Une voix délicatement fluette, une poésie sensible et cinématographique et un nom Coline Rio. Une artiste en pleine échappée belle dessinant les contours de son propre univers en toute introspection sur son premier EP « Lourd et délicat ». Entretien.

Coline Rio - lourd et délicat - interview -
© Manon Villemonteil

« Enfant je me suis mise au chant dés que je l’ai pu »

SYMA : Entre la musique et toi c’est une histoire qui dure depuis l’enfance ?

Coline Rio : Complètement, j’ai commencé très tôt la musique avec ma mère chanteuse. Il y avait beaucoup d’instruments à la maison et très vite je me suis mise au chant dés que je l’ai pu et au piano vers l’âge de 6 ans.

Tu as pris des cours de chant, de musique ou tu étais autodidacte ?

J’ai pris des cours de chant avec ma mère justement, dés l’éveil musicale jusqu’à mes 16 ans. Et le piano j’en ai fait une dizaine d’années. J’ai fais aussi pas mal de percussions en école de musique, du djembé de la batucada. Et un an de jazz au conservatoire.

Tu t’es toujours dit que tu allais en faire ton métier ou au départ c’était plus une passion ?

Oui, vraiment dés que j’étais petite. Je me souviens à l’école je disais que je voulais être intermittent du spectacle. Comme ça, ça me laissait la possibilité de faire aussi du théâtre de la danse. Mais c’est sûr que je chantais tout le temps, c’est ce que je préférais.

Coline Rio - lourd et délicat - interview -
© Manon Villemonteil

« L’expérience Inuit m’a permis de vraiment savoir qui je voulais être, qui j’étais et comment je voulais le dire »

Tu t’es lancée avec le groupe Inuit dans un style marqué électro.

On s’est lancé en 2015 après plusieurs mois de compositions et ça a décollé très vite. On était six musiciens sur scène. J’ai rencontré les garçons à l’époque du lycée, eux étaient à la fac. Ils étaient venus me voir après un de mes premiers concerts solo et m’ont proposé de former un petit groupe. J’allais répéter chez eux et on a grandi ensemble.

Tu étais la seule fille au milieu de cinq garçons, ça n’était pas trop compliqué de t’imposer ?

C’est particulier, parfois la féminité me manquait. Et puis les garçons se connaissaient quasi depuis toujours et étaient une bande de copains. Parfois oui c’était un peu lourd, mais on a évolué ensemble. Par contre niveau création je me suis très vite imposée, partie écriture j’ai vraiment pu m’exprimer.

Et écrire en anglais n’était pas trop compliqué ?

J’ai appris avec un américain qui a corrigé tous mes textes. On a travaillé l’accent. J’ai vraiment travaillé mon anglais à fond. Et je me rend compte que j’ai beaucoup évolué même sans être bilingue. Pour moi ça n’était pas évident mais j’aime beaucoup et je continue d’écrire dans cette langue justement pour Inuit.

Ah donc vous êtes toujours en projet ensemble ?

Oui, j’ai pas mal de chansons sous le coude. On ne s’est pas dit que c’était totalement terminé. On a tous envie de reprendre à un moment. On se laisse la possibilité parce qu’on est quand même très amis et on garde de bons souvenirs de cette expérience. Donc oui j’ai quelques chansons dans un tiroir qui n’attendent qu’à être sorties quand il le faudra. 

Vous êtes donc restés en contact ? Il t’arrive de leur demander des conseils sur tes compositions ?

Oui, je suis même restée plus proche de deux membres du groupe. Ils me donnent leur avis, je leur fais écouter mes morceaux. L’un va travailler sur l’une de mes chansons. Ils sont toujours présents.

Cette expérience t’a aidé à prendre confiance en toi, trouver ton propre style ?

Complètement. J’ai commencé à m’affirmer à savoir me faire entendre. Ça m’a permis de vraiment savoir qui je voulais être, qui j’étais et comment je voulais le dire. Je sais désormais que je suis à ma place.

Coline Rio - lourd et délicat - horizon -

« Mon univers est assez cinématographique. C’est de la chanson à texte qui mêle l’organique, l’électronique et l’acoustique »

Qu’est ce qui t’a poussé à te lancer en solo ?

J’ai toujours voulu faire mon projet solo, j’ai commencé à écrire au collège, j’ai fait mes premiers concerts très tôt. Et Inuit est arrivé, j’ai pris le train en route comme on dit. Et ça a décollé donc j’ai arrêté ce que je faisais. Le déclencheur a été la pause qu’on a décidé de faire, puis le covid qui l’a un peu plus prolongé. Donc ça m’a laissé le temps de me plonger dans mon projet, d’en parler aux garçons qui m’ont dit d’y aller.

