Baudouin Mouanda expose à Brazza
Suite à son ouverture en septembre dernier, la Brazza-Art Galerie poursuit sa route avec une nouvelle exposition consacrée à Baudouin Mouanda. Photographe depuis près de vingt ans, ce chroniqueur de la vie congolaise y présente une soixantaine de clichés emblématiques de sa pensée et de son très beau parcours.
Mais qui est Baudouin ?
Baudouin Mouanda est né en 1981 au Congo- Brazzaville. Chroniqueur à ses débuts pour des journaux locaux, il se fait surnommer “Photouin” tant il prend de clichés.
Impliqué dans l’histoire de son pays, il entame un premier travail photographique sur les séquelles de la guerre civile puis ouvre son champ de vision à mille et une thématiques.
En effet, curieux de nature et intéressé par ses semblables, Baudouin ne se contente pas de photographier, il s’interroge perpétuellement sur l’état de sa société et son évolution. Au fil de ses pérégrinations, on le voit ainsi croquer les étudiants de Brazza, valoriser les petits métiers, capturer des danseurs de hip-hop ou tirer le portrait des magnifiques Sapeurs de Bacongo.
Le regard positif et porteur d’espoir, Baudouin Mouanda livre, année après année, un témoignage rare et unique sur sa terre et son époque. Loin de l’image misérabiliste habituellement véhiculée à propos de l’Afrique, il déploie un panorama lumineux et rend sa démarche artistique fort constructive.
Questionnant les jeunes générations du bout de son objectif, il traduit en photos leurs rêves et leurs projets tout en nous transmettant subtilement leurs besoins. À titre d’exemple, sa dernière série “Les fantômes des corniches” plaide pour l’électrification de l’Afrique en présentant des étudiants de Brazzaville qui, privés de lumière dans leurs maisons, sont contraints d’aller réviser leurs cours aux bords des routes.
Face à ce sens de l’observation et à cette humanité, on comprend pourquoi les photos de Baudouin ont reçu autant de récompenses et de prix internationaux. Son art ne se contente pas d’une approche esthétique, il est à l’écoute du monde alentour et nous en livre le pouls.
Une rétrospective en sept temps
1 – Les séquelles de la guerre : cinq ans après
Cinq ans après la guerre civile de 1997 entre la République du Congo et la RDC, Baudouin est revenu sur les lieux de son enfance. Face au spectacle de désolation qui s’est offert a lui, il a voulu laisser une trace. Armé de son appareil, il a immortalisé la violence, la peur et la misère encore gravées dans les esprits et sur les murs en ruine de Brazzaville.
2 – La débrouille : il n’y a pas de petits métiers
À Bacongo, dans le sud de Brazzaville, Baudouin pose un regard pertinent sur les petits métiers et les as de la débrouille. Cléo, le coiffeur, fait parti de ces audacieux prêts à tout pour en découdre. En suivant les déambulations quotidiennes de ce jeune optimiste, Baudouin dresse un portrait volontaire et ludique de ce quartier populaire et de ses habitants.
3 – La chasse éphémère : à l’assaut des protéines volantes
Connaissez-vous les éphémères ? Véritable plancton aérien, ces petits insectes volants surgissent au lever du jour pour s’orienter vers des sources lumineuses. Le long du fleuve Congo, les adolescents les chassent avec des filets afin de les manger ou pour les vendre sur les marchés avant d’aller à l’école. Amusé et bienveillant, Baudouin a partagé leur parcours dans la brume matinale pour nous régaler d’images vaporeuses.
4 – Congolese Dream : le mariage, et après ?
Jamais à court d’idées, Baudoin a transporté une robe de mariée dans ses bagages du Congo à la France en passant par la Chine, l’Allemagne et les États-unis. A la fois traditionnelle et symbolique, cette robe a servi de fil conducteur à une série d’images questionnant le rôle du mariage au sein de notre société : cet acte ancestral est-il un engagement? Une transaction ? Une preuve d’amour ? Les tirages de Baudouin hésitent plutôt entre l’utopie et la désillusion, mais libre à vous d’en juger.
5 – Une mode dans les Cataractes : les fashionistas de Brazza
Les Cataractes sont considérées comme un site touristique au sud de Brazzaville. Baudouin y a posé son objectif pour un shooting sauvage autour de passionnées de mode. Parmi elles se distinguent les Tigresses, jeunes fashionistas qui n’hésitent pas à se déhancher et à parader au milieu des rochers perchées sur des talons de douze centimètres !
6 – La SAPE : toutes griffes dehors
Les rois de la S.A.P.E ne sont plus à présenter. Ces gentlemen tirés à quatre épingles ont leur siège à Bacongo où ils se livrent régulièrement à des « guerres de style ». Durant ces joutes vestimentaires, ils exhibent à tour de rôle leurs tenues multicolores face à des foules en délire. Cravates, pochettes, cannes ou bretelles, tout est bon pour devenir le roi de la sape et faire voler en poussière la misère et la tristesse. Pour ceux qui ne connaissent pas encore la philosophie de la sapologie, dites-vous que c’est une ode à l’élégance, à la beauté et à la joie de vivre. Baudouin l’a bien compris et nous offre une palette chatoyante des plus beaux sapeurs de sa capitale.
7 – Les fantômes des corniches : La poésie du savoir
En république du Congo, comme dans beaucoup de pays d’Afrique, la moitié de la population urbaine n’a pas accès à l’électricité. Cette carence a fait apparaître de drôle de fantômes sur les bords de routes et de corniches : ce sont les étudiants sans lumière qui viennent apprendre leurs cours à la lueur des lampadaires publics ou au clair de lune. Admiratif, Baudouin a retranscrit en images ce ballet nocturne et silencieux en lui conférant une très belle poésie.
Cette rétrospective congolaise offre a Baudoin un juste retour aux sources. À quand une exposition parisienne ?
Baudoin Mouanda : Bilili ya Congo (Images du Congo)
Brazza Art Galerie
213 rue de la Musique Tambourinée – Brazzaville
Tel. +242 05 031 2020
contact@brazza-art-galerie.com