Située à moins d’une heure et demie de train depuis la gare de Shinjuku, Kôfu est l’une des villes historiques les plus proches de Tokyo. Ni très connue, ni très grande, elle possède un certain charme et des sites historiques assez intéressants.
Kôfu, l’héritage de Takeda Shingen
Kôfu est la ville de Takeda Shingen, seigneur de guerre s’étant illustré durant la période de guerre civile appelée ère Sengoku (essentiellement le 16e siècle). Shingen prend le contrôle de la région de Kai (actuelle préfecture de Yamanashi, dont Kôfu est la principale ville) en 1541, en expulsant son propre père Nobutora. Après une longue période de rivalité avec Uesugi Kenshin, qu’il affronte sans succès pendant dix ans, Shingen s’allie au shogun Ashikaga Yoshiaki.
Le shogun a très peu de pouvoir à cette époque, et doit donc faire de nombreuses alliances. Mécontent de l’influence que prend Oda Nobunaga dans le pays, Yoshiaki demande à Shingen de marcher sur Kyoto, ce qu’il fait en 1572. Shingen parvient à vaincre l’alliance entre Nobunaga et Tokugawa Ieyasu à Mikatagahara, mais décède peu après et donc ne peut empêcher l’exil de Yoshiaki et la fin du shogunat des Ashikaga en 1574.
Le plus amusant est que Takeda Shingen est partout à Kôfu. Sur la façade des restaurants…
… jusque sur le wifi public. La municipalité joue la carte “samouraï” à fond.
De l’autre côté de la gare, on trouve une autre statue, celle de Takeda Nobutora. Le malchanceux père de Shingen est très respecté pour les efforts qu’il a produit pour développer la province de Kai.
Un parcours historique de grand intérêt
Kôfu conserve sa cloche (au centre sur la photo), historiquement utilisée pour rythmer la vie des habitants. Durant l’ère d’Edo, la journée était divisée en koku, qui sont des intervalles de deux heures. Elle sonnait donc douze fois, y compris la nuit, et indiquait par exemple la reprise du travail. Aujourd’hui les visiteurs peuvent la faire sonner automatiquement via un bouton au pied de la structure.
Toujours à quelques minutes de marche, la ville a conservé le site historique du château… où plutôt ce qu’il en reste! Cette butte abritait jadis le donjon du château. Celui-ci a hélas été rasé durant l’ère Meiji pour en faire un site industriel ainsi qu’une distillerie de vin (Kôfu possède un certain nombre de vignobles).
En revanche, le mont Fuji est clairement visible depuis cet emplacement, ce qui n’est pas toujours le cas de Tokyo à cause de la pollution.
Le château de Kôfu a en fait été commencé après le déclin des Takeda. Finalement, ce sont les Tokugawa qui s’y installent après 1600. Cette tour de garde est la seule partie vraiment préservée, même s’il elle pourrait être mieux entretenue.
Après un bout de chemin, on arrive au Chôzenji. Ce temple est connu pour être celui de la famille de Ôi, la mère de Takeda Shingen. Il aurait était déplacé par Shingen à son emplacement actuel pendant son règne sur la province de Kai, ce qui n’explique toutefois pas pourquoi il a deux pagodes.
Encore plus loin, le Kaizenkôji est un autre temple bouddhiste dont la construction a été décidée par Takeda Shingen. Craignant que le Zenkôji de Nagano soit endommagé lors de la bataille de kawanakajima (un des nombreux affrontements qu’il aura avec Uesugi Kenshin), Shingen ordonne de déplacer ses trésors bouddhiques vers Kai, plus protégée. Le temple sera protégé par les Tokugawa après l’ère Sengoku, et finalement désigné monument historique en 1973.
De retour près le gare et en montant à la salle d’arcade, on retrouve encore et toujours Takeda Shingen… en coccinelle! C’est quand on pense avoir tout vu que les japonais nous étonnent de nouveau!