Soie : un monologue amoureux tissé de délicatesse
Jusqu’à fin août, l’excellente Sylvie Dorliat porte à la scène les amours impossibles d’Hervé Joncour. À travers ce très beau texte d’Alessandro Baricco, la comédienne tisse un récit voluptueux et mélancolique qui nous transporte aux confins du Japon.
Les amours fantasmées d’Herve Joncour
L’histoire débute en France dans les années 1860. Hervé Joncour est un homme tranquille et besogneux qui achète et vend des vers à soie. Depuis son village dans le midi, il mène une vie paisible et prospère jusqu’au jour où son travail l’entraîne au pays du Soleil-Levant.
Du haut de ses 32 ans, Hervé Joncour croise alors le regard d’une inconnue qui va l’embarquer dans un monde de fantasmes et d’illusions...
Une mise en scène raffinée signée William Mesguich
La mise en scène sobre et minimaliste de William Mesguich s’accorde parfaitement avec la délicatesse de la pièce. Au cœur d’une lumière douce et tamisée se distinguent des chants d’oiseaux, de splendides kimonos, quelques notes de musique et un globe terrestre autour duquel lévitent les 3 figures féminines de l’histoire : il y a Hélène l’épouse aimante et dévouée, Madame Blanche la mystérieuse maquerelle et, enfin, cette si belle inconnue qui devient progressivement l’objet de toutes les convoitises d’Hervé Joncour.
Sylvie Dorliat : une conteuse-née
C’est à Sylvie Dorliat que revient la narration de ce très beau récit qui invite chacun d’entre nous à saisir le bonheur lorsqu’il se présente.
La voix grave et teintée d’une somptueuse résonance, cette conteuse-née nous happe et nous envoute tout au long de son monologue. Debout, face au public et parée d’une élégante tunique, Sylvie Dorliat tisse lentement son histoire et plonge l’ensemble des spectateurs dans un cocon aux effluves de mûrier: avec sa diction aussi précise que tempérée, elle fait apparaître tous les personnages de ce conte raffiné et parvient à instaurer une atmosphère soyeuse teintée d’une nostalgie qui se diffuse dans toute la salle.
Il faut dire que la prose d’Alessandro Baricco est un vrai régal : sensuelle et itinérante, elle dessine des lieux, suscite mille émotions, éveillent nos sens et nous fait voyager sinueusement de la France au Japon en passant par la Bavière ou le lac Baïkal.
Soie? Un voyage exquis et poétique qui se déroule une heure durant comme un précieux kakemono
Florence Gopikian-Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
Soie
D’après un texte d’Alessandro Baricco
Mise en scène William Mesguich
Avec Sylvie Dorliat
Texte français de Françoise Brun
Collaboration artistique : David Van Tongerloo
Théâtre Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs Paris 6e
Réservations : 0145445734
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