245 millions d’internautes ont visionné leur clip de « À nos souvenirs ». Mais derrière le succès populaire des Trois Cafés Gourmand se cache une joyeuse troupe lucide sur la vie et ses travers. Un mélange d’optimisme et sujets lourds qui compose toute « La promesse » de cette bande d’amis préférée du public. Entretien.
« La promesse qu’on s’est faite c’est que si l’un de nous veut arrêter on arrêterait tous »
SYMA : C’est déjà la sortie de votre troisième album. Comment vous sentez-vous en ce grand jour ?
Trois cafés gourmand : Nous sommes très contents, impatients d’avoir les premiers retours après écoute, c’est le plus important laisser le public se l’approprier.
Le troisième album marque souvent un tournant dans une carrière, c’est votre cas?
Cet album s’inscrit dans un répertoire un peu plus pop et chansons que les deux précédents, avec un univers plus organique aussi. Et musicalement on a tous les trois pris la plume pendant la phase d’écriture donc forcément on a apporté un nouveau relief un peu différents, d’autres influences. Il y a donc un peu de changement tout en gardant ce qui fait Trois Cafés Gourmands.
Le disque s’appelle « La promesse », pourquoi ? Et la votre est-elle de continuer votre route ensemble ?
La promesse, c’est une des chansons de l’album qui parle effectivement d’un serment amical. Le notre, celui de plein d’amis. On trouvait que ce mot pouvait le mieux représenter l’album et sa poésie. La promesse qu’on s’est faite c’est que si un des trois ne se sentait pas bien dans le groupe ou avait envie d’arrêter on arrêterait tous. Mais pour le moment ça n’est pas à l’ordre du jour.
En écoutant le disque on ressent beaucoup d’optimisme, de légèreté ! C’est toujours votre leitmotiv ?
On a mis beaucoup de nous dans ce troisième album dans le sens où on a vraiment travaillé tous les trois ensemble sur les textes. Donc forcément ça parle de nous, de ce qu’on est, ce qu’on a vécu. On a toujours une note optimiste autour de nous même si on passe dans des sujets qui peuvent être très graves. Mais la vie est faite de plein de choses, de positif, de négatif. Et nous c’est ce qu’on essaye de retranscrire dans nos chansons, dans le sens où on s’inspire de ce qu’on vit et voit autours de nous.
Qu’avez-vous envie de répondre à ceux qui disent que vous faites un peu toujours la même chose ?
Ça a toujours été notre ADN, le fond des paroles et textes qu’on proposait a toujours été un peu rythmé comme ça. Et sans vouloir citer Jean D’ormesson « sans rose il n’y aurait pas d’épines ». Et donc la vie est quand même faite de tout ça et on a toujours voulu voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide et noter les choses positives qu’il y a au travers d’une vie, malgré les épreuves. Mais en restant fixé uniquement sur l’univers de « à nos souvenirs » les gens peuvent avoir une image un peu erronée de nous.
D’autant que ça ne vous empêche pas de véhiculer des messages dans certaines chansons, je pense au poignant « La balle aux prisonniers » qui se détache totalement des autres !
Effectivement ça peut surprendre mais ça fait aussi parti de nous. Sur les albums précédents il y avait dans la même veine « Adesias » et d’autres chansons qui abordaient déjà des sujets plus dramatiques mais qui sont peut être un peu plus passées au travers. Parce que forcément on avait « à nos souvenirs » qui nous a même dépassé et s’est inscrit comme étant l’univers des Trois Cafés. Or nous on a toujours défendu un éclectisme plus grand. Ceux qui nous ont vu en concert ont pu le découvrir. Il y a toujours eu plus de fond sur nos albums et sur celui-ci un peu plus encore.
« Ça laisse rêveurs de se dire qu’aujourd’hui on a le luxe et la grande chance de chanter les notes de Jean-Jacques Goldman »
Il y a aussi ce premier single « Quand ? » sur lequel vous vous interrogez sur le monde de demain ! Vous gardez espoir ?
On garde toujours espoir. L’espoir est essentiel pour vivre. L’espoir c’est les enfants qu’on a. Sur cette chanson on dresse simplement le portrait de ce qu’on constate, sans dire que c’est la vérité. Et malgré tout à travers le clip on voulait montrer toute la beauté et diversité du monde malgré le fait qu’on n’en prenne pas soin.
Le titre est co-écrit et composé par Jean-Jacques Goldman, comment est-il né ?
Au départ on s’est échangé des mails parce qu’on avait eu vent qu’il suivait notre projet de loin et on voulait tout simplement le remercier. Petit à petit s’est installé une correspondance et on en est venu à se connaître puis parler de collaboration mais vraiment bien plus tard. Il s’était beaucoup renseigné sur nous, il nous a proposé une maquette un bout de chanson et nous a dit qu’elle pourrait exister si on en écrivait tous ensemble la fin. Et voilà « Quand » est née.
