Nouvelle corde à la guitare de Kendji Girac. Un « Champion » des charts qui passait hier soir devant la caméra avec son premier rôle dans une fiction diffusée sur TF1. Celui de Zack un boxeur souffrant d’illettrisme, qu’il a incarné avec justesse et émotion. Une histoire à la résonance particulière portant le combat de ce problème universel encore trop tabou. Debrief.
Le synopsis
Une passion, un poste, une petite amie, une famille présente, tout semble aller au mieux dans la vie de Zack. À une exception près, ce « Champion » de boxe âgé de 24 ans ne sait ni lire ni écrire. Seul son père connaît son secret, jusqu’au jour où celui-ci fait une mauvaise chute sur un chantier. Un accident qui va compliquer le quotidien de son fils contraint de reprendre l’entreprise familiale de menuiserie et les paperasses qui vont avec malgré ses lacunes plus pesantes que jamais. Un rôle principal incarné par le chanteur Kendji Girac.
Un rôle sur mesure
2,5 millions c’est le nombre de français qui seraient concernés par illettrisme, soit 7 % de la population. Une problématique malgré tout encore trop tabou mise en lumière par Kendji Girac. Un messager en première ligne qui sait de quoi il parle, lui qui a eu une scolarité quelque peu bousculée par les nombreux déplacements de sa famille gitane. Coutumier des fautes d’orthographes et erreurs grammaticales il apprend un peu plus chaque jour à combler ses lacunes tant à l’écrit qu’à l’oral. C’est donc sans difficultés qu’il s’est de suite senti concerné et touché par le parcours de Zack. Un rôle donc légitime quasi sur-mesure avec qui il partage un autre point commun : sa simplicité. Mais aussi la grande complicité avec son père qu’il accompagne régulièrement sur des chantiers pour y construire des cabanes en bois. Un domaine qui parle beaucoup au chanteur qui passait pas mal de temps perché dans les arbres pour y créer des abris par hobbit et exercer le métier d’élagueur. Moins coutumier en revanche de l’univers de la boxe il a suivi un entraînement intensif avec le champion du monde Cyril Benzaquen qui lui a montré commence enseigner la discipline aux jeunes. Tout en adaptant son alimentation. Une préparation physique qui lui a permis de se forger un corps de sportif avec plus de muscle et environ 8 kilos en moins. Ne lui restait plus qu’à changer sa coupe de cheveux mais surtout à travailler son texte. Un exercice qu’il maîtrise au même titre que son accent habituellement très prononcé. Réussissant même à proposer une interprétation convaincante abordant avec justesse ce sujet qui lui tient à coeur. Avec une certaine émotion dans le regard et durant les passages forts. Bref un sans faute.
Leçon d’apprentissage à « L’école de la vie »
Une histoire incluante des plus touchante qui nous fait ressentir une immense compassion pour le personnage principal pour qui les mails et panneaux routiers sont indéchiffrables. Un jeune homme débrouillard obligé d’user d’astuces pour garder son secret comme retenir une adresse par coeur pour se rendre à un rendez-vous professionnel, ou privilégier les échanges par messages vocaux. Un combat de chaque instant qui dénote de l’importance de l’instruction pour s’intégrer dans la société. Si la fiction est forcément romancée par des histoires d’amour, amitié et flash back évoquant les raisons de son illettrisme, on aurait aimé que l’accent soit d’avantage mis sur la partie apprentissage qui n’arrive qu’en toute fin. Il aurait été intéressant de voir Zack progresser et reprendre confiance. Un point effleuré lors de la séquence finale ponctuée d’un message de prévention énoncé par Kendji Girac. Avant que ne retentisse le générique final au son de l’inédit « L’école de la vie » titre éponyme de son prochain album. « J’ai pas eu d’autres professeurs mais c’est là que j’ai tout appris, On m’a donné des valeurs à l’école de la vie » clame-t-il fièrement sur des accords gipsy-pop dont lui seul à le secret. Prouvant que certains apprentissages peuvent se faire loin des salles de cours.
L’audience
Légère déception pour « Champion » diffusé hier soir sur TF1 arrivé troisième des audiences avec ses 2,99 millions de téléspectateurs soit 15,1 % derrière la suite des speed dating de « L’amour est dans le pré » de M6 mais aussi des nouveaux épisodes de «Et la montagne fleurira » sur France 2.
Un téléfilm malgré tout bien accueilli par la critique et le public.
DROUIN ALICIA
