Il aura fallu quasi dix ans à Jude Todd pour sortir son premier EP. Un jeune talent passé par « The Voice » la même saison que Louane, qui a force de détermination et passion a fini par constituer une équipe solide autours de son univers. Un style pop-indie solaire et authentique aux textes en anglais. Rencontre.
« Pour moi un EP est une étape charnière pour un artiste, un petit objet qui te représente »
SYMA : Cela fait de nombreuses années que tu es dans le milieu musicale, comment a commencé cette passion ?
Jude Todd : J’ai toujours chanté, écrit des textes quand j’étais petit vers 8-9 ans. Un peu plus tard vers 14 ans j’ai trouvé une petite guitare et appris accords et rythmes de titres. Puis j’ai commencé à écrire de vraies chansons. J’ai monté mon premier groupe au lycée aussi, on a fait quelques scènes locales, sortis un EP.
Mais ce n’est que récemment que tu as sorti ton premier EP, qu’est ce qui t’a fait enfin franchir le pas ?
J’ai toujours aimé ça, après forcément participer à « The Voice » m’a encore plus mis sur la voie professionnelle et j’ai décidé de me lancer. J’ai sorti d’abord pas mal de single, je travaille avec les mêmes musiciens depuis six ans. On se cherchait encore au niveau de notre identité musicale et de l’univers qu’on voulait faire. Ça a pris du temps avant que je me lance. Pour moi un EP est une étape charnière pour un artiste, un petit objet qui te représente. On l’a fait assez catchy et solaire.
L’EP est intégralement interprété en anglais, pourquoi ce parti pris ?
Je suis à moitié anglais mon père est anglais, ma mère prof d’anglais donc je suis bilingue à 500 %. Même niveau culture musicale je n’ai pas de culture française. J’ai toujours baigné dans la culture anglophone, ça a toujours été ma source d’inspiration et même au niveau des textes ça me vient plus naturellement.
Ça n’est pas gênant pour fédérer le public ?
Forcément c’est plus compliqué. Mais je n’ai pas envie de faire du français juste par aspect marketing. J’y ai pensé, on a tenté sur des version quotas sur l’EP qui ont plus ou moins fonctionné. Ça nous a fait passer en radio, mais ça n’est pas naturel pour moi d’écrire en français. Je préfère me faire plaisir être moi-même, ne pas suivre les tendances, rester authentique. Donc je reste sur ce choix.
À l’inverse ça peut être une bonne manière de cibler un public anglophone ?
C’est un marché plus compliqué vu la concurrence en Angleterre ou aux Etats-Unis. Mais via les plateformes de streaming c’est sûr on peut toucher du public. On a eu par exemple le single « Regular Guy » qui est passé à la BBC radio en chanson de la semaine, c’était vraiment très cool. Pour un artiste basé en France c’est quelque chose de fou ! Donc oui ça peut plaire, on a des retours sympas sur les réseaux de personnes basées en Angleterre.
Niveau musicale il y a un jeu pop solaire et un petit côté indie aussi, comment définirais-tu ton univers ?
Je ne revendique pas le côté indie mais il y a un mélange de plein de sonorités. Un peu de lo-fi, des guitares brit pop, une petite touche de gospel, d’années 80 dans les claviers et basse. C’est vraiment un mélange de tout ce qu’on aime avec mes musiciens. Ce qui crée ce mélange un peu indie pop assez solaire et anglais, pas basé sur les codes radiophoniques.
De quoi parlent les 5 titres ?
Ce sont souvent des histoires persos que je raconte. « Summer Feeling » parle de ma nostalgie une fois l’été finie j’ai toujours ce coup de blues et je sais bien que je ne suis pas le seul. « Regular Guy » parle d’être un gars « normal » fier de soi pas formaté, à l’heure où sur les réseaux sociaux tout est présenté comme parfait. « West Coast » parle de voyage et d’amour. « Feels Good » est ma première chanson d’amour heureuse, dédiée à ma copine. Ce sont des titres qui peuvent toucher tout le monde de manière assez simple. J’essaye souvent d’utiliser des thèmes qui me touchent, pas forcément positifs mais sur de la musique entraînante qui va un peu à contre-courant des paroles. L’EP est un voyage un peu introspectif d’un mec qui se pose des questions sur qui il est et qui se rend compte que ça peut être très bien comme ça.
