Les Nabis et le décor
Le groupe des Nabis s’est constitué à la fin des années 1880 autour de Bonnard, Vuillard, Paul Sérusier et Maurice Denis. L’intérêt de ces artistes pour l’art ornemental et le japonisme a donné naissance à de très belles oeuvres décoratives déclinées à travers la peinture mais aussi le vitrail, la porcelaine, la tapisserie ou les paravents. L’exposition du Musée du Luxembourg nous permet de découvrir les créations de ces pionniers qui ont choisi d’esquiver la frontière entre beaux-arts et arts appliqués.
Le style nabis
L’exposition s’ouvre sur quatre tableaux de Maurice Denis destinés à une chambre de jeune fille. Le peintre a choisi de mettre en scène des femmes au jardin évoluant au fil des saisons. La palette douce et chatoyante, il puise dans les tons pastels et déploie un art gorgé de poésie.
Face à ces demoiselles suspendues dans le temps répondent quatre autres panneaux signés Pierre Bonnard qui constituent le premier décor connu des Nabis. D’entrée, on y perçoit leur style décoratif fait d’arabesques, de couleurs envahissantes et d’aplats.
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Une ode poétique aux jardins
La visite se poursuit dans une salle pleine de fraicheur où sont accrochées de grandes toiles aux teintes vert d’eau. Dans ces jardins idéalisés, Bonnard a peint la cueillette des pommes en lui conférant une atmosphère féérique : on y voit de petites poules, de tendres mères et des enfants jouant avec une chèvre au milieu d’arbres merveilleux.
Par le biais d’une scénographie lumineuse, Edouard Vuillard nous transporte de son côté dans des parcs publics plus distingués où se promènent des dames chapeautées, de jeunes fillettes et des nourrices cachées sous des ombrelles.
Les intérieurs bourgeois
Dans des tonalités beaucoup plus sombres, Vuillard poursuit son oeuvre et nous ramène au sein d’intérieurs bourgeois. A ce propos, il faut préciser que la plupart des oeuvres nabis étaient destinées à orner les salons et les salles à manger d’hôtels particuliers de la fin du XIXe siècle.
Vuillard met ici en scène, les habitants même de ces demeures en les représentant dans leur chambre de lecture, leur bibliothèque ou leur salon de musique. Ces grands panneaux ne sont pas spécialement séduisants mais ils demeurent hypnotiques tant ils grouillent de motifs floraux. En effet, lorsque l’on contemple ces compositions picturales, notre regard finit par confondre les personnages représentés et les éléments décoratifs des tableaux.
Arts appliqués et japonisme
Dans cette promenade au coeur de l’univers nabis, une seule femme, hélas, se distingue : Marguerite Sérusier. Épouse de Paul Sérusier, elle ouvre l’exposition aux arts appliqués avec un magnifique paravent en bois peint.
Suivent plusieurs pièces décoratives parmi lesquelles des tapisseries de Maillol, des projets d’abat-jour de Vallotton, des cartons de vitrail de Ker-Xavier Roussel ou des pièces de marqueterie réalisées par Paul Ranson et A.F. Hérold.
Cette section nous montre aussi l’influence du japonisme sur le mouvement nabis à travers une sélection de revues d’art et de xylographies nippones issues de l’ancienne collection de Maurice Denis.
Esotérisme et spiritualité
Le parcours s’achève dans une ambiance plus spirituelle avec notamment des oeuvres de Paul Sérusier empruntes d’allégresse et de recueillement. Il en va ainsi de ses « Porteuses d’eau » ou de ses « Femmes à la source » dont les couleurs rougeoyantes et les figures intemporelles nous transportent dans un magnifique cortège de muses ancestrales.
Cette approche symboliste et un peu superstitieuse, trouve enfin toute sa dimension au sein de la dernière salle du musée à travers « La légende de Saint Hubert ». Ce cycle de cinq panneaux réalisé par Maurice Denis nous révèle une chasse à courre miraculeusement transcendée par la présence du divin.
Cette exposition autour des artistes nabis est une occasion unique de voir réunis des panneaux et des cycles qui ont été démantelés et dispersés de par le monde à la mort de leur commanditaires. Semblable à un cocon hors du temps, elle vous charmera par l’originalité, la rareté et la douceur de ses oeuvres.
.Les Nabis et le de?cor – PDF SYMA News – Florence Ye?re?mian
Les Nabis et le décor
Bonnard, Vuillard, Maurice Denis…
Du 13 mars au 30 juin 2019
Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard – Paris 6e
Catalogue de l’exposition
192 pages – 250 illustrations
Mars 2019 – 39€
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