Huit ans que Peter Peter faisait résonner son ambiance pop rock dans les oreilles du public français. Un artiste canadien de retour outre Atlantique pour franchir un nouveau cap dans sa carrière. Un chanteur dressant un pont entre son ancienne et nouvelle existence via l’EP « Session Live H2T ». Un projet acoustique ravivant son propre univers en toute intimité.
Sobriété et émotions
Onze ans sur le devant de la scène, quatre albums et une empreinte singulière. À 38 ans la suite de la carrière de Peter Peter semblait toute tracée. Un artiste qui a l’aube de la quarantaine anticipe ce passage parfois synonyme de crise existentielle en redistribuant ses propres cartes. Dans le viseur : son éternel tiraillement entre la guitare acoustique et l’électro. Sa solution : ne plus choisir et être à l’écoute de son envie du moment. Première étape : revenir sur la terre de son enfance, Montréal. Un retour aux sources qui l’a naturellement reconduit vers le mythique studio Hotel 2 Tango. Lieu qui à l’époque avait fait naître son premier album éponyme. Un salon calfeutré où il a posé grattes et micros pour l’enregistrement de « Session Live H2T ». « C’est la première fois que je retournais là depuis l’enregistrement de mon premier disque. C’est un studio avec une personnalité forte. Très facile de se mettre dans l’ambiance dans un endroit si unique » confie-t-il dans un communiqué de presse. Une nostalgie se reflétant dans le choix de sa tracklist. Au total six pistes, dont cinq reprises tirées de ces précédents disques. La première « Homa » dépoussiérée au maximum. Terminé les sonorités frénétiques remplacées par des notes épurées accompagnant une interprétation brute et vulnérable. Douceur aussi sur « Little Shangri-La » bien moins tambourinant que l’originale sortie il y a cinq ans. Même rafraichissement pour « Beauté baroque », « Commun maintenant » et « Les mariés ont disparu » transportées dans une nouvelle dimension. Une seconde jeunesse plus minimaliste totalement revigorante. Cerise sur le gâteau l’inédit « Rome » dévoilé en avril dernier. Une évasion traduisant de manière transparente son état d’esprit actuel. «L’école est finie pour toujours, Je me couche à n’importe quelle heure, De pièce en pièce, coups après coups, Je vais là où les oiseaux meurent, Sans discours » fredonne-t-il quelque peu désabusé. Un morceau instrumentalement enchanteur cultivant le mystère de la vie et la quête de sens. « J’ai basé le choix des chansons sur plusieurs critères. Le premier étant celui du plaisir que j’ai à les jouer » s’explique Peter Peter qui a étonnement choisi d’écarter des titres plus populaires comme « Carrousel » ou encore « Loving Game ».
Interprétation sans filtre
Un critère d’autant plus important que le chanteur a choisi d’immortaliser ces nouvelles versions sous l’oeil des caméras. Une session de près de 22 minutes filmées en plan séquence. « J’ai choisi le plan séquence parce que je voulais éviter tous les pièges, voire clichés, des live multicaméras, lesquels aboutissent plus ou moins en une succession sans surprise des meilleurs plans. Un live sans tension n’est pas un live. Je ne voulais pas tricher sur ce point » explique l’auteur-compositeur-interprète quant à sa démarche. C’est donc d’une traite sans filtre ni montage qu’on admire Peter Peter gratter et murmurer sa mélancolie avec émotions. Pas de regard caméra non plus ni de sourires forcées pour celui qui jouait la « Super Comédie » plus pop il y a trois ans sur son dernier album. Une vidéo en toute intimité défilant au rythme de lumières naturelles et tamisées. Un exercice original et authentique totalement captivant qui prend aux tripes. Un format acoustique fort de proposition que l’artiste compte bien continuer d’exploiter sur scène. Prochain rendez-vous avec son public le 15 juin prochain aux Francos de Montréal pour une démonstration orchestrale grandeur nature.
DROUIN ALICIA
