Après un redémarrage convaincant en 2022, la Japan Expo remettait une nouvelle fois le couvert pour le week-end du 14 juillet. C’est justement ce jour de fête nationale que nous avons choisi pour voir si la fête du Japon en France parvenait à transformer l’essai.
A l’arrivée, le panorama du salon parisien est immédiatement familier : jeux vidéo, mangas, tourisme, goodies… Tout est à la même place et les habitués n’ont aucun mal à aller d’une zone à l’autre. Les tapis de couleurs qui guident les festivaliers vers les différentes scènes font à nouveau preuve de leur utilité dans des allées fortement congestionnées.
Jeu vidéo : on a vite fait le tour…
Mais si l’organisation de la Japan Expo reste impeccable, le contenu ne poursuit pas toujours les efforts entamés en 2022. Si l’on prend la partie jeu vidéo, le salon est même un peu sur le déclin. En effet, seuls Hoyoverse, Nintendo et Level Infinite étaient présents pour proposer essais de jeu, animations et goodies. Où sont Sega, SquareEnix, Plaion, Capcom ou encore BandaiNamco? Cette partie fait un peu vide, surtout que les présents sont loin d’être irréprochables : la boutique Hoyoverse était quasiment toujours fermée et seuls quelques chanceux ayant attendu devant ont eu le droit d’acheter quelques précieux objets collector de Genshin Impact, Honkai Star Rail ou Honkai Impact 3rd. Par ailleurs, Zenless Zone Zero, le prochain jeu de l’éditeur, n’était pas sur le stand alors qu’une démo sera déployée à la Gamescom le mois prochain.
Nintendo était lui fidèle au rendez-vous avec son habituel vaste stand, mais celui-ci n’avait comme exclusivité guère que Pikmin 4, et encore à quelques petits jours de sa sortie. Le constructeur s’est concentré sur ses jeux familiaux déjà sortis comme Everybody 1-2 Switch. Ce dernier était fortement mis en avant, il faut dire que les rapports montrent qu’il a bien du mal à se vendre. Aucune démo en revanche des jeux à venir cet hiver. Il est vrai que la Switch n’en a plus pour longtemps, une nouvelle machine étant attendue pour l’an prochain.
Level Infinite faisait figure d’exception avec un stand consacré à un seul jeu. Nikke Goddess of Victory faisait le show avec de nombreux coplayers et cosplayeuses, des distributions de goodies et un grand écran montrant le menu du titre.
Nikke Goddess of Victory est un shoot’em up pour smartphone plutôt fun et très accessible. C’est un peu l’équivalent de Girls Frontline dans le genre action : le joueur forme une escouade de jolies filles qui vont combattre des machines devenues folles. Il y a diverses spécialisations (mitrailleuse, lance-roquettes, sniper…) et le design des personnages est attirant quoique très inégal. Il est tout a fait possible de progresser sans payer. Les microtransations ne servent qu’à accélérer l’obtention des unités les plus rares, dont le taux est étonnament favorable d’ailleurs. Un très bon jeu pour passer le temps et s’amuser sans se prendre la tête.
Vega Dupuis fait rêver les fans de mangas
Le groupe Vega-Dupuis tenait une conférence sur les prochaines licences qu’il va traduire du japonais à partir de fin 2023. On les remercie chaudement de cette initiative car c’est l’une des rares présentations qui nous a fait regarder vers l’avenir avec des vraies découvertes et surprises.
L’éditeur commence par Superbeasts et c’est sûrement là sa plus grosse prise. Superbeasts est une histoire de kaijû pur jus, où les humains mènent une lutte acharnée contre des créatures géantes. Les similitudes avec Kaijû n°8 sont flagrantes, même si on sent déjà une atmosphère différente, plus classique dans le sens des films Kaijû d’époque, dans les des deux premiers volumes parus au Japon. Le premier volume en français de Superbeasts devrait arriver début 2024. On essaiera d’y revenir plus en détail d’ici là. Le manga Superbeasts est en fait inspiré d’une série d’artworks de l’illustrateur Toy(e), qui sortiront en artbook également chez Vega-Dupuis.
