SAMO – A Tribute to Basquiat
.
Qui est SAMO© ?
SAMO© (SAme Old Shit) est le pseudoyme que se donnait Basquiat durant ses jeunes années lorsqu’il taguait les murs de Manhattan. La metteur en scène Laëtitia Guédon et l’écrivain Koffi Kwahulé ont souhaité rendre hommage à cet artiste hors-norme avec une courte pièce retraçant ses premiers pas. Un spectacle multiple et expérimental à découvrir au Théâtre de la Tempête.
La genèse de Basquiat
Adolescent véloce et rebelle, Jean-Michel Basquiat a eu la chance d’être initié très tôt au monde de l’art par sa propre mère. Trimballé du MET au MOMA en passant par le Brooklyn Muséum, il a emmagasiné ce qu’il fallait de ces musées puis a commencé à tracer sa propre voie. Débutant sa carrière par de simples graffiti, Basquiat est aujourd’hui l’un des artistes les plus côtés au monde et sa magnifique exposition à la Fondation Louis Vuitton ne fait qu’asseoir sa réussite en affichant complet depuis des mois.
Face à cette carrière fulgurante, l’auteur ivoirien Koffi Kwahulé a voulu retracer la genèse de Basquiat bien avant les années glorieuses et dévastatrices. Il s’est donc penché sur son enfance fragile à Brooklyn, sur ses virées nocturnes dans les rues de New-York et sur sa quête identitaire au coeur d’une Amérique encore pleine de préjugés racistes.
.
Une mise en scène percutante
Afin d’ébaucher cette période d’errance, Laëtitia Guédon a opté pour une mise en scène percutante faisant appel à nos sens plus qu’a notre connaissance de Jean-Michel. A Tribute to SAMO n’est pas un traditionnel biopic théâtral, c’est une oeuvre fragmentée nous offrant des pistes sur l’univers sensitif et émotionnel de Basquiat. À l’inverse d’une biographie linéaire, cette performance a l’originalité de s’articuler autour de quatre artistes mettant en avant deux éléments omniprésents dans la vie de Basquiat : la danse et la musique.
Saxo & Break Dance
En ouverture de cette partition parfois complexe mais déployant une belle énergie vitale, on découvre l’acteur Eriq Ebouaney qui interprète le père de Basquiat : la narration sobre et autoritaire, il va et vient dans les pensées fluctuantes de son fils qui ne quémande que son admiration.
.
En échos aux paroles de cette violente figure patriarcale, l’instrumentiste Nicolas Baudino apporte une multitude de rythmes live : jouant les DJ des années 80 ou poussant des morceaux de jazz dans son saxophone, il gère avec habileté le mood du spectacle.
Répondant à ces mélodies, le danseur Willy Pierre-Joseph compose de son côté des torsions saccadées et frénétiques. Semblable à un pantin désarticulé, il confère à la pièce la vitalité désespérée qui caractérisait si bien l’art de Basquiat.
.
Enfin, c’est au comédien Yohann Pisiou que revient le rôle de l’enfant prodige : torse nu, tête rasée et les mains dissimulées dans des gants de boxe, il balafre les murs de ses réflexions, lutte pour se faire reconnaître et revendique avec hargne son statut d’Américain au même titre que les grands blancs qui l’entourent.
Un appel à l’imagination
Englobant plusieurs disciplines artistiques comme la danse, la musique et la vidéo, cet hommage à Basquiat est une proposition parfois chaotique mais intéressante. Si l’on ne connaît pas l’artiste, elle éveille nos sens et triture notre imagination grâce a la musique beat box de Blade Mc AliMbaye et à l’écriture très imagée de Koffi Kwahulé. Étonnamment vif et slamé, le texte nous fait songer à des haïkus théâtraux engendrant des visions fortes : un père violent, une mère en camisole, un jeune homme pétri de fêlures, un artiste énigmatique aux cheveux albinos….
C’est une approche abstraite mais elle est efficace. Si par contre l’on connaît l’art de Basquiat, on demeure un peu sur sa faim car sa peinture est vraiment absente de cette dédicace théâtrale. Pas une toile, pas une œuvre peinte ne vient nous questionner durant tout le spectacle. Pas de couleur non plus sur cette sombre scène, exceptés deux tristes néons vert et jaune.
Certes les débuts de Basquiat étaient essentiellement constitués de tags mais pourquoi se contenter du noir ? Les teintes éclatées de cet immense coloriste étaient-elles vraiment inexistantes quand il recouvrait de diatribes les murs de Brooklyn ?
Lorsque en fin de pièce SAMO© brise sa chrysalide pour se hisser à la couronne de son destin, il serait peut-être pertinent de laisser transparaitre le génie chromatique de cet enfant radiant pour annoncer enfin le début d’une ère nouvelle…
.
SAMO – A Tribute to Basquiat – PDF SYMA News – Florence Ye?re?mian
.
SAMO – A Tribute to Basquiat
Texte de Koffi Kwahulé
Mise en scène de Laëtitia Guedon
Avec Nicolas Baudino, Eriq Ebouaney, Willy Pierre-Joseph, Yohann Pisiou
Musique : Blade Mc/AliMBaye et Nicolas Baudino
Chorégraphie : Willy Pierre-Joseph
Vidéo : Benoit Lahoz
Théâtre de La Tempête
Cartoucherie – Route du champ de manœuvre
Paris 12e
www.la-tempete.fr
Réservations : 0143283636
Du 11 janvier au 2 février 2019
Du mardi au samedi à 20h30
Le dimanche à 16h30
Photos : ©Tristan Jeanne-Valès