5 millions d’albums vendus et mine de rien déjà bientôt 10 ans de carrière pour Kendji Girac. En moyenne un disque tous les deux ans. Le cinquième « L’école de la vie » fait état de son parcours depuis son enfance jusqu’à ses premiers pas de père de famille. Un homme et ami fidèle célébrant son évolution personnelle et artistique à coup de hits intimes et festifs. Chronique musicale.
D’élève à enseignant
Premier de la classe option guitare qu’il a appris en autodidacte, Kendji Girac a depuis ajouté bien des cordes à son instrument. Avec toujours cette même ligne directrice : faire évoluer son univers. Un roi de la gipsy pop aimant aussi transmettre de belles émotions à l’aide de ballades classieuses. La première « Eva » choisie comme lead-single a une importance particulière pour le chanteur cumulant « Plusieurs vies ». Un jeune papa bien que discret quant à sa vie personnelle, pour qui la famille a toujours été une grande source d’inspiration. « T’as fait de moi un papa, Je n’en reviens même pas » s’émerveille l’interprète de « Les yeux de la mama » à sa propre géniture sur de doux accord acoustiques. Un loup protecteur comptant au sein de ce disque ses joies de la transmission et parentalité. Un homme plus mature mais pas moins pudique lorsqu’il s’agit d’exprimer ses sentiments profonds. « J’ai tendance à tout garder pour moi, Je souris pour cacher mes émois, J’ai du mal à m’exprimer, c’est peut-être par fierté, Chez nous, les hommes se cachent pour pleurer » confie-t-il d’une voix intense sur le titre « J’ai tendance » en duo avec Soprano. Deux amis partageant les mêmes valeurs de pudeur et l’art de faire danser les foules sur des hits pop fédérateurs. Plus poignant « Encore » le retour de Florent Pagny guéri de son cancer, sur cette vibrante chanson à l’unissons autours du temps qui passe invitant à profiter de l’instant. Un titre berçant sur lequel Kendji pousse sa voix dans la cours des grands en harmonie avec celle de son collègue de la « The Voice Family ». « Ramenez-moi, ramenez-la, Ma douce innocence, Bercée d’insouciance » clament-ils emprunt de nostalgie. Songeant à cette époque où il n’était encore qu’un jeune garçon en plein apprentissage à « L’école de la vie ».
Leçon de gipsy pop
Une piste éponyme d’ailleurs illustrée par une photo de lui enfant. « J’ai pas eu d’autres professeurs mais c’est là que j’ai tout appris, On m’en a donné des valeurs, à l’école de la vie » scande-t-il en se remémorant sa scolarité atypique au grand air là où l’école « n’a pas de couloir ». Un gitan éternellement fier de son éducation parfois à la dure dont il s’amuse sur le léger « Les jeunes ». Un titre guitare/voix évoquant le conflit des générations avec dérision et bienveillance. « Quand on connaît pas les jeunes, les jeunes, les jeunes, Alors, on ferme sa hmm, sa hmm, sa hmm » s’amuse-t-il sans rancune à l’égard du trop plein de conseils et la sévérité des anciens. Une communauté où il a grandi dont il retient surtout les moments de fête et partage en musique au son de chansons traditionnelles. À l’instar du cantique espagnol « Para mi dios » qu’il reprend avec brio en souvenir de son enfance en prouvant une nouvelle fois son immense talent de guitariste.
Jamais loin de son instrument ni de l’ambiance solaire dansante qui fait sa renommée, sans pour autant demeurer « En boucle », Kendji Girac s’amuse également avec des sonorités plus urbaines en s’entourant d’experts en la matière comme Naps l’accompagnant sur ce featuring ou encore Soolking avec qui il a élaboré le très festif «Desperado ». Un hit gipsy par excellence qui a tous les atouts d’un futur tube. Même potentiel pour « Le feu » duo amical avec Vianney emprunt de lumière. Un disque en 11 étapes se refermant comme il a commencé par « Eva » mais cette fois en acoustique. Une version toute en douceur ramenant vers l’infini de cet éternel cercle de la vie.
DROUIN ALICIA