Sortir son premier album quand on a 60 ans Fabian Ordonez l’a fait. Rendu populaire auprès du public depuis quelques mois, grâce à ses fils Big Flo & Oli formant le duo urbain à la mode du moment, l’artiste vient de dévoiler « El Padre ». Un projet acoustique composé de reprises classiques de la chanson française et sud-américaine version latine. Chronique musicale.
Un projet autobiographique
« Je viens d’un petit village de la pampa, en Argentine. ». C’est par ces quelques mots que Fabian Ordonez débute son opus. Un disque autobiographique sur son incroyable parcours. Sa vie, ses obstacles surmontés, et sa passion omniprésente depuis toujours pour la musique, racontés en chanson et entrecoupés par des courts récits.
Un homme marqué par la vie qui a quitté son pays pour fuir la dictature militaire. Une étape qui l’a aidé à se construire mais qui lui a aussi laissé des séquelles. Une exil qu’il raconte dans sa composition « Hola Hermano ». Une douce ballade sur la solitude qu’il a ressenti loin des siens à commencer par son frère qu’il a dû abandonner.
« Je suis resté clandestin pendant des années » poursuit l’artiste dans un second court extrait parlé, avant de se confier sur celle qui a changé sa vie : son épouse.
Sa femme à qui il rend hommage à l’aide d’une reprise langoureuse de « La historia de un amor » mythique boléro sud-américain sorti en 1955 et rendu célèbre grâce à des versions de Dalida ou encore Julio Iglesias. Mais aussi la célèbre «Javanaise» de Serge Gainsbourg dans une ambiance légère et intimiste.
Un musicien dans l’âme
Un chanteur donc aussi bien à l’aise en espagnol qu’en français, qui jongle agilement entre les différentes langues et ambiances transformant entre autre en version salsa entraînante le mythique « Ah tu verras » de Claude Nougaro.
Rien n’a été fait au hasard. Chaque choix de morceau figurant sur l’album est logique et coïncide avec des étapes de la vie de Fabian qui interprète la plupart depuis toujours.
Car l’homme est un musicien dans l’âme ayant ça dans le sang. 40 ans qu’il vit de son métier faisant face à la réalité de la vie d’artiste, pas toujours faite de strass et de paillettes.
Un parcours qu’il retrace dans la suite de son album en expliquant dans une dernière intermède avoir joué au sein de plusieurs groupes avant de se lancer dans la création du premier club de salsa toulousain « El Barrio Latino ».
La ville rose, sa terre d’accueil devenu son refuge de coeur à qui il rend hommage majestueux avec grâce sur le cultissime « Ô Toulouse » accompagné du prestigieux guitariste Serge Lopez. C’est d’ailleurs en banlieue à Villeneuve-Tolosane qu’il a enregistré son album.
Une histoire de famille
En véritable passionné de musique Fabian Ordonez a partagé cette importante partie de sa vie avec sa famille. A commencer par ses fils Florian et Olivio contaminé par le virus dès leur plus jeune âge.
La suite on la connaît. Devenu Big Flo & Oli les jeunes rappeurs se sont fait connaître sur Youtube avant d’exploser il y a 4 ans avec leur premier opus « La Cours des grands ». Un endroit ou ils sont comme des poissons dans l’eau avec leurs milliers d’albums vendus, mais aussi leurs tournées archi complètes et tubes à la pelle. Un duo réputé pour sa sympathie et son côté bon client dans les Médias, à la fois proche de son public gardant les pieds sur terre. A l’image d’un de leur plus gros succès « Papa » dans lequel les deux garçons rendent hommage à leur géniteur, invité star du morceau. « Mon père c’est le meilleur mais ça se compare pas » clament les deux frères dans un flow rempli de fierté. Un hit qui a enfin fait entrer Fabian dans la lumière. De quoi lui attirer la sympathie des fans de Big Flo & Oli ayant réclamé sa présence lors de la dernière tournée des rappeurs. Un souhait excaussé. Fabian Ordonez a même eu l’honneur de faire la première partie du concert d’exception de Big Flo & Oli ce samedi 26 octobre à la Défense Arena devant près de 30 000 personnes. Une ironie du sort pour ce sénior du monde du spectacle qui doit son explosion sur le devant de la scène à ses progénitures et plus encore sa signature au sein du même label qu’eux (Polydor). Bref une famille très proche qui n’hésite pas à se soutenir publiquement. Une jolie histoire. Comme un clin d’oeil à ce coup de pouce, on retrouve « Papa » sur l’album interprété en version espagnole par le trio avec en prime un clip composé d’images d’archives personnelles.
En bref Fabian Ordonez nous propose un album chaleureux, intimiste et apaisant. Un homme humble qui a du vécu et qui se raconte avec authenticité. Un joli coup de coeur dépaysant, et une belle leçon de revanche sur la vie.
A noter que Fabian Ordonez se produira au cours d’une tournée intimiste qui débutera le 14 décembre prochain au Café de la Danse à Paris, et qui passera par Toulouse le 23 février 2020.
Big Flo & Oli eux clôtureront leur tournée en février prochain avant de faire une pause bien méritée leur permettant de prendre un peu de recule sur leur succès et se consacrer à l’écriture de nouveaux hits.
DROUIN ALICIA