Qu’est ce qui différencie l’ancienne Coline de l’actuelle ?

Je dirais que sur Inuit j’étais plus folle, dans le lâché prise scénique, physique. Là c’est plus intérieur, dans l’expression de soi, la prise de parole. Et je me présente vraiment sur qui je suis, je vais dans l’intime. Là où j’étais plus dans l’énergie, la jeunesse.

On te retrouve plus apaisée, plus sensible aussi. ça colle avec ton évolution personnelle et artistique ?

Je pense, surtout je me suis recentrée. Je suis vraiment le chef d’orchestre du projet. Je peux vraiment faire ce que je ressens sur l’instant. C’est une période de vie et on verra vers où ça me mène mais je ressens beaucoup de liberté en tout cas.

Comment définirais-tu ton univers actuel ?

Je dirais un univers assez cinématographique, je fonctionne beaucoup par images j’en vois beaucoup quand je crée. De la chanson à texte, qui mêle l’organique, l’électronique et l’acoustique.

Coline Rio - lourd et délicat - horizon -

« C’est vraiment un EP où je présente qui je suis »

Pourquoi cet effet flou sur ton visage en pochette de l’EP ?

Je voulais vraiment des photos argentiques qui partent sur le flou mais où on voit quand même les yeux. Je me suis inspirée de références qui me plaisaient. C’est un flou crée sur l’instant, sans retouche. Même le bleu est sorti comme ça naturellement.
L’esthétique me plaisait tout simplement et je voulais qu’on ressente ce côté double «Double et délicat », une forme de poésie et quelque chose de mélancolique. Que ça ne soit pas trop frontal.

Ton premier EP « Lourd et délicat » qui vient de sortir symbolise un peu ces deux facettes en toi ?

Complètement. C’est la profondeur, la légèreté, le fait d’être double, plusieurs, sans que ça soit pour autant schizophrénique. 

En tant qu’auteure-compositrice as tu d’abord élaboré les instrus ou les paroles ?

Ça dépend des morceaux, j’ai plusieurs façons d’écrire. Généralement quand j’ai mon piano et ma voix je passe à la phase d’arrangements, je vais le plus loin possible dans ce que j’ai en tête. Puis je passe en studio, et avec mon réalisateur on co-réalise ensemble et voit ce qu’on réenregistre pour mettre en valeur la chanson sans la dénaturer, sans perdre l’essence principale et l’arrangement.

Au niveau des textes quels en sont les thèmes et de quoi t’es tu inspirée ?

« Se dire au revoir » traite de la rupture amoureuse, de comment dire au revoir à l’autre justement, « lourd et délicat » est très intime j’y livre le sentiment d’angoisses, je parle du confinement aussi sur « Horizon » une période pas évidente où j’essaye d’ouvrir le thème de manière universelle. Je me présente dans « On m’a dit » et « Au royaume de tes mots » parle d’adulation, admiration et amour. C’est vraiment un EP où je présente qui je suis, je place ma sensibilité, quelles sont les choses importantes pour moi. C’est les prémisses de l’album.

C’est plutôt introspectif ou on peut s’identifier à tes histoires ?

Complètement. L’idée c’est d’être le plus sincère possible, le plus proche de soi, pour finalement ouvrir aux autres. Souvent quand on parle de soi on parle aux autres j’ai l’impression.

Quel morceau te tiens le plus à coeur ?

Je n’ai pas de préférence, toutes ont une place importante de mon histoire.

Tu as pu tous les chanter en première partie de Janie à la Cigale, ça devait être un sacré moment pour toi !

C’était incroyable, je n’en reviens pas. Forcément en tant que première partie les gens ne sont pas censés me connaître, la plupart ne me connaissaient pas d’ailleurs. Et j’ai eu un accueil vraiment incroyable. Enormément de présence, de soutien pendant les chansons c’était fou. Elle qui a commencé en première partie de Vianney, symboliquement c’est joli, c’est un vrai cadeau qu’elle m’a fait.

Prochaine étape c’est ton premier album ?

D’abord la release party de l’EP le 30 juin aux Trois Baudet et j’ai très hâte. Puis les Francofolies le 13 juillet et l’entrée en studio pour l’album en septembre.

Merci à Coline Rio

Coline Rio - Lourd et délicat -

Premier EP « Lourd et délicat » disponible

 

Une douce expérience sensitive en cinq pulsations poétiques et intimes. 

 

 

 


DROUIN ALICIA