Diffusé en 2021, The World’s Finest Assassin Gets Reincarnated in Another World as an Aristocrat a eu suffisamment de succès pour que son comité de production annonce récemment une saison deux, bien qu’aucune fenêtre de diffusion ne soit connue. La manga, quant à lui, a continué sa parution au Japon comme aux Etats-Unis. Dans ces perspectives, il est intéressant de faire le point sur cette licence.
L’animé tiré de light novel de Rui Tsukiyo essaie de faire de l’isekai un peu autrement, et en cela, il se débrouille pas trop mal. L’histoire suit tout d’abord un assassin vétéran qui, victime de son milieu professionnel franchement ingrat, est froidement supprimé par sa propre organisation. Mode isekai oblige, celui-ci est réincarné dans un monde médiéval aux accents d’heroic fantasy, avec tout ce que ça suppose de magie et de chevalerie. Mais là où The World’s Finest Assassin (on va écourter le titre) diffère, c’est que l’inévitable déesse qui organise le “transfert” lui demande… de tuer le Héros de son monde.
Revenu au statut de jeune homme séduisant, Lugh (comme il est nommé dans ce nouvel univers) tombe comme par hasard dans une famille d’aristocrates qui sont en secret des assassins au ordres du royaume. Il est aux premières loges pour apprendre les techniques de combat de ce monde et prépare son affrontement décisif avec le Héros. Il ne le connaît pas encore et le temps lui est compté : peu de temps après son éveil, le Héros perdra la raison et détruira tous les royaumes, celui de Lugh compris.
Trop lent, trop peu, une première saison finalement poussive
Autant ne pas tourner autour du pot : la saison de l’animé, qui ne couvre que les deux premiers mangas, est plus qu’inégale. Malgré son opening tout simplement exceptionnel et une introduction alléchante, il a du mal à garder un rythme qui préserve l’intérêt. Alors que d’autres animés bâclent leurs arcs narratifs beaucoup trop vite (coucou Date A Live), The World’s Finest Assassin passe bien trop de temps sur des détails. Si Lugh fera à coup sûr le bonheur des amateurs (et amatrices) de mâles surpuissants, on peut se demander pourquoi on a eu tout un épisode sur le passé de Maha (vu qu’elle revient peu par la suite) et une séquence interminable sur la vente de parfums. Pardon, mais on s’ennuie!
Alors certes, cette saison d’anime est plutôt centrée sur le développement des personnages et leurs relations entre eux. Lugh s’alliera tour à tour avec la princesse Dia, sa servante Tart (drôle de nom) et l’espionne Maha. Le casting parfait d’une comédie romantique, chose que l’anime ne devient jamais vraiment. L’entraînement et la montée en puissance de Lugh est bien mise en valeur, et Dia se joint quelque fois à lui pour étudier la magie dans des séquences assez mignonnes. Tart a un plutôt bon épisode introductif qui développe à la fois le personnage et ses capacités. Elle reviendra pour quelques scènes drôles ou charmantes mais est cantonnée comme les autres filles à de la figuration, ce qui finit par être frustrant.
Le manque cruel d’action n’aide pas à équilibrer le narratif. En cela, l’anime ne revient étonnement jamais sur la scène introductive, flash du futur de l’équipe montré en teaser, ni ne reproduit la qualité de l’action vue dans ces cinq premières minutes. C’est quand même gênant quand la première scène d’action est la meilleure et presque la seule… A noter que le manga ne commence pas du tout de la même manière, preuve d’un choix délibéré du comité de production de l’animé pour vendre sa saison alors que le contenu global ne suit pas tout à fait. Le reste de la saison est beaucoup trop descriptif, comme si l’anime voulait absolument conter le roman mot pour mot. On le redira jamais assez, la télévision et le livre sont deux media différents dont le format, le rôle, les attentes et l’appréciation divergent.
Le manga passe à la vitesse supérieure
A ce point de la démonstration, on pourrait perdre espoir en la licence, mais c’est sans compter la très bonne suite actuellement en manga. Lugh rencontre en effet Epona, le fameux Héros qu’il doit assassiner, dans une école de chevalerie où ils sont tous deux élèves. Cela introduit pour la première fois un vrai suspense car le Héros est surpuissant, dépassant de loin les capacités de Lugh qu’on avait jamais vu autant sur la défensive. L’action prend une toute autre dimension, à travers des combats fascinants et surtout bien détaillés. De plus, les deux sont codisciples et Lugh n’aura pour ainsi dire qu’une seule occasion de frapper.
Il y a également dans cette suite sur papier une bien meilleure cohésion d’équipe entre Lugh, Dia et Tart puisque les deux filles sont aussi camarades de classe. Elles sont maintenant beaucoup mieux intégrées à l’histoire et même aux combats! Le manga amène une nouvelle menace, des orcs aussi vils qu’imposants, et tous trois vont coopérer pour la première fois dans une longue séquence assez bluffante et bourrée de suspense. On a vraiment fait du chemin… Sur le plan graphique, le mangaka Hamao Sumeragi est peut-être un peu en-deçà du top niveau, multipliant expressions faciales un peu simplistes et bulles très schématiques, mais il sait également donner le meilleur lors des scènes romantiques ou de bataille. Les volumes 5 et 6 sont des modèles du genre à ce niveau.
Même en étant en attente de la seconde partie de l’animé, on aurait tort de se priver de cette suite en manga qui, en plus d’être bien plus palpitante que la première partie, renverse le cours de l’histoire de manière spectaculaire et trouve enfin le bon équilibre. Evidemment, rien n’interdit de regarder l’animé pour s’imprégner des fondamentaux du scénario, et de profiter des quelques bonnes scènes. Mais c’est bien vers le papier qu’il faut se tourner en priorité pour The World’s Finest Assassin.
The World’s Finest Assassin Gets Reincarnated in Another World as an Aristocrat
Editeur Japonais : Kadokawa Comics Ace
Editeur Américain : Yen Press
Diffuseur Français : Crunchyroll
Genre : Isekai