Auréolé d’un nombre record d’exposants, le Tokyo Game Show ouvrait à nouveau ses portes aux journalistes et public du monde entier. Entre grosses productions et essor du free to play, ce salon 2024 d’un gigantisme impressionnant laisse une impression bizarre.
Autant prévenir tout de suite, le free to play avait une place considérable dans cette édition 2024 du salon tokyoïte. Place du reste proportionnelle a celle que ce modèle a maintenant sur le marché, donc on sera peu surpris. Deux titres préparent leur arrivée sur le marché nippon après une période test en Chine. C’est le cas de Girls Frontline 2 Exilium, appelé Dolls Frontline au pays du Soleil levant. Pour rappel, c’est un jeu de stratégie militaire avec de jolies filles pour soldats.
Girls Frontline 2 retrouve l’orientation RPG-stratégie de sa préquelle : les missions se déroulent sur une carte quadrillée où l’on déplace les unités de point en point en essayant de rester à couvert. L’importance du placement des unités tient dans le fait que toutes celles à portée tirent après une attaque du personnage actif. On peut ainsi faire de gros dégâts avec de nombreux tirs croisés. L’interface montrait jusqu’à quatre capacités actives, une richesse intéressante même si le tout n’était pas très lisible sur la démo. La portée utile des différentes armes n’est pas évidente non plus.
En outre, le jeu manque de dynamisme car on est pratiquement tout le temps en vue aérienne. Il paraît urgent de varier les angles de caméra si l’éditeur veut éviter que les joueurs s’ennuient et lâche la partie. Le côté combat ne met donc pas assez en valeur les somme toute bons modèles 3D, mais les autres modes (non disponibles dans cette démo) pourraient apporter du piment. Tout cela est à vérifier lors de la sortie japonaise, et mondiale, en fin d’année.
La folie Persona bientôt de retour au Japon
Autre jeu à passer du continent à l’archipel, Persona 5 The Phantom X a fait grand bruit sur cette semaine de salon. Il fallait patienter une bonne heure pour y jouer lors des journées presse et quand le salon a ouvert au public, les tickets de réservations sont tous partis en un quart d’heure!
Il faut dire que la promesse du jeu de rôle récemment annoncé par Atlus est alléchante. Il s’agit de revivre l’expérience de Persona 5 et de la mettre dans sa poche : Persona 5 The Phantom X sortira sur téléphone en même temps que sur Steam. Tout est nouveau mais de même qualité que dans le chef d’œuvre de 2016, que ce soit la narration, la cadre estudiantin, les cinématiques, la drôlerie de l’écriture et des personnages, ou l’excellent système de combat au tour par tour.
Mais Persona 5 The Phantom X a déjà deux atouts de plus que sont aîné, puisqu’il est plus beau et qu’on y trouve déjà, avant même la sortie, plus de personnages tous particulièrement travaillés. Evidemment, tout cela sera sujet à tirages aléatoires, microtransactions et risque de coûter très cher. Mais il est fort à parier que les adorateurs de Persona ne compteront pas lors de sa mise en service au Japon, également dans quelques semaines.
L’exclusivité Sony Phantom Blade Zero était jouable sans faire la queue sur invitation, que nous avons pu avoir de la part de l’éditeur S-Games.
Jeu d’action pur, Phantom Blade Zero se démarque des Souls auquel on voudrait le comparer par son dynamisme exceptionnel. Ici, tout va vite, très vite. Les coups pleuvent et le croisement des lames produit des étincelles. Après un court tutoriel très bien fait, la démo lâche le joueur contre trois boss de férocité grandissante. Pour tout dire, s’il n’évite pas la première du troisième boss, le joueur encaisse un game over immédiat. La jouabilité est hyper bien conçue, si bien qu’on peut apprendre à jouer en quelques minutes.
Le contre et l’esquive rappellent beaucoup Stellar Blade, mais en plus pêchu et surtout beaucoup moins dur. Le challenge semble assez bien pensé avec trois niveaux de difficulté présents dans la démo. Les affrontements sont passionnants et il y a déjà de nombreuses armes et styles de combat différents. Phantom Blade Zero est un titre a surveiller an priorité sur PS5 et PC.
Playstation était de retour au Tokyo Game Show après une longue absence. Epuré, imposant, spacieux, son stand est un modèle du genre.
Monster Hunter Wilds, créature de tous les désirs
Plusieurs jeux y étaient jouables, mais beaucoup étaient déjà sortis ou allaient sortir. De fait, un seul titre attirait la foule vers le stand Sony : Monster Hunter Wilds. Monster Hunter est une série qui vend des millions d’exemplaires au Japon en quelques jours, et on ne pensait évidemment pas qu’il serait facile de mettre la main sur cet épisode PS5 à venir le 28 février prochain en même temps que sur Xbox Xeries et PC.
