LA VERGOGNE – THÉÂTRE DE BELLEVILLE
Retour au village
Suite au décès de son grand père, Hortense revient dans le bourg de son enfance pour y vendre la maison familiale. Retrouvant ses amis de jeunesse et les lieux de son passé, elle réalise à quel point les choses ont changé depuis son départ.
Au village, tout s’est assombri comparativement à ses souvenirs : la source s’est tarie, les gens se sont renfermés sur eux-mêmes et les feuilles d’acanthes ont envahi les maisons. Par-delà ce climat sombre et hostile, ce qui tourmente le plus Hortense est le mystère qui règne autour de la mort de son grand-père : aucun corps n’a été retrouvé et certains villageois prétendent même que le vieil homme a été tué… Entourée de mensonges et de secrets bien gardés, la pauvre Hortense va tout faire pour délier les langues et découvrir enfin la vérité.
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Flora Bourne-Chastel à la mise en scène
La Vergogne est la première mise en scène de Flora Bourne-Chastel. Auteur et comédienne, elle a conçu cet étrange récit en se basant sur sa propre expérience ainsi que sur des faits divers issus d’un journal régional.
La pièce est interprétée par la toute jeune compagnie Bleu Vendange qui propose un théâtre contemporain remettant en question la place du merveilleux au sein de notre société. Certes, leur spectacle comporte quelques maladresses et une ambiguïté excessive mais, dans son ensemble, il séduit par l’ambiance mystérieuse et les suspicions qui perdurent tout au long de l’histoire.
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Un inquiétant village
D’une part, il y a la mort du grand-père qui intrigue d’office les spectateurs car les commérages vont bon train : Est-ce un meurtre ? Un suicide ? Un accident ? Quelqu’un voulait-il récupérer les terres de ce vieil homme ou peut-être venger son honneur ? A l’exemple du personnage d’Hortense qui cherche des réponses, le public construit son raisonnement au fil de la pièce et des ragots qui la tissent.
Parallèlement à cette enquête, ce qui nous interpelle le plus, ce sont les relations existantes entre les habitants de ce village. On y rencontre Léno le gitan (Antoine Sastre) et sa mère trop possessive qui tente de vendre des mures à tous les passants. On y croise la belle Margot (Valentine Lauzat) aux moeurs saphiques dont le chagrin se noie régulièrement dans un flacon d’alcool. Et puis, il y a le personnage déstabilisant de Lavinia interprétée par Mélanie Peyre. : aussi folle que caractérielle, cette sauvageonne connait les secrets de chacun et les dissimule sournoisement dans les méandres de son esprit perturbé.
Tous ces êtres sont en souffrance mais ils vont peu à peu sortir de leur mutisme poussés par la candeur et les questionnements incessants d’Hortense (Maroussia Henrich). Ni citadine, ni paysanne, cette jeune fille cherche aussi sa place au sein de ce microcosme. Devenue une étrangère aux yeux de ses amis, elle réalise que le retour aux sources est plus dur qu’il n’y parait mais résiste aux reproches des villageois pour élucider le mystère qui entoure la disparition de son grand-père.
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Une ambiguïté excessive
La pièce de Flora Bourne-Chastel est intéressante car elle joue énormément sur les doutes et les sentiments refoulés de ses personnages. Tout y est flouté ou divulgué à demi-mots pour attiser la curiosité du public. On y évoque des caresses nocturnes et des désirs interdits. On y parle aussi de baguette de sourcier et de magie ancestrale.
Le côté fantasmagorique de cette histoire rurale est très présent et bien entretenu. Il nous rappelle parfois les récits de villages racontés par Pagnol où tout est pétri de vergogne et de souvenirs coupables. Dommage que la trame de ce spectacle soit parfois trop complexe et les relations assez confuses car celà nuit au dynamisme de la mise en scène. Des dialogues moins décousus et un récit un peu plus explicite seront donc les bienvenus pour de prochaines créations.
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La Vergogne – PDF SYMA News – Florence Ye?re?mian
La vergogne
Texte et mise en scène : Flora Bourne-Chastel
Avec la compagnie Bleu vendange : Sylvie Beurtheret, Jean-Baptiste Florens, Maroussia Henrich, Valentine Lauzat, Melanie Peyre et Antoine Sastre
Scénographie : Carine Ravaud
Musique : Grégory Joubert
Costumes : Gwladys Duthil
Lumières : Rémi Prin
Théâtre de Belleville
94, rue du Faubourg du Temple
Paris 11e
Réservation : 0148067234 http://www.theatredebelleville.com/programmation/la-vergogne
Du 16 au 27 mai 2018
Du mercredi au samedi à 19h15
Le dimanche à 15h
Relâche le 26 mai
1h20
Photos : Emmanuel Ciepka