Autre annonce d’importance, le catalogue Vega-Dupuis va accueillir la version manga de Reborn as a Vending Machine, I Now Wander the Dungeon. Cette acquisition a évidemment un écho particulier puisque l’anime vient de démarrer partout dans le monde. Nouveau symbole de ce que le Japon peut produire de bizarre, l’histoire est celle d’un homme réincarné en distributeur automatique de boissons dans un monde heroic fantasy dont les habitants n’ont évidemment jamais rien vu de tel. Le paradoxe du cola et des boissons énergisantes dans un univers médiéval sera l’intérêt de ce titre à venir en 2024.
Il est difficile de revenir sur toutes les nouveautés ici (Vega-Depuis a par exemple bien boosté son catalogue shojo pour l’an prochain), mais on citera une dernière révélation des plus intéressantes, appelé chez nous Stardust Family. Cette œuvre en deux volumes montre un futur d’anticipation des plus étranges, dans lequel fonder une famille est devenu un droit très limité. Et pour choisir les couples qui recevront ce droit, ces sont les enfants qui vont tester et noter les adultes! Un renversement des rôles qui éveille la curiosité.
Comme souvent, ce sont les allées du salon qui renferment les curiosités et autre merveilles de la Japan Expo. A condition bien sûr d’avoir rempli son portefeuille, surtout si l’on veut un souvenir du stand Ghibli dont les prix donnent quelques sueurs froides. Comptez 555€ pour un reproduction du chien du Château Ambulant, ou 79€ pour un store en tissu (trois fois le prix japonais pour ce type de produit).
Si vous n’avez pas cette somme, vous pouviez en revanche vous rafraîchir avec l’eau aromatisée Naruto : pêche pour Itachi, Fraise pour Sakura, etc. Ces bouteilles coûtent le somme assez modique de 2,50€. D’autres boissons à thème étaient disponibles à des prix légèrement plus élevés, mais pas exagérés, ce qui est à saluer. Il y avait aussi un très large choix de paquets de friandises contenant des cartes à collectionner. Pour un instant, on se sent vraiment au Japon.
Pour ceux qui ne veulent pas seulement s’y sentir, de nombreux services touristiques et autres stand représentant des régions japonaises venaient conseiller les festivaliers sur un éventuel prochain voyage. Takamatsu, Osafune, Kyoto… les idées et les renseignements ne manquent pas.
Toujours au détour des allées, on s’aperçoit que le jeu de cartes Pokémon prend de l’ampleur. La boutique Parkage déployait un assez grand stand pour ce seul TCG (alors qu’ils en gèrent beaucoup d’autres). On apprécie la présence de nombreux accessoires de rangement introuvables ailleurs, d’énormes decks et packs spéciaux. C’est là aussi qu’on peu constater la hausse de valeur considérable des cartes. Rendez-vous compte qu’un Mewtwo non édition-1 s’échange à présent 90€!
Petit détour par Celio qui a largement étoffé son catalogue de produits dérivés de mangas pour cette Japan Expo. En plus de larges collection One Piece et Pokémon, la marque inaugure des vêtements inspirés de Spy x Family. Il y avait du choix, pull ou T-shirt très joliment décorés, et c’est même pas cher!
Ken Akamatsu se livre en conférence
La journée s’achève par une conférence avec l’invité phare de cette Japan Expo 2023 : Ken Akamatsu, le mangaka qui a créé les œuvres majeures que sont Love Hina, Negima et UQ Holder. La discussion tourne autour de l’influence du manga à l’international, mais tourne vite aux confidences. Maintenant devenu parlementaire, M. Akamatsu confirme que l’exécutif nippon joue à fond le soft power et le manga est désormais un moyen de briller à l’étranger.
Il revient sur son début de carrière : il a toujours dessiné d’abord pour se faire plaisir et n’avait pas spécialement la sensation d’influencer le public, mais Love Hina a changé cela. De manière assez intéressante, il révèle que la série devait s’arrêter au tome 8, sauf que son éditeur lui aurait alors demandé de continuer, vu le succès de la série. Pour la première fois, dit-il, il se rendait compte qu’il créait pour les autres et pas seulement pour lui-même. Il ne sait pas s’il reviendra de la politique au manga, mais il a déjà sa prochaine idée : un manga avec pour thème un parlement composé de jolies filles! Si on est très fan et un peu mesquin, on pourrait secrètement souhaiter qu’il ne gagne pas les prochaines législatives…