Des millions de téléspectateurs ont suivi son évolution dans « The Voice ». Mais c’est de zéro que Whitney reprend sa carrière, plus sûre d’elle et de l’univers qu’elle a envie de proposer. Une chanteuse se livrant avec du recule mais sans regret sur l’avant/après de cette nouvelle page qui s’écrit sans pression. Entretien.
« The Voice était l’étape principale, la fondation de ma carrière »
SYMA : Bientôt 4 ans déjà que tu as été révélée par la saison 8 de « The Voice » ! Tu as toujours la sensation que c’était hier ou tu penses à ta victoire comme un lointain souvenir ?
Whitney : Ça dépend des jours, parfois ça me paraît proche d’autres loin voire d’être une autre page de ma carrière.
Que retiens-tu de cette expérience ?
Déjà je n’avais pas d’expérience musicale à proprement parlé avant. C’est ce qui m’a mis dans le bain, j’y ai tout appris. Chanter sur scène, les caméras, chanter devant un public et même faire des interviews. C’était l’étape principale, la fondation de ma carrière même.
Est-ce que c’est un format que tu continues de suivre ?
Ça m’arrive quand j’y pense. Parfois j’oublie un peu de regarder la TV. Par contre en ce moment je suis la « Star Academy » !
Quels conseils aimerais-tu partager à un talent sortant d’un telle aventure ?
Je pense se faire confiance à lui-même, chose que je ne savais pas faire à l’époque. J’étais indécise, je me suis laissée porter par d’autres idées alors que j’en avais, mais pas assez confiance pour les imposer. Vraiment se poser les bonnes questions avant de faire les choses. Avoir un bon entourage aussi c’est bien mais en sachant ce qu’on veut. On peut avoir la meilleure équipe du monde si l’artiste ne sait pas où il veut aller c’est plus compliqué de le développer.
« J’avais une image caricaturée du métier de chanteuse, pour moi c’était chanter tout simplement »
Pour ta part tu as des regrets sur l’après, notamment la conception de ton premier album ?
On pourrait penser que oui mais ça m’a vraiment permis de savoir ce que je voulais, de savoir ce que j’aimais ou pas. En sortant de l’émission quand on m’a demandé ce que je voulais faire comme musique je ne savais pas du tout. J’avais une image caricaturée du métier de chanteuse, pour moi c’était chanter tout simplement.
C’est un projet que tu as rayé de ta mémoire depuis comme sur tes réseaux sociaux remis à zéro ?
Je ne le regrette pas du tout, pour avoir une histoire il faut un début une fin, ça en est une partie. À l’époque j’étais persuadée d’être sur le bon chemin, j’ai réussi à me convaincre moi mais pas les autres c’est ça le problème.
Après quand je le regarde je me moque un peu de moi-même, ma promotion sur les réseaux un peu bébé. J’ai essayé de coller à ce projet, du coup j’ai mis du temps à me retrouver, savoir ce que je voulais. Je ne me verrais pas du tout rechanter une chanson de l’album. Je suis repartie de zéro, je fais complètement autre chose et je me suis déconnectée de celle que j’étais avant.
Entre temps tu es passée de l’une des plus grandes maisons de disques française au statut d’artiste indépendant, ça a été bénéfique pour toi ? Il y a de nouvelles difficultés à gérer tout de même ?
Niveau financier forcément il y a moins il faut trouver des systèmes D. Ce que je trouve bien c’est qu’il y a en revanche plus d’idées que l’on peut aboutir, moins d’intermédiaires. On veut faire des photos on prend un appareil et hop on y va tout simplement. Là on est trois, deux producteurs, moi et un monsieur partie marketing. C’est de l’interne, les gens sont proches de moi c’est un cadre familial vraiment.
« Ce nouveau projet est vraiment collé à ce que je suis »
Peux-tu nous parler du « Mood » de cette nouvelle Whitney ?
Je suis sortie d’un album très produit qui ne me ressemblait pas à l’envie d’arrêter la musique. Finalement un ami m’a parlé de ce producteur indépendant il m’a demandé si j’écrivais mes chansons je me suis lancée sans conviction au départ. Et finalement ça m’a montré que j’en étais capable et petit à petit j’ai repris confiance en moi. Il y en a eu pour quasi un an et demi de studio.
