Après les multiples brèves annonçant des licenciements ici et là dans le domaine du jeu vidéo, d’aucun prédisent déjà la décroissance de l’industrie. Mais ce n’est très nettement pas le cas en France, marché qui va toujours plus haut comme s’en félicite le SELL dans son rapport annuel.
9,9%, soit 500 millions d’euros de plus. C’est le dynamisme presque isolent du business gaming hexagonal, alors qu’on nous rabâche presque tous les jours que les français sont affamés par l’inflation. Peut-être oublient-ils leur ventre vide quand ils jouent à la console, puisque c’est précisément le segment de nos bonnes vieilles machines dédiées qui concentre la hausse avec +24% sur un an. Les joueurs français se sont jetés sur une PlayStation 5 plus disponible, produit au demeurant peu économique et seule console de l’histoire ayant subi une hausse de prix. Pour la première fois dans l’hexagone, les ventes de console ont franchi le milliard d’euros de ventes.
L’écosystème console ressort donc considérablement renforcé de 2023 : c’est la moitié de la valeur totale du jeu vidéo en France, le PC et le mobile ayant un quart chacun. 65% des jeux console sont vendus en dématérialisé, presque les trois quart si l’on ajoute les jeux PC. Dématérialisé qui fait un bond de 40% en un an, pendant que le format physique se tasse. Depuis la crise du COVID, le nombre d’acheteurs de jeux dématérialisés a doublé!
Comme à chaque édition, le rapport du SELL révèle les ventes totales de jeux en France (physique + dématérialisé), seul occasion de l’année donc de connaître l’état réel du marché software. Sony sort vainqueur de ce bilan, avec 13 jeux PlayStation dans le top 20 en valeur, contre cinq jeux Switch et deux sur Xbox. Dans le classement global, EA Sports FC 24 est largement en tête et ne souffre pas du changement de label. Hogwarts Legacy, le grand succès de 2023, le suit et The Legend of Zelda Tears of the Kingdom ferme le podium.
Dans le top 10, on retrouve sans surprise des hits de 2023 comme Diablo IV, Marvel’s Spider-Man 2 et Assassin’s Creed Mirage qui constitue un retour réussi pour Ubisoft. Toujours à l’actif de l’éditeur Français, les pourtant discrets The Crew Motorfest et Avatars Frontiers of Pandora récoltent 10 millions d’euros chacun. Fin d’année salvatrice pour Ubisoft qui peut de nouveau préparer l’avenir avec sérénité.
Les joueurs PC ont une nouvelle fois bien plus dépensé en matériel qu’en jeux, ce qui n’est guère surprenant vu les configurations très chères exigées par les jeux AAA. La surprise se situe plutôt dans le type de PC, puisque 67% de la valeur représente des ordinateurs portables dédiés au gaming, contre seulement 33% de fixe. Les DLC, micro transactions et abonnements MMO représentent 60% des dépenses. C’est seulement 19% sur console.
Diablo IV est le clair gagnant de l’année sur PC, engrangeant deux fois plus de chiffre d’affaires que Hogwarts Legacy en deuxième position. Starfield s’illustre en cinquième position, contrairement à la version Xbox bien absente du classement. La plus grosse exclusivité de Microsoft n’aura pas réussi à relever sa console dans l’hexagone.
Au niveau sociologique, le SELL annonce que 54% des français jouent aux jeux vidéo de manière “régulière”. Sauf que pour l’étude, un joueur qui déclare jouer au moins une fois par semaine, indépendamment de la durée et du support, est “régulier”. C’est évidemment bien peu sérieux comme étude. L’individu lambda qui allume Candy Crush dans le métro est loin du joueur chevronné. Le chiffre des core gamers français est plutôt de l’ordre de 20% à 30%, soit ceux qui déclarent jouer plusieurs fois par jour ou sur plusieurs supports. Cela fait quand même environ 10 millions de personnes dont la consommation de jeux vidéo est élevée, chiffre qui explique aisément pourquoi le marché tricolore est si fort.