Et si celui que vous aimiez était aussi celui qui vous faisait le plus de mal ? Un dilemme au coeur de « Jamais plus – It ends with us ». Un film adapté du célèbre roman de Colleen Hoover mariant amour passionnel et violences conjugales. Avec pour fil conducteur la relation en rose et noir de Lily Bloom et Ryle Kincaid. Debrief

Jamais plus - it ends us -

Un bouquet d’épines

Il est brun ténébreux, charismatique, neurochirurgien et enfin prêt à s’engager. Un prince pourtant pas si charmant qui va faner la vie de Lily Bloom, fleuriste en pleine éclosion. La première demi heure du film a pourtant tout d’un conte de fée. Un doux parfum de comédie romantique qui en a tous les pétales. Une rencontre sur le toit d’un building de Boston, une discussion à coeur ouvert puis un premier baiser passionnel accompagné de belles paroles pleines de promesses. Mais aussi des tenues de bal ou encore une amie confidente (Alyssa). Difficile pour le public de ne pas succomber au charme du beau Ryle qui semble avoir tout pour plaire, ni d’imaginer déjà le traditionnel happy ending « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants… ». Un couple uni pour le meilleur mais malheureusement aussi pour le pire. Car derrière l’idylle naissante fusionnelle des deux personnages principaux se cache en réalité une histoire d’amour épineuse. Une foret de mauvaises herbes avec pour prologue l’enterrement du père de l’héroïne. Un sommeil éternel réveillant ses douloureux souvenirs d’enfant témoin des violences conjugales dont était victime sa mère. Lily elle est bien décidée à briser ce cycle et recoller les morceaux de son coeur brisé par son premier amour, Atlas parti rejoindre l’armée. Un passé sentimental et familial défraichi qui fait l’objet de nombreux flash back participant à l’intrigue. Reculer pour mieux zoomer sur cette idylle actuelle aussi fusionnelle que tumultueuse. Une vie en rose qui vire au bleu sur le visage de Lily au cours d’une dispute conjugale pour un simple plat brûlé. Un «accident » d’abord pardonné puis une bousculade dans l’escalier qui fait germer les premiers doutes. Des scènes capitales d’abord un peu floues. Ici pas de trace de lutte ni de brutalité et très peu de sang, contrairement à la plupart des productions mettant en lumière un sujet de société si alarmant. Le parti pris étant d’axer la réalisation sur la psychologie des personnages. Un double écran faisant défiler les pensées de la jeune femme désherbant peu à peu la réalité. Avec une question dilemme sur toutes les lèvres « Est-il plus facile de rester ou partir ? ». Jusqu’à un tête à tête musclé qui fait déborder le vase et ouvrir les yeux à la victime comme aux spectateurs. Un bouquet final redessinant le portrait de cet homme un peu trop parfait. Un individu sombre terni par ses vieux démons et sa jalousie maladive. Une relation toxique couplée à un triangle amoureux complexe avec au sommet Atlas, s’avérant finalement être le véritable héros de cette romance.

Jamais plus - it ends us -

Des librairies aux salles obscures

Contrairement à la plupart des films, ici on ne peut juger la qualité du scénario qui n’est pas une création pure. Une histoire déjà lue par des millions de lecteurs partout dans le monde depuis sa sortie en 2016. Dont plus de 750 000 exemplaires dans les rayons français. Un best seller signé Colleen Hoover, au top 5 des meilleures ventes catégorie roman. Devenu même un succès viral sur BookTok , communauté des férus de lecture sur TikTok. Un phénomène de la new romance mêlant amour et psychologie un peu comme « 50 Nuance de Grey » et qui comme cette saga voisine, est à présent diffusé sur grand écran. Une adaptation racontée avec beaucoup de justesse par Justin Baldoni dans le rôle de Ryle Kincaid. À son bras, Liy Bloom incarnée elle par Blake Lively, alias Serena dans la série jeunesse « Gossip Girl » qui a depuis bien gagné en maturité. Des images réveillant les souvenirs du récit d’origine à quelques détails prés et passages écourtés. Entre autre le lien fraternel entre Lily et Alyssa qui paraît un peu moins fusionnel. Pas de trace non plus du journal intime de Lily qui dans sa jeunesse adressait de nombreuses lettres à son idole Ellen DeGeneres. Sans doute pour une question de droits ou de choix, le film résumant tout de même 445 pages en 2h10. Une trame malgré tout respectée avec ses qualités et ses défauts. À commencer par la trop grande « romantisation » des violences conjugales. Ou encore l’image de Ryle un peu trop rose à qui l’on semble trouver des excuses pour son comportement. Un anti-héro vaincu par le courage et la résilience de son adversaire. Et si Lily parvient à dire « Jamais plus » les spectateurs eux sortent de la salle en voulant lire ou relire (sans doute pour la majorité) « Encore une fois » les 35 chapitres.

L’info + : Pour les fans de Lily, Collen Hoover raconte la suite de ses aventures dans « A tout jamais », un tome 2 sorti en 2023. Le dernier ouvrage de l’autrice américaine s’intitule « Entre nous ».

DROUIN ALICIA