Le Grand Palais met en avant toutes les facettes de Toulouse Lautrec
Le Grand Palais offre enfin un autre regard sur Toulouse Lautrec ! Avec cette nouvelle exposition, il ne se contente pas d’explorer les jupons de la Goulue ou les recoins des maisons closes, il nous propose un cheminement complet du parcours artistique de Lautrec. Loin de sa légende libidineuse et de son caricaturisme provocateur, on découvre de magnifiques portraits, une maîtrise parfaite du dessin académique, un talent évident pour les peintures équestres ainsi qu’une modernité inée qui annonce tout simplement l’art du XXe siècle.
Une belle galerie de portraits
Les premiers portraits de Lautrec possèdent un silence et une profondeur délicieuse. Qu’il s’agisse de Carmen, de Jeanne ou de sa maîtresse, Suzanne Valadon, le peintre confère à ses muses une simplicité et un mutisme bouleversant. Le regard absent ou la tête baissée, ces modèles laissent l’impression de ne pas poser : elles prêtent juste leur carapace corporelle à l’artiste mais conservent intimement leurs pensées.
La figure rousse de Carmen Gaudin revient de façon obsessionnelle dans l’œuvre de Lautrec
Parallèlement aux femmes, Lautrec a également peint de nombreuses figures masculines dont un très beau de portrait de Van Gogh au profil précieux. La plupart de ses tableaux d’hommes représentent d’ailleurs des dandys et mettent en avant une allure et un raffinement caractéristique des milieux aisés du XIXe siècle: il en va ainsi de Gaston Bonnefoy, du Docteur Henri Bourges ou de son cousin germain, Gabriel de Céleyran.
À travers cette série de boulvardiens hautement chapeautés, on se rend compte avec étonnement à quel point la peinture de Lautrec pouvait aussi être élégante !
Les portraits masculins de Lautrec mettent en avant l’élégance parisienne du XIXe siècle.
Lautrec à l’aube de la modernité : sujets plébéiens et manière forte
Quittant peu à peu ces portraits de nantis et ces profils de médailles, Toulouse Lautrec commence à s’aventurer vers d’autres recoins. De la sage femme du peuple à la belle de nuit, ses sujets se multiplient tout comme les médiums et les techniques picturales qu’il utilise pour les représenter : gouache sur carton, sanguine, fusain, encre de Chine sur papier… Lautrec observe, scrute et croque avec avidité l’excentricité des rues et l’effervescence du monde parisien qui l’entoure.
Traînant ses pinceaux aux côtés de Van Gogh et d’Émile Bernard, il fait à présent parti du clan des “Impressionnistes du Petit Boulevard“. La touche plus leste, le jeune artiste strie les vêtements de ses modèles, hachure les fonds de ses toiles et acquiert une liberté de trait aussi vive que séduisante.
Montmartre et ses plaisirs
Tandis que son style se fait caustique et audacieux, Lautrec envoie définitivement valser toute pudeur pour mettre en évidence les appâts de ces dames. Lutinant du côté de Montmartre et du Moulin Rouge, il peint la Goulue, esquisse un cabaret ou met en scène un bal public tout en s’amusant des faiblesses et de l’animalité de ses semblables.
Entre un banquier libidineux, une femme à la gueule de bois et une danseuse de cancan, sa peinture s’affirme et devient de plus en plus vigoureuse. Afin de nous transporter picturalement dans l’ambiance sulfureuse de ces lieux de plaisir, Toulouse Lautrec déforme intentionnellement ses personnages, il abrège leur silhouette, travaille en contre-plongée et use à foison de lumières criardes et artificielles.
Le monde de l’Affiche
Son travail autour de l’estampe et de l’illustration s’intensifie alors car on lui demande de créer des affiches publicitaires : c’est dans ce contexte que naissent des oeuvres aussi célèbres que la Goulue au Moulin Rouge, Aristide Bruant aux Ambassadeurs ou Jeanne Avril au Jardin de Paris. L’accrochage du Grand Palais présente pour la première fois les états successifs de ces lithographies.
Parallèlement aux pièces les plus médiatisées de Toulouse Lautrec, cette exposition dévoile également des oeuvres rares comme les illustrations du roman d’Edmond de Goncourt sur la prostitution (La fille Elisa), les 16 lithographies consacrées par Lautrec à Yvette Guilbert et enfin quelques peintures équestres de l’artiste en provenance du Musée d’Albi.
Avec cette exposition, c’est certain, vous allez redécouvrir Lautrec !
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Toulouse Lautrec – Résolument moderne
Du 9 octobre 2019 au 27 janvier 2020
Grand Palais – Paris 8e
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