C’est un artiste dont vous êtes fan ? Est-ce qu’il vous a dit si il aimait votre répertoire ?
Comme tout le monde. Jean-Jacques Goldman est une des plus grosses empreintes de la chanson française. Ça nous a bercé, entre son projet personnel, les chansons qu’il a pu écrire pour d’autres grands artistes. Forcément ça laisse rêveurs de se dire qu’aujourd’hui nous on a le luxe et la grande chance de pouvoir chanter ses notes.
On a été très touché de l’interêt et de la bienveillance qu’il apportait à l’égard de notre projet. C’est quelque chose de rare dans le métier, et lui a cette grande classe. Et surtout il ne s’est pas arrêté « à nos souvenirs » il a tout écouté. Et ce qui lui a plu c’est le fait que ce soit le public qui ait choisi de nous attribuer cette place là et pas le métier qui nous ait « fabriqué ».
Dans certains de ses plus grands succès on retrouve d’ailleurs un peu la même recette que vous, des rythmes entêtants sur fond de véritables thématiques sociétaires !
C’est ce qu’on a toujours essayé de faire en tout cas. Même si on n’aurait pas la prétention de dire qu’on a une similitude avec la musicalité et l’oeuvre de Jean-Jacques Goldman.
Jean-Jacques Goldman s’est malheureusement retiré de la scène médiatique, vous y songez parfois ?
Pas pour l’instant non.
Il a également quitté la troupe des Enfoirés, c’est un évènement auquel vous aimeriez participer ?
On est trois, il faudrait qu’on soit tous les trois d’accord. Et puis il faudrait être invité. Après on a beaucoup travaillé ces derniers temps on ne s’est pas posé la question, on était à fond dans la tournée, la préparation de l’album. Avec l’envie de le défendre sur scène après.
Pour nous faire partie de la troupe des Enfoirés n’est pas une « consécration en soi ». La cause est tout à fait noble et heureusement qu’elle existe pour récolter des fonds. Mais en tant qu’artiste on fait plein d’autres choses à côté peut être moins médiatisées mais toutes autant importantes.
« À nos souvenirs ne nous appartient plus du tout. Les gens se sont appropriés la chanson dans les évènement beaux de la vie comme les plus tragiques»
Le fait d’être qualifié de groupe populaire ne vous dérange pas ?
Pas du tout, au contraire c’est quelque chose de plutôt valorisant. Chose qu’on reprochait par exemple aussi à Jean-Jacques Goldman. Il nous a souvent dit : l’endroit où ça ne triche pas c’est quand on est sur scène et pour l’instant nous on remarque que les gens sont toujours là. Ça fait extrêmement plaisir de les voir sourire et partager cette émotion avec eux. Et si il faut qu’on nous colle une étiquette qu’on nous la colle, de toute façon c’est le public qui décide.
Vous recevez beaucoup d’invitations pour chanter à des mariages ou fêtes de famille ?
Oh oui on a été invité à beaucoup de mariages, d’anniversaires, baptêmes, où on n’a pas été. Il s’est passé des choses assez folles à travers « à nos souvenirs » qui est vraiment rentré dans le quotidien des gens. Ça n’est plus du tout une chanson qui nous appartient. Les gens se la sont appropriée dans les évènements beaux de la vie comme dans les plus tragiques même. On a beaucoup de témoignages qui sont parfois très surprenants, mais on est ravis qu’elle puisse accompagner le quotidien. Si on fait de la musique pour que elle soit consommée et consommable très rapidement et que ça reste pas il y a peut-être moins d’intérêt. Quand on a une chanson qui arrive à s’ancrer dans la mémoire collective je pense que c’est ce dont rêve tout artiste.
Au fond, avez-vous réellement changé de vie ?
On est toujours les mêmes mais nos vies ont changé, ça serait mentir que de dire le contraire. Mais nous on a vieillis un petit peu, on n’est pas les mêmes que quand on avait 20 ou 25 ans, mais on a les mêmes amis, toujours aussi proches de nos familles. On évolue tout simplement.
Prochaine étape c’est une nouvelle tournée ?
Oui ! On va annoncer une première salve de dates pour le printemps, un Casino de Paris pour le 28 novembre 2023 et l’histoire continue. On est ravis d’inscrire notre promesse dans notre histoire.
Merci aux Trois cafés gourmands
Album « La promesse » disponible
Un pacte amical scellé d’espoir autours d’étapes joyeuses comme tragiques de la vie.
DROUIN ALICIA