Ce nouveau projet est vraiment collé à ce que je suis, il résume des moments de vie de ces dernières années. Pas du tout programmé pour viser telle ou telle cible. Il y a plein de chansons dans tous les styles.
Au niveau des sonorités ça sonne nettement plus pop urbain, c’est un univers qui te correspond d’avantage ?
Pour le moment oui, après d’autres chansons plus pop vont arriver. Après elles peuvent également être jouer en piano/voix, c’est d’ailleurs comme ça que je les ai composées. Je voulais rester proche de moi-même et après on a joué avec la forme.
Tu n’as pas eu envie de changer aussi de pseudonyme ?
Si j’ai même regardé tout et n’importe quoi qui pourrait coller à mes initiales, comme Winnie par exemple mais tout était pris ou n’allait pas. Finalement je garde Whitney, surtout que je me suis battue toute ma vie pour que les gens pensent à mettre le H après le W !
Ces changements t’ont amené un nouveau public ? Tu penses que ça a pu en éloigner certains aussi ?
J’ai l’impression que certains sont restés d’autres partis. Les nouveaux peuvent écouter ce que je fais et faisais avant, c’est un peu bizarre. Je pense qu’ils font le tri entre les chansons, comme je ne suis pas encore totalement nichée dans mon univers. Certains n’adhèrent pas aux nouvelles chansons mais c’est comme ça.
Dans la continuité il y a aussi eu le titre « Toute l’année » mais aussi un cover du rappeur Gazo, il fait parti des artistes que tu écoutes et qui t’inspirent désormais?
J’écoute un peu tout ce qui figure dans le top des charts et je pioche un peu dedans en fonction de ce qui me plaît.
Ton nouveau single s’intitule « Chuuuttt », tu espères qu’il fasse du bruit côté succès ?
C’est un peu le paradoxe de la chanson ! C’est un peu parti d’un délire de base, j’ai enregistré ça au dictaphone puis c’est devenu un titre. Je veux que ça soit perçu comme de sérieux mais c’est une manière de dire que je fais de la musique sans pression. Je ne vais pas regarder les chiffres, je fais de la musique tout court le reste ça n’est pas mon domaine.
« Je suis toujours malade mais plus obnubilée par ça»
C’est une manière pour toi de faire définitivement taire les critiques auxquelles tu as pu faire face ? Je pense entre autre à ceux qui t’accusaient de jouer de ta fibromyalgie !
J’ai un peu mis tout ça dans un coin de ma tête comme si ça n’avait jamais existé ou que c’était un mauvais cauchemar. Ça ne me fait plus rien, ça me fait rire je pense que j’ai passé un cap je m’en fiche.
À l’inverse as-tu reçu beaucoup de témoignages de jeunes dans ton cas qui grâce à toi retrouvaient l’espoir de vivre normalement ?
J’en ai reçu plein de jeunes ou plus âgés qui ont vu qu’on pouvait faire un métier qui demande autant d’énergie. On me demandait des conseils sur le fait de rester debout longtemps. À l’époque j’avais même échangé avec Sanna qui a participé cette saison à « The Voice Kids » je me dis qu’au moins mon témoignage a servi. Ça a en tout cas ouvert la parole sur tout ce qui est maladies invisibles.
Aimerais-tu devenir porte-parole de la maladie ?
Je pense que c’est compliqué, pas que je ne veux pas mais chaque cas est différent. À l’époque j’ai donné mon propre témoignage, j’ai reçu une vague de messages de haine par des malades qui me reprochaient ma vision.
Aujourd’hui ou en es-tu niveau santé ?
Je suis toujours malade mais plus obnubilée par ça. J’ai arrêté de le mettre au premier plan. Je me suis dit est-ce que je suis malade parce que j’ai mal ou parce que les gens veulent me voir malade ?! Je pense qu’il y a une part de ça, ça place dans une position d’infériorité et ça alimente ça.
Cet été tu as assuré la première partie de Louane, la scène c’est un bon remède à la fatigue ?
Ça allait très bien en tout cas, je m’y suis bien sentie, pas de douleurs à ce moment là.
La suite pour toi c’est un nouvel album ?
C’est en discussion on ne sait pas encore la forme que ça va prendre. Mais plein de titres sont prêts en tout cas !
Merci à Whitney
Nouveau single « Chuuuttt » disponible
Un hit frontal aux sonorités pop-urbaines, musclé d’un refrain léger entêtant au message explicit.
DROUIN ALICIA