Juniors ? Une histoire de cagnotte et d’amitié
Patrick et Jordan vivent à la campagne au sein du petit village de Mornas. A mille lieux de toutes animations, les deux adolescents s’ennuient à mourir et passent leur temps à jouer à la PlayStation. Le jour où cette dernière rend l’âme, ils décident de trouver de l’argent pour s’acheter une nouvelle console. Croyant faire preuve de malice, ils concoctent une vidéo afin de récolter des sous via Keewi en faisant croire que Jordan a un cancer. Face à l’emballement des internautes et à la solidarité de leurs camarades de classe, les deux compères se retrouvent très vite dépassés par les événements …
Une comédie entre Mortal Kombat et la Guerre des boutons
L’atmosphère de Juniors n’est pas sans rappeler l’esprit du film Microbe et Gasoil de Michel Gondry. Sur fond de Call of Duty, de tartines de confitures et de musique rap, ce teen movie nous fait parcourir les chemins de la campagne profonde tout en nous transportant sur les réseaux imprévisibles du Net. À mi-chemin entre Mortal Kombat et La guerre des boutons, le réalisateur Hugo Thomas propose une histoire décalée et pleine d’humour où les deux héros sont interprétés par des acteurs débutants qui ne manquent pas de talent.
Ewan, Noah et Vanessa Paradis
C’est Ewan Bourdelles qui prête sa malice et son énergie à Jordan. Avec son petit gabarit, son crâne rasé et sa nervosité, ce très jeune comédien nous fait parfois penser à une version juvénile de Vincent Cassel.
À ses côtés, l’attendrissant Noah Zandouche donne au personnage de Patrick une générosité teintée d’une candeur et d’une maladresse touchante.
Le contraste entre ces deux caractères est très amusant surtout lorsque l’on comprend que, par-delà leurs gabarits et leurs différences, ces deux gamins s’adorent et cherchent à tout prix un moyen d’obtenir la reconnaissance de leurs camarades de classe.
Pour compléter ce drôle de tandem, Vanessa Paradis interprète avec discrétion la maman de Jordan. Bien que ses apparitions soient plutôt rares, la comédienne apporte une certaine douceur à Juniors et incarne la part sociale de ce film: infirmière à plein temps, elle ne voit jamais Jordan et communique avec son fils par post-it interposés. À travers cette figure de mère divorcée qui est sans cesse absente pour sa progéniture, le réalisateur Hugo Thomas insiste sur les responsabilités des parents, montre les dérives des enfants livrés à eux-mêmes et souligne l’importance d’un encadrement quotidien.
Entre teen movie et comédie bon enfant, Juniors porte un regard plein de bienveillance sur le passage si particulier de l’adolescence et sur l’importance de l’amitié. En ces temps de « cagnottes », il nous laisse aussi réfléchir sur l’impact et le pouvoir des réseaux sociaux …
PS : Respect pour la prestation du prof de self-defense Franck Ropers dans son propre rôle.