« Mon rêve c’est d’avoir un jour à mon tour ma propre première partie »
Tu fais parti de la catégorie artistes indépendants, tu vois ça comme une liberté ou tu ressens certaines contraintes notamment financières ?
J’ai la chance de pouvoir faire ce que je veux quand je veux, sortir les titres quand je veux sans forcément suivre les codes d’aujourd’hui. Après j’ai une petite équipe sympa autour de moi mais on cherche la bonne personne en tant que directeur artistique. C’est bien de pouvoir choisir avec qui travailler. Niveau financier ça peut être compliqué, après on arrive à s’en sortir avec les streams, les concerts, on se débrouille comme on peut. Le vrai nerf de la guerre reste la promo, c’est important de pouvoir se faire entendre.
Comment essayes-tu de te démarquer ?
Je ne suis pas forcément le meilleur niveau communication, je fais des covers, j’échange avec mes abonnés mais je ne fais rien de spécial. Je viens de me mettre à TikTok je galère un peu… Après je vais chercher le public en faisant des concerts, c’est ce que j’aime le plus, pouvoir partager. Et j’ai eu cette chance de faire un tas de premières parties, des scènes partout en France.
Quel est ton objectif ?
À une époque quand j’étais jeune je rêvais de stades dans le monde entier, je me suis rendu compte que c’était vraiment donné à peu d’artistes. Maintenant j’ai juste envie de vivre de mes compos, de tourner au maximum, dans des festivals, faire plein de petites salles. Si je peux en faire 10 par an avec mon propre public je serai déjà le plus heureux du monde. Se faire plaisir aussi et gagner sa vie décemment.
Tu en parlais justement, tu déjà produit en première partie de Benjamin Biolay ou encore Amir et Louane, adaptes-tu ta setlist en fonction de l’artiste et son public ?
Non je me montre tel que je suis même si parfois forcément c’est totalement différent de l’univers de la tête d’affiche. Mais ça a toujours fonctionné comme ça, même si ça peut ne plaire qu’à une poignée de personnes. Le but c’est de montrer qui je suis, assumé, être fier de ce qu’on propose. Tous les artistes ont été hyper bienveillants. Mon rêve c’est d’avoir à mon tour ma propre première partie.
« Je pense qu’il ne faut pas tout miser sur un passage dans The Voice »
Tu as d’ailleurs un point commun avec Louane puisque tu as participé à la même saison de « The Voice », qu’est ce que l’aventure t’a apporté ?
C’est une expérience unique dont je me souviendrais toute ma vie. À l’époque je n’étais pas très fan de télé-crochets et je ne le suis toujours pas. De base je ne me sentais pas d’y aller, mes potes m’ont encouragé. Et en voyant le format je me suis dit que ça pourrait être un bon coup de pub pour mon groupe. J’ai eu des super coachs, un réel accompagnement musical, de super bons conseils. J’en suis ressorti avec de nouvelles armes vocales, j’y ai vraiment appris beaucoup de choses techniques. Et j’ai pu découvrir le milieu. Même si je pense qu’il ne faut pas tout miser sur ce passage.
D’après toi qu’est ce qui t’a manqué pour bien rebondir derrière ?
J’ai voulu prendre mon temps et je ne me suis pas forcément toujours entouré des bonnes personnes aussi. Maintenant je pense savoir d’avantage ce que je veux, ça reste une évolution permanente. Depuis un an je suis là où je veux être musicalement.
Quels conseils aimeraient-tu donner à de futurs candidats de télé-crochets ?
Ne pas essayer de copier ce qui se fait ou fonctionne, proposer quelque chose de nouveau sans se mettre la pression. Il faut apprendre à se connaître, s’assumer être soi-même, prendre le temps de se retrouver et un jour ça paiera.
Merci à Jude Todd
EP « Life on the Riviera » disponib
`Le récit solaire et entêtant d’un mec ordinaire épanoui, qui s’accepte tel qu’il est.
RDV en live au Supersonic le 11/01/2023
DROUIN ALICIA