Vous ne faites pas partie des 10 millions de spectateurs à avoir visionné « Un p’tit truc en plus » au cinéma ? Alors offrez vous une séance de rattrapage. Le film phénomène étant à la fois toujours à l’affiche et à présent disponible version DVD ou VOD. Une comédie populaire incarnée par une drôle d’équipe des plus attachante. Debrief.
Cavale rocambolesque et joyeuse troupe
« Si tu prends ma place, prends mon handicap » une phrase préventive qu’a visiblement pris au pied de la lettre Artusalias Paulo, personnage principal de « Un p’tit truc en plus ». Un malfrat quelque peu maladroit qui a justement mal stationné son véhicule le temps de braquer une bijouterie en compagnie de son père surnommé « La Fraise ». Un tandem qui plutôt que de fuir à pied trouve refuge dans le bus d’une colonie de vacances. Avec à bord non pas des jeunes enfants agités mais une dizaine de jeunes adultes atteints de handicap mental. Sylvain atteint de trisomie 21 manque à l’appel. Une aubaine pour Paulo qui décide de se faire passer pour ce dernier, tandis que son associé (Clovis Cornillac) devient Orpi éducateur spécialisé. Un début de cavale rocambolesque à destination d’un centre de vacances en pleine campagne auvergnate. Ici pas de piscine ni room service mais plutôt un dortoir collectif à partager avec Boris, amateur de déguisements tous plus loufoques les uns que les autres. Mais aussi Baptiste, atteint de troubles autistiques, grand passionné de foot surtout de Cristinao Ronaldo. En passant par Alexandre et ses tirades sous forme de discours politiques, Marie qui à cause de sa myopie reçoit tous les projectiles dans la figure, ou encore Ludo et ses gros mots. Tous incarnés parfaitement par des acteurs atteints eux-mêmes d’handicap. Des colocataires dont se moquent gentiment Paulo et son père qui n’ont au départ qu’une idée en tête : s’échapper de nouveau. Mais c’était sans compter sur le « p’tit truc en plus » de ces personnages énergiques et naturels des plus attachants qui vont devenir de véritables rencontres humaines. Une évasion qui peu à peu va virer en une leçon de vie sur fond de scènes poilantes et comique de répétition. Parmi lesquelles des parties de foot pas comme les autres, le service de repas quelque peu écoeurant, ou des séances d’ombres chinoises à la tombée de la nuit. Sans oublier les moments de fête au son du hit « Clic Clic pan pan » de Yanns. Des gags parfois grossiers mais souvent drôles. Une comédie feel good et familiale déjouant les clichés autour du handicap avec humour et sentiments. Mettant sur un pied d’égalité valides et non valides avec beaucoup de bienveillance. Un film ancré dans la réalité soulignant au passage l’importance des aidants à travers la voix d’Alice, éducatrice dévouée et passionnée. Ainsi que ses collègues Céline et Marc faisant son possible pour se rendre utile quitte à frôler parfois le ridicule. Une joyeuse troupe qui malgré les différences de chacun va apprendre à vivre ensemble, uni autour d’un message de tolérance et d’acceptation.
Un « handi-succès » surprise
Un scénario validé et même salué par les associations, estimant qu’« Un p’tit truc en plus » offre une vision plutôt réaliste et humaine du handicap mental. Un sujet pourtant risqué à l’heure où il est de plus en plus complexe de rire de tout sans froisser une partie du public. Et qui pourtant avait fédéré 19,5 millions de spectateurs devant « Intouchables». Score que rattrape cette première réalisation signée Artus habituellement de l’autre côté de la caméra ou sur scène, où il avait imaginé il y a quatre ans un sketch autour du handisport. Un projet qu’il a pris le temps de murir quelque peu freiné par le manque d’enthousiasme des producteurs. À présent validé par le métier et même certifié d’honneurs au Festival de Cannes. Un succès surprise dés sa mise en salle le 1er mai dernier où se sont empressés 279 635 spectateurs. Un démarrage historique juste derrière « Bienvenue chez les Ch’tis » qui a grimpé jusqu’aux 20,5 millions d’entrées. Si pour l’heure « Un p’tit truc en plus » n’est encore qu’à la moitié du leader français il réalise tout de même une performance rare avec ses 10 millions au compteur. Un seuil franchi le 17 août dernier en seulement trois mois et demi d’exploitation. De quoi en faire le plus gros succès cinématographique tricolore depuis la crise sanitairedu Covid-19 et même des dix dernière années. Devant « Qu’est ce qu’on a fait au bon Dieu ? » et à une poignée d’entrées d’un classique comme « Le Corniaud » de De Funès-Bourvil et même de blockbuster américain comme « Avatar» ou « Dune ». Des chiffres permettant ce nouveau succès populaire au sens noble du terme, d’intégrer le classement des plus gros succès du box-office en France de tous les temps à la 30ème position, et même à la 12ème place catégorie française. Un phénomène qui devrait s’étendre dans le reste du monde grâce à sa vente dans une quinzaine de pays. Une suite semble même envisageable. Pour l’heure douze minutes de making-of rythment le générique de fin de séance. Et un documentaire sur les coulisses serait en préparation pour l’an prochain.
DROUIN ALICIA
