Des millions de téléspectateurs ont suivi le sacre de Marghe dans « The Voice » saison 10. Un moment fort pour cette chanteuse passionnée et aventurière retraçant son avant/après dans la musique tout au long de « Alefa ». Le cri fédérateur d’une artiste au coeur voyageur palpitant d’espoirs et désillusions. Chronique musicale.
Journal de bord d’une enfant du monde
Plus de 8700 km séparent Marghe de Madagascar son île natale. Une « Nouvelle vie » parisienne pour la jeune femme arrivée à la capitale la valise chargée de rêves artistiques. Une épopée « Au bout du monde » qui l’a faite décoller au milieu des turbulences de l’industrie musicale. « J’irai au bout du monde, Pour y trouver ma place, Je laisserai mon ombre, Je ne me retournerai pas » affirme-t-elle pleine de détermination sur cette ballade pop lumineuse colorée de sonorités africaines. Des racines qu’elle garde près de son coeur et de son univers. C’est d’ailleurs en clin d’oeil à ses origines que ce premier album s’intitule « Alefa ». Une expression malgache d’ encouragement utilisée en solidarité lors d’un moment important dans une vie, invitant à foncer vers ses objectifs. Un leit motiv fil conducteur de ce projet d’union et partage retraçant son parcours dans la musique semé de doutes et espoirs. Une véritable carte de visite autobiographique se déroulant de manière chronologique en 13 pistes accrocheuses de divers rythmes et sonorités de musique du monde sur une production pop moderne. Parmi ses collaborateurs crédités le rappeur malgache Tsew The Kid. Mais aussi sa tante L Saphira, ancienne grande chanteuse du pays dont elle reprend le titre « Mapamangy » parlant d’une femme attendant son bien aimé en sachant qu’il ne reviendra jamais dans une version métissée plus occidentale au petit côté urbain. Une enfant du monde bien décidée à casser les frontières du jeune talent. Dévoilant après plus d’un an de travail bien plus que sa grande voix et sensibilité qui l’ont porté durant « The Voice ». Une étape capitale qu’elle clôturait avec « Forget Everything » titre entièrement en anglais qu’elle interprétait avec son groupe MaDa né durant son escale de vie à Poitiers. D’une version épurée piano-voix de cet écrit de jeunesse, Marghe se replonge dans sa bulle de passion. Un amour inconditionnel pour la musique qu’elle célèbre à travers « Nous deux » lui aussi remémorant son début de carrière et sa rencontre avec David Henry. Et si elle poursuit sa route en solo, la chanteuse n’en oublie pas pour autant son acolyte qu’elle retrouvera au festival Saint-Benoît Swing en septembre et à la chapelle des Feuillants à Poitiers comme pour mieux boucler la boucle.
Entre turbulences et éclaircis
Un disque sur lequel Marghe sort de sa carapace en révélant avec sa patte d’autres facettes de sa personnalité. Un projet d’humeurs témoignant de sa persévérance à relever tous les obstacles sur son passage. Une femme forte en quête d’égalité remettant les matchos en place sur « Maan » hit coup de poing plein de répondant. Une battante voyant à présent son « Hyper(sensibilité) » comme une force profonde. Un trait majeur de sa personnalité qu’elle aborde ouvertement d’une interprétation percutante des plus intense sur cette pépite. Tels les différents actes d’une comédie musicale, la chanteuse n’hésite pas à « Casser » les codes et changer de style d’une chanson à l’autre. Passant d’un titre sur le risque de burn out dans le monde du spectacle porté par d’entêtants « Yeah Hey » en écho, au goût amer de « Vanille » ramenant à ses moments de découragements et remise en questions. Une âme « Isolée » remontant la pente grâce à sa determination. La tête posée sur une épaule réconfortante à la portée de qui veut bien se rendre compte du soutien de ceux qui l’entourent. Avant de carrément remettre les compteurs à zéro le doigt appuyé sur la touche « Restart The Game ». «Plusieurs fois j’ai échoué, changé de perso » confie l’ex membre de l’équipe Florent Pagny qui a mis cinq ans de doutes, pleurs et travail acharné avant de se retrouver face aux célèbres fauteuils rouges du télé-crochet. « Va-y à poil, Sans cape sans armure, Rien dans ta malle » conseille-t-elle à tous les jeunes talents dans « Va là-bas » expression très utilisée durant sa promo. Un hymne libératoire de lâcher prise pour tous ceux qui comme elle se sont sentis un jour oppressés de jugement adressés à ceux qui prennent de haut et critiquent pour un oui ou pour un non. L’atterrissage doux et positif d’une artiste achevant son roadtrip musical au plus bel endroit qui soit : la scène.
DROUIN ALICIA