Durant tout l’été, la fondation Custodia vous propose un voyage pictural aux Pays-Bas à travers les étonnantes estampes de l’artiste contemporain Siemen Dijkstra.
Connaissez-vous la gravure « à bois perdu » ?
Siemen Dijkstra est né dans la Provence de la Drenthe aux Pays-Bas. Issu de l’école des Beaux-Arts, il excelle dans la technique très particulière du « bois perdu » : à l’aide d’une pièce unique de bois, cet artiste amoureux de la nature parvient à créer des estampes aussi fines que détaillées. A l’inverse des autres graveurs qui se servent de plusieurs plaques pour chaque couleur, Siemen Dijkstra utilise une seule matrice qu’il creuse à chaque passage sous presse. Les Anglais appellent ce travail la « Suicide Technique » car tout ce qui a été taillé dans le bois est perdu à jamais. Cette technique est rare car elle ne permet pas d’erreur et implique des semaines de travail pour ne réaliser qu’une seule estampe.
Un voyage pictural qui capture la nature
Dans cette retrospective consacrée à Siemen Dijkstra, la fondation Custodia ne se contente pas de mettre en avant les estampes de l’artiste néerlandais, elle propose aussi une sélection d’aquarelles, des carnets de croquis et de fines études au crayon rendant compte de son labeur et de ses exigences.
A travers ces œuvres aux formats longilignes, on ressent à quel point Siemen s’approprie pleinement la nature et la transpose sur papier couche après couche : du bout de sa gouge ou de son pinceau, il reconstruit méticuleusement des paysages en lignes douces qu’il teinte instinctivement d’une très belle mélancolie.
Les rêveries d’un graveur solitaire
Au fil des sept salles d’exposition, on voit ainsi défiler de grands ciels surplombant la Mer du Nord ou de délicats cours d’eau ; on contemple aussi d’immenses champs de pissenlits ou des sentiers verdoyants dans la lande.
Chacune des œuvres de Siemen Dijkstra est à la fois douce à cause de sa palette chromatique et vibrante par la force des détails mis en avant. Il en va ainsi des vaguelettes, des brins d’herbes ou de la multitude de petits cailloux dans les rivières qui viennent accrocher les regards autant que la lumière.
Plus on s’attarde sur une composition de Siemen, plus on se laisse happer : tout semble ciselé, creusé, lié, complémentaire ; tout fourmille sur le papier, qu’il s’agisse des fougères éclatantes, des branchages arachnéens ou des ondes ourlant les ruisseaux.
L’élément aquatique est d’ailleurs omniprésent dans cette exposition qui nous offre une série de vues marines sublimées non seulement à travers des reflets d’eau mais aussi à travers des « déformations visuelles » : en effet, la plupart des estampes de Siemen proposent des compositions étirées qui nous font penser à des photos prises en fisheye.
En nous plongeant dans ces paysages luxuriants, ce graveur solitaire nous livre avec beaucoup de talent des rêveries picturales qui traduisent à la fois son amour fusionnel pour Dame Nature et son sentiment d’inquiétude à l’égard de l’agriculture à outrance. A travers son art et sa poésie, il nous fait ainsi prendre conscience des éléments funestes qui détruisent jour après jour les beautés de notre planète. Tachons enfin de la préserver !
Florence Gopikian Yérémian
Siemen Dijkstra : A bois perdu
Fondation Custodia
121 rue de Lille – Paris 7
T. 0147057519
Du 7 juillet au 6 septembre 2020
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.La Fondation Custodia propose également 2 autres expositions durant l’été:
– Studi & Schezzi : une sélection d’esquisses et de dessins de la Renaissance Italienne
– Anna Metz – Eaux-fortes : l’occasion de découvrir une autre graveuse néerlandaise contemporaine
A noter : les 600 dessins italiens de la Fondation Custodia sont enfin disponibles en ligne : http://collectiononline.fondationcustodia.fr
Photos ©Bert de Vries, Beeldwerk – ADAGP Paris 2019
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