Véritable saltimbanque, Silvàn Areg est de ces artistes atypiques et singuliers qui ne laissent pas indifférents. Un monsieur loyal libre passé d’une carrière de rappeur à la variété française, jonglant aussi avec l’écriture et l’enseignement de cours d’éducation sportive. Toujours avec cette même folie et envie de faire lâcher prise sur des refrains fédérateurs. Entretien
«J’avais ce besoin de nouveaux horizons pour garder ce côté plaisir »
SYMA : Comment on se retrouve catégorie « jeunes talents » variétés française passé 40 ans ?
Silvàn Areg : Parce qu’on est toujours jeune dans sa tête, qu’on a toujours envie de s’amuser, se lancer de nouveaux défis, qu’on a gardé une âme d’enfant.
D’autant que vous n’êtes pas à votre première expérience, on vous connaît aussi sous le pseudo de Casus Belli/ Caz B mais dans le milieu du rap. Pourquoi ce virage radical ?
Je dirais pas si radical que ça parce que j’ai toujours chanté dans mes chansons, j’ai toujours eu ce côté mélodieux. Et même en terme de textes ou de messages à véhiculer j’ai toujours essayé de balancer du positif, quelque chose qui amène à se prendre en main, se tirer vers le haut. Au fond les deux se rejoignent c’est juste qu’ils correspondent à deux époques de vie différentes qui font que le renouveau et l’envie d’écrire sont revenus avec Silvan Areg. Parce que j’avais fait un peu le tour côté rap et j’avais ce besoin du coup de nouveaux horizons pour garder ce côté plaisir.
Qu’est ce qui distingue les deux personnages ?
Rien, finalement ils sont un peu comme deux rivières différentes qui arrivent au même endroit. Les deux continuent d’exister et se rejoignent. Dans Silvan il y a toujours de l’influence de Casus. Je viens de sortir un remix de mon nouveau single « Tourne Tourne » et là c’est Casus Belli qui est là. Donc l’un et l’autre s’apportent du soutien mutuellement et parfois y a des débuts de texte qui se font pour Casus et se transforme pour Silvan Areg. Moi c’est un petit plaisir que je me fais en plus, un peu comme un cuisinier qui fait plusieurs plats. Ceux qui aiment l’un peuvent aimer l’autre, certains prennent même toute la carte.
Comment est né Silvàn Areg ?
À l’époque j’avais fait le tour après la sortie de mon album rap en 2018 en totale indépendance. Et j’avais fait pas mal de morceaux de variétés dont « Allez leur dire » qui a été découvert par un casteur de l’émission Destination Eurovision. Et je n’aurais pas pu le sortir sous mon ancien pseudo ça aurait envoyé un signal un peu faux à ce public. Donc j’en ai profité pour changer de nom et créer ce nouveau personnage.
« Claudio Capéo est un peu mon alter égo, l’artiste ultime qui permet de faire vivre mes chansons »
Egalement vous écrivez pour d’autres artistes, c’est à vous que l’on doit entre autre « Un homme debout » l’immense succès de Claudio Capéo, ça vous a donné envie de sortir de l’ombre ?
C’est en tout cas ce qui m’a permis de revenir dans la musique après une pause artistique entre 2009 et 2016. Belle coïncidence le titre est tombé entre les mains du producteur de Claudio Capéo qui sortait tout juste de « The Voice » puis ça s’est bien enchaîné. J’écris avant tout pour lui.
C’est une chanson à la fois légère mais avec un vraie message humaniste derrière, c’est un peu la même recette que votre propre répertoire ?
C’est sûr, quand je l’ai écrite je ne connaissais pas encore Claudio Capéo, c’était avant tout un morceau qui me plaisait. En règle général on se rejoint pas mal sur l’univers, et du coup ça lui correspond bien. C’est un peu mon alter égo, l’artiste ultime qui permet de faire vivre mes chansons. Il a une énergie et un talent d’interprétation que je n’ai pas.
Vous ne vous seriez pas imaginé l’interpréter vous même ?
Je pense que si je l’avais interprété elle n’aurait pas eu le même chemin ni le même écho.
En parallèle vous êtes aussi professeur d’éducation physique et sportive !
Oui, là justement je sors de ma journée de cours. Pour le moment je ne vis pas pleinement de la musique. Du coup ça me permet de garder un peu de liberté à côté pour écrire. Je suis un vrai jongleur.
Un comble si on en croit les paroles de votre single « Allez leur dire » où vous affirmez qu’enfant vous ne comptiez plus « le temps passé en heure de colle » !
C’est un petit clin d’oeil à mon enfance, on était des petits chenapans. Puis le morceau avait été écrit justement en pensant à Claudio Capéo, avec son groupe ils avaient un morceau qui s’appelaient « sales gosses ». Et en pensant à l’esprit du Petit Nicolas aussi.
« Je sais faire la part des choses, j’ai plusieurs étiquettes »
Là encore on vous retrouve loin du circuit traditionnel ! « Je n’ai pas de plan A de plan B ni de plan de carrière » c’est ce que vous dites d’ailleurs dans les paroles de « Besoin d’air », c’est ce que vous conseillez à vos élèves ?
Je leur conseille pourtant d’avoir un plan. Mais le miens c’est d’être libre de faire ce que tu veux et d’avoir du temps pour toi et c’est ce que j’ai réussi à faire. Mon plan c’est d’avoir un métier qui me laisse du temps libre et me permette d’être heureux et c’est ce que j’ai.
