Grand retour devant l’objectif pour Christophe Willem. Un chanteur longtemps catalogué et complexé, révélant les hauts et bas de sa vie en mode « Panorama ». Un album plus intime que jamais sonnant comme une renaissance réconfortante. Chronique musicale.
Confessions mélancoliques
Cinq ans après une escapade turbulente à « Rio », c’est dans la maison familiale où il a grandi que Christophe Willem a pris le temps de se poser. Et c’est au salon qu’on le retrouve en mode portrait au milieu d’un désordre organisé symbolique avec vue «Panorama » sur l’ensemble de sa vie professionnelle et personnelle. Des bons comme mauvais souvenirs défilant dans sa tête mais aussi les écrans de « PS : Je t’aime » premier single et piste du disque. Une lettre de retrouvailles adressée à son public depuis le même fauteuil de psychanalyse et en face de la même interlocutrice qu’à l’époque « Double je ». Une bonne manière de mettre un point final et reprendre son histoire à zéro. Si pour la première fois le chanteur a délégué textes et mélodies à d’autres cela ne l’empêche pas de dévoiler pleinement le spectre de ses émotions à travers cet album introspectif raconté dans une ambiance intimiste. Une mise à nu brute, sans artifice où la Tortue sort de sa carapace sans détour exorciser ces « Fantômes » qui le hantent à coup de ballades mélancoliques et messages d’espoir. Un artiste qui malgré le succès avoue avoir déjà perçu la vie en « Noir ». Un homme témoignant de son parcours semé de ruptures sentimentales (« Je tourne en rond », harcèlement, « Solitude » et jugements perçus « Dans le regard de l’autre ». Des critiques qui ont eu une emprise sur sa construction. « Dans le regard de l’autre, J’ai cherché un repère, J’ai cherché à me plaire, Je cherchais des apôtres » débute-t-il vulnérable sur cette pépite résumant bien ce jeu des apparences réducteur auquel il se prêtait malgré lui. « J’ai vu des gens des quantités, me juger me cataloguer, me traiter de pédé » raconte-t-il de manière cash en citant quelques remarques stigmatisantes entendues à son égard. « Ok c’est dit, Mais j’avance mais j’avance, Ok tant pis, Moi j’avance » répond-t-il dans « J’avance » désormais déterminé à vivre sans se cacher ni se soucier des jugements.
L’album de la libération
Des remarques entre autre sur sa voix aiguë et son style efféminé auquel Christophe Willem fait allusion dans « Ni reine ni roi ». Une chanson au titre explicit faisant le point sur son identité. « Je me moque bien de tout ça, Au fond je suis, Comme toi, Libre d’aimer, le coeur en paix » explique-t-il quant à son rapport à la sexualité et à l’autre en se jouant volontairement d’ambiguïté. Libérant sa parole de manière décomplexée en appuyant l’importance de fédérer par sa différence. Un artiste en paix évacuant ses fêlures en une colère saine sur le détonant « J’vais exploser ». « Je n’veux pas être le meilleur, juste quelqu’un de meilleur » tonne-t-il lassé par avis et conseils de ceux « Un peu fébriles, un peu fous, un peu terribles, un peu tout, Un peu perdus dans c’monde là » qu’il décrit « Un peu comme toi et moi ». Un chanteur à fleur de peau assumant entièrement son timbre et sa sensibilité sur l’intense « Au temps pour nous » prêt après sa pause productive à reprendre le contrôle de son existence. Un nouvel élan qu’il scande avec assurance sur l’optimiste « J’tomberai pas ». Un hit lumineux faisant constat d’un nouveau monde où chacun revendique librement sa singularité. Si il livre une part de son intime, le vainqueur de « Nouvelle Star 4 » cherche à aller vers celui qui l’écoute à travers des chansons qui peuvent faire sens et écho dans la vie de chacun. Un homme à présent serein donnant de la force à qui en a besoin sur « Tiens bon ». « Tiens bon, tiens bon jusqu’au bout » encourage-t-il avec résilience. Et si comme tout le monde Christophe Willem n’aime pas « La fin des choses » il parvient à rendre ce moment fatidique plus doux en berçant les âmes une ultime fois.
DROUIN ALICIA