Même en journée presse, il fallait un ticket de réservation pour pouvoir y jouer et ceux-ci appartiennent ceux qui se lèvent tôt. Les tickets sont distribués en à peine une demi-heure le jeudi. Ce n’est que le lendemain que nous pouvons l’essayer, après avoir joué des coudes dès l’ouverture des portes.
On ne va pas se mentir, Monster Hunter Wilds est un jeu d’action extrêmement difficile à maîtriser dans le feu de l’action pour un débutant. La série de Capcom se veut la plus pointue possibe dans la chasse aux monstres géants, ce qui implique des contrôles complexes à base de menus multiples et d’innombrables combinaisons de boutons. Jeté comme ça contre un troupeau de mammifères surdimensionnés, il est proprement impossible de comprendre la gestion des dégâts, le soin, l’utilisation d’accessoires, le changement d’armes et leur manipulation très peu intuitive. Il faudra des heures de tutoriel pour espérer ne serait-ce que commencer à jouer à Monster Hunter Wilds. Espérons qu’il sera mieux fait dans le jeu final que dans la démo.
Sinon, Monster Hunter Wilds est un jeu magnifique qui donne vraiment envie de se lancer. La faune est très vivante et tout le gameplay basé sur la monture qui transporte le joueur est extrêmement plaisant. Cavaler à dos de monstre un milieu de créatures trois voire quatre, cinq fois plus grandes donne des sensations extraordinaires. L’animation ainsi que les textures ultra-riches le sont tout autant. Surtout que la monture est très réactive et répond à la seconde. On peut ainsi descendre et remonter rapidement, quand la situation est désespérée par exemple. La création de personnage a l’air satisfaisante, notamment grâce aux multiples armes disponibles dès le début. Le jeu a déjà montré un menu d’équipement particulièrement extensif.
Neverness to Everness, malgré son nom bizarre, est un futur free to play à surveiller. Le jeu développé par le studio basé à Pékin Hotta Studio s’était pourtant annoncé sans grand buzz médiatique, montrant peu de personnages, pas super charismatiques au demeurant.
Ceci dit, le petit quart d’heure passé dessus montre un titre aux graphismes plutôt léchés, de bonnes idées au niveau artistique et un gameplay jeu de rôle/action aux bonnes bases. Les personnages peuvent par exemple se relayer dans les combos comme dans Wuthering Waves. Les animations sont correctes, mais ont encore besoin de plus de variété. De près, le style anime de Neverness to Everness est splendide. Le niveau très élevé de détail dans la modélisation des personnages surprend pour un jeu qui sort comme ça de nulle part. Ca fait jusqu’à des expressions faciales développées et des cinématiques 3D du niveau de Genshin Impact.
Le faible temps alloué ne nous a pas permis d’en faire l’expérience, mais Neverness to Everness est principalement un monde ouvert 100% urbain avec des mécanismes à la GTA. Il est possible de rouler en véhicule et de se promener dans la ville, rentrer dans tous un tas de bâtiments, etc. Il est en cela similaire au Project Mugen de NetEase, sauf que ce dernier n’a pas donné signe de vie depuis de longs mois. Neverness to Everness, lui, paraît maintenant assez avancé : il pourrait sortir avant et empocher une bonne partie du marché. Il ne lui manque que des personnages supplémentaires un peu plus alléchants pour faire un tabac sur PS5, PC et smartphones.
Shopping, mission impossible?
Quand la journée se termine, le visiteur fait religieusement son shopping dans l’espace commerçant du hall 11. Enfin, s’il y parvient. La zone suit les horaires iniques du Tokyo Game Show et tire le rideau à 17h. Savourer ses emplettes signifie donc nécessairement un essai de jeu en moins. Ne pourrait on pas imaginer que les boutiques ferment par exemple une heure après le salon? L’achalandage était vraiment bon en 2024, avec de nombreux objets et vêtements tirés des derniers jeux du moment, en vente anticipée.
Mais même cela ne règlerait pas la gestion des stocks calamiteuse de certaines échoppes. A 16h le vendredi, une partie des produits dérivés Gakuen Idolm@ster sont déjà tous vendus, au même titre que certains T-shirts, etc. A présent considérable en termes de contenu, organiser son temps au Tokyo Game Show devient un vrai casse-tête. Après un nouveau record de presque 275’000 visiteurs cette année, l’heure est venue pour les organisateurs de songer à étendre le salon sur six jours au lieu de quatre.