Vous êtes un peu la star du lycée ? Votre double casquette est bien perçue ?
Oui et non. Les élèves sont au courant que je fais de la musique, ça fait partie du tableau. Puis je sais faire la part des choses, j’ai plusieurs étiquettes. Les élèves m’appellent par mon vrai nom Monsieur Hagopian.
Un vrai magicien ! Vous ne vous y perdez pas avec toutes ces identités ?
Non, Monsieur Hagopian c’est mon nom de tous les jours. Silvan Areg, je m’appelle Sylvain et mon deuxième prénom c’est Areg. Et Casus Belli ça a toujours été mon surnom. Mais c’est sûr, dés que j’ai commencé à faire de la musique je l’ai toujours dit : je suis un vrai caméléon.
« Participer à Destination Eurovision était un peu comme vivre une petite Coupe du Monde musicale »
Vous trouvez que c’est plus compliqué de se faire une place dans la musique à 40 qu’à 20 ans ?
On sent au niveau des Médias ou radios que ça n’est pas forcément bien accueilli, même pour le public ça peut jouer. C’est peut être moins fun de voir un mec comme moi qu’un petit jeune. Mais y a aussi le vécu, on a une expérience de vie peut être plus importante qui peut se ressentir dans les textes et on a un regard différent donc on amène aussi une autre vision. Et puis quand il y a toujours cette petite étincelle il faut aussi montrer que quand on veut on peut ! L’idée c’est de s’amuser quoi qu’il arrive, ce que j’essaye de garder.
Ça ne vous a pourtant pas empêché de vous retrouver dans l’aventure «Destination Eurovision » ! Mélanger les univers et profils c’est ce qui fait la force de ce concours ?
C’est un format qui permet de mettre en lumière plein de propositions artistiques, avec plein d’ambiances et d’artistes différents c’est ce qui fait sa richesse. Du coup on peut se retrouver avec des groupes, des jeunes, des moins jeunes et plein de sensibilités différentes.
Que retenez vous de cette expérience ?
Que du plaisir, c’était cool. Ça m’a permis de me confronter au public, à d’autres. Avant ça je n’avais jamais fait d’émission de TV, sous le nom de Silvan Areg. Et puis là c’était en direct avec toutes les conditions de prime, la pression. C’était un peu comme vivre une petite Coupe du Monde musicale.
Vous vous êtes retrouvés au coude à coude avec des artistes avertis comme Emmanuel Moire ou Chimène Badi, ça a été une vraie fierté ?
Oui parce que je n’étais pas attendu, personne ne me connaissait. Je suis arrivé tel un petit mec anonyme et j’ai réussi à faire la différence sur scène à attirer le regard. Et c’était marrant pour ceux qui ont connu Casus Belli qui ont été surpris ou ont juste reconnu la voix en se disant « nan mais c’est pas lui ? ».
C’est Bilal Hassani qui l’a remporté, vous suivez son parcours depuis ?
Quand il a gagné on s’est croisé pas mal de fois sur des plateaux et j’avais suivi sa prestation à l’Eurovision.
« L’idée de mon nouveau single c’est de déconnecter un peu, profiter de l’instant , faire la fête tous ensemble ! »
Vous avez au moins un point commun avec lui puisque dans les paroles de «Tourne tourne » votre nouveau single vous dites « Je n’veux pas être enfermé, Dans une caisse ou une boîte » !
Exactement. Quelqu’un avait fait cette image que j’avais bien aimé. On vit dans des des boîtes, on nous met dans une boîte et on finit dans une boîte. L’idée c’est de sortir de ces fameuses étiquettes dans lesquelles on veut nous mettre et de vivre tout simplement, de profiter.
C’est un hymne hyper joyeux, entêtant et fédérateur ! Au fond rassembler les publics c’est ça votre motivation première ?
Il a été écrit quand je faisais beaucoup de scène d’où ce côté festif et entraînant. C’est vraiment un morceau live intéressant à faire en concert. Et il va bien avec ce qu’on a vécu ces dernières années. L’idée c’est de déconnecter un peu, profiter de l’instant, faire la fête tous ensemble. Le but c’est de faire un tourbillon de bonheur !
Pourquoi cette tenue d’artiste de cirque sur la pochette ?
Plusieurs raisons. D’abord pour sortir du quotidien de la sinistrose, amener un personnage un peu féerique comme Jack Sparrow ou Chaplin. Qui restent un peu dans la réalité mais amènent aussi ce côté foufou qui permet de s’évader. Comme quand les enfants vont voir un clown. Là c’est amener un personnage un peu loufoque, déjanté mais qui permet d’apporter cette petite touche de lumière. Un peu le saltimbanque qui arrive et découvre le monde sous un œil nouveau et s’étonne de tout et prend plaisir avec des choses très simples.
La suite de vos projets c’est quoi, un deuxième album, une tournée, un nouveau personnage ?
Essayez de promotionner le single au maximum et faire quelques scènes cet été. L’idée serait d’enchaîner sur un deuxième single selon le succès de ce premier. Et continuer avec le deuxième album qui est prêt et enregistré en tout cas. Et non pas de nouveau personnage !
Merci à Silvàn Areg
Nouveau single « Tourne, tourne » disponible
Un hymne fédérateur, léger et positif qui donne envie de danser en rythme avec son refrain entêtant.
DROUIN ALICIA