Viggo Mortensen créé le Western romantique
Le nouveau film de Viggo Mortensen est une histoire d’amour tragique sur fond de guerre de Sécession. Dans les années 1860, un immigré danois, Holger Olsen tombe amoureux d’une québécoise répondant au nom de Vivienne Le Coudy. Indépendante et volontaire, la jeune femme va gouter aux premières joies du mariage jusqu’à ce que son époux s’engage sous les drapeaux aux côtés de l’Union. Se retrouvant seule au cœur d’un Nevada hostile, Vivienne va devoir faire face à la rudesse et à la brutalité d’un monde très masculin.
Vicky Krieps, une superbe interprète sans artifice
Viggo Mortensen est à la fois le réalisateur, le scénariste et l’acteur principal de ce nouveau long-métrage. Inspiré par sa propre mère qui a grandi à proximité d’une forêt entre la frontière canadienne et le nord-est des Etats-Unis, il a choisi de donner le rôle principal de son western à une québécoise du nouveau monde, Vivienne Le Coudy. Farouche, libre et téméraire, son héroïne charme les spectateurs par son anticonformisme et les impressionne par sa capacité de résilience. Tout au long du film, Vivienne va, en effet, faire preuve d’un courage sans borne auquel va se rajouter une vocation pour le pardon.
C’est à Vicky Krieps que revient ce rôle ardu et la comédienne s’en sort avec autant de force que de grâce. Dans la lignée du film Corsage (2022) où elle interprétait avec brio l’indomptable Elisabeth d’Autriche, Vicky Krieps endosse de nouveau un rôle de femme ultra indépendante en lutte contre les injonctions d’une société patriarcale.
Véritable « Jeanne d’Arc parmi les cowboys », elle fait de son personnage une pionnière dans tous les sens du terme : pionnière sur une terre rugueuse à conquérir, mais aussi pionnière par son avant-gardisme et ses revendications de femme libre. À la fois douce, espiègle et un brin sauvageonne, Vicky Krieps nourrit avec talent toute la complexité de sa protagoniste et nous séduit par la beauté simple et authentique qui se dégage de sa personne.
Viggo Mortensen en “cowboy scandinave”
Le duo que forme Vicky Krieps avec Viggo Mortensen est plein de charme malgré les différences qui caractérisent leurs personnages. Aussi amoureux qu’indépendants la rencontre entre Vivienne et Olsen créée une intéressante alchimie.
Avec ses yeux clairs, sa belle carrure et son étoile de shérif, Viggo Mortensen n’a pas besoin de se forcer pour avoir des allures de « cowboy scandinave ». Solitaire, taiseux et assez paresseux, son protagoniste aime sincèrement Vivienne et se différencie de tous les mâles de cette histoire en acceptant avec sincérité l’indépendance de sa femme.
L’ensemble des congénères qui entourent Olsen sont d’ailleurs aussi machistes que corrompus et ce quelle que soit leur fonction : entre le maire, le juge et le patron du saloon, sans parler de l’abominable propriétaire terrien Weston Jeffries ou de son fils sociopathe, ces messieurs incarnent à ravir un nid d’ordures au sein d’une ville plus que gangrénée.
Un Western au féminin ?
En situant son histoire dans la petite ville d’Elk Flats au fin fond du Nevada, Viggo Mortensen nous plonge dans le cadre traditionnel du western américain avec sa rudesse et ses injustices. Il renouvelle cependant ce genre en s’intéressant à la psychologie profonde d’un personnage féminin et en construisant sa mise en scène autour d’une réelle histoire d’amour.
Au fil du récit, on se dit que ce réalisateur possède une âme aussi romantique que justicière. A la fois sensible et admiratif à l’égard de son héroïne, il nous offre un regard singulier et inattendu sur le rôle des femmes en plein Far West.
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
Jusqu’au bout du monde
The Dead don’t hurt
Un film de Viggo Mortensen
Avec Vicky Krieps, Viggo Mortensen, Solly McLeod
En salles actuellement
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