabre-lasers différents et des armes de poing de plus en plus folles.
Au-délà de l’histoire principale, Anno Mutationem propose quelques quêtes annexes cachées dans les rues des agglomérations. Ces missions demandent de la recherche et même des choix. L’aventure réserve aussi des phases de réflexion, mêlées à de l’adresse, très ardues, et deux mini-jeux qui rappelleront de bon souvenirs. Le jeu de service de bar, autre clin d’œil appuyé à VA11 Hall-A, est particulièrement addictif.