Talent prometteur de la chanson française, Foé affine son style sur « Paradis d’Or ». Un romantique bouquet de roses épineuses couleur passion. Un second opus intimiste aux cinquante nuances d’amour et sentiments livré avec finesse et sensibilité. Chronique musicale.

Foé - Paradis d'or - Le temps court -

À coeur perdu

Trois lettres, des envolées lyriques d’une intensité rare et orchestrations magistrales qui transportent au « Paradis d’Or » de la chanson française. Un disque diaboliquement captivant sur lequel Foé y a mis toute son âme. Si le précédent qui était son premier, avait été salué par la critique, cela n’a pas empêché cette révélation de douter et repenser son univers. Un cheminement que le chanteur résume au sein du titre éponyme, en disant long sur l’état d’esprit dans lequel il a conçu cet échappatoire de confinements. Un jeune talent qui en a profité aussi pour se nourrir d’écoutes allant de Léo Ferré à Barbara en passant par Michel Berger, qui lui ont inspiré cette petite touche années 70. Un amoureux de la variété française et de l’amour, au coeur du projet. Un album rétro-actuel entre onirisme et romantisme construit en trois temps. De la première rencontre à la rupture en passant par doutes et tourments d’une relation. Le tout séparé par trois interludes respirants. Au total 16 pistes intimistes tant dans la musicalité que dans l’introspection des histoires racontées. La première « Je brûle » allumée par les mots de sa petite amie depuis huit ans, s’embrase au rythme des palpitations d’une idylle naissante. Quand « Lemonade » fait un peu plus grimper la température agité par une demoiselle pétillante en pleine phase de séduction. Une « Mélo interdite » qui se concrétise sur des douces notes de piano. Un instrument dominant le juste mixage entre sonorités organiques et synthétiques des différentes compositions. Un décollage au septième ciel prolongé à bord du « Vol. 17 » laissant déjà entrevoir par le hublot quelques nuages assombrissant l’intensité des premiers émois. Des turbulences ayant eu raison de cette passion éteinte d’un au revoir plutôt qu’un adieu. « J’veux qu’on s’raconte, Une autre histoire… Si c’est ma faute, dis-le moi, Si c’est la notre, dis pourquoi, Y a pas de honte à se revoir » clame poétiquement Foé dont les sentiments résistent malgré cette séparation. Une seconde chance furtive finalement définitivement réduite en cendre sur le mélancolique « Adieu encore ». Un point de rupture souvent déchirant sonnant pour toutes les âmes en peine l’heure de la reconstruction.

Foé - Paradis d'or - Commun -

Métro, musique, dodo

Si il n’a pas hésité à mettre quatre ans de sa vie dans ce projet Foé est conscient que « Le temps court », mais parvient à le suspendre sur cette pépite guitare voix de quatre minutes. Une intense ballade sur la fuite du temps et des sentiments, sur lequel il gravit les notes les plus aiguës d’une facilité et élégance déconcertante. De son timbre de velours envoutant le chanteur met toute son âme dans des interprétations puissantes et mélodieuses. Un artiste à fleur de peau ouvrant son coeur avec beaucoup de grâce et profondeur. S’accordant du haut de ses 25 ans « Une minute » de répit pour faire état de son parcours prometteur et de toutes ces choses qui défilent en seulement 60 secondes. Des moments éphémères entre deux stations de métro suffisants pour faire naître LA rencontre d’une vie. Lui qui a vu la sienne s’accélérer depuis son installation à Paris. Un nouveau rythme effréné bruyant, « Commun » voire impersonnel qu’il fait valser à coup d’envolées tourbillonnantes et arrangements classieux. Une « Vida Loca » encore plus chamboulée depuis l’entrée dans la lumière de cet ex prétendant aux Victoires de la Musique catégorie révélation enchaînant sessions écritures/compositions, trajets en train et concerts. Un avant/après ce « Rêve » éveillé que Nicolas Poyet de son vrai nom, réussi à gérer avec beaucoup de maturité  
en restant focalisé sur les choses simples. Comme « I-O » sa dernière piste intégralement instrumentale qui se passe de paroles, dont on retrouve les mêmes accords que sur l’intro de la première. Une élégante manière de boucler la boucle et mieux reprendre ses délicieuses gammes depuis le début.

DROUIN ALICIA