Steins;Gate est une licence assez ancienne puisque sa genèse remonte à la Xbox 360, à l’époque où Microsoft investit massivement dans la création nippone. Le jeu narratif est sorti depuis sur bien d’autres plateformes, et a été adapté en animé ainsi qu’en manga. C’est ce dernier que Mana Books publie en français en ce début d’année. Très bonne initiative, puisque Steins;Gate s’avère être un excellent récit de science-fiction à la japonaise.
Rintarô Okabe est un jeune excentrique passionné par les sciences. On le voit presque toujours habillé d’une blouse blanche, en train d’expérimenter les inventions les plus folles. Aidé par ses comparses Itaru et Mayuri, puis par la jeune prodige Kirisu, il va finir par rendre bien réel un vieux rêve de l’humanité : le voyage dans le temps.
Le mythe du futur alternatif
Le fait est que Steins;Gate possède un scénario à suspense passionnant qui induit beaucoup de questionnement. Rintarô lui-même est, dès le début du manga, confronté à un paradoxe temporel qu’il tente d’éclaircir. Avec son incongru télé-micro-ondes (un simple four à micro-ondes branché sur un portable), l’inventeur tente petit à petit des expériences temporelles qui à chaque fois modifient le présent.
Les événements sont très bien cadrés et la logique de l’histoire, pleine de gens venus du futur, d’artefacts mystérieux, de conspirations supranationales, est absolument remarquable. Les auteurs étonnent par la gradation du récit : à chaque chapitre, les enjeux deviennent plus profonds et plus complexes, et le premier tome se termine d’ailleurs sur un suspense haletant qui donne envie de passer à la suite le plus vite possible. Les amateurs de mystères seront aux anges.
Une histoire taillée pour les otakus
L’autre gros atout de ce manga est l’humour. En dépit de son scénario réfléchi et de ses références scientifiques plus que sérieuses, Steins;Gate réserve de franches rigolades tout au long de ses pages. Notamment grâce au duo comique formé par Rintarô et Kurisu : les deux têtes pensantes de l’équipe ne cessent de se lancer des sarcasmes hilarants. Rintarô aime aussi jouer au leader et ses remarques de petit chef en font un personnage désopilant.
L’autre aspect qui le rend très sympathique pour les fans de la pop culture japonaise est son unité de lieu : toute l’histoire se déroule à Akihabara, la terre sacrée des otakus du monde entier. A l’instar d’Akiba’s Trip (dans un tout autre genre, il est vrai), Steins;Gate a son lot d’anecdotes bien senties sur le commerce et les habitudes du quartier de l’électronique. Anecdotes où, encore une fois, tous ceux qui y ont été se retrouveront. Du pur bonheur.
C’est du côté de son look que Steins;Gate en manga est moins impressionnant. Certes, le dessin de Yomi Sarachi a du charme, mais les contours et le niveau de détail est peut-être un peu en-deçà des standards actuels. Et surtout, il arrive bien après le jeu vidéo illustré par l’artiste Huke, qui a notamment travaillé sur la série Metal Gear Solid. Plus d’une décennie plus tard, le style de Huke est toujours aussi magnifique qu’inimitable, et est une facette indissociable de l’identité de Steins;Gate. Série en trois volumes, le manga comporte moins de lignes de dialogues que le visual novel sur console, mais vise en revanche toutes les scènes importantes : le rythme narratif est plus soutenu, et la lecture est plus facile que sur console.
Steins;Gate est œuvre majeure des années 2000 au Japon, et dont la popularité n’a jamais faibli avec notamment plusieurs récits dérivés, une série d’animation et un remake complet sortis depuis 2009. Le manga publié par Mana Books est l’occasion de découvrir en français l’un des meilleurs scénarii de science-fiction parus sur l’archipel.
Steins;Gate
Editeur : Kadokawa (Japon), Mana Books (France)
Genre : Science Fiction, humour
Sortie en France : 2 janvier 2020