Prés de six mois déjà que les salles de concerts et théâtres sont plongées dans le noir. Une situation délicate, touchant de plein fouet artistes et métiers de l’ombre. Un monde du spectacle en souffrance, incertain aussi sur les conditions de reprise de ses activités. Contexte que déplore l’humoriste et producteur Jérémy Ferrari, se livrant avec dépit dans une lettre ouverte adressée au gouvernement.
« Est-ce le monde de la culture qui vous dérange ? »
Le public le connaît surtout pour ses frasques et son humour noir souvent dérangeant. Un franc-parler que Jérémy Ferrari assume totalement. Un artiste qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui le prouve une fois encore au travers d’une tribune fraîchement partagée sur les réseaux sociaux. « Pourquoi ce silence ? Pourquoi ce déni de la réalité ? Est-ce le monde de la culture qui vous dérange ? » débute-t-il en frappant fort d’entrée de jeu. Un questionnement vif, sans détour, suivi de reproches adressés au ministère qui d’après lui n’agit pas suffisamment pour permettre aux lumières des lieux culturels de se rallumer. Un sentiment d’abandon que clame l’humoriste avec sincérité et justesse. «Alors que vous avez successivement et d’une manière extrêmement claire levé les restrictions et la distanciation sociale dans les trains, les avions, les foires, les salons professionnels et les universités, vous ne l’avez pas fait dans les lieux culturels » regrette-t-il ne voyant pas le bout du tunnel de cette période délicate. Insistant sur son incompréhension à voir les cafés, trains et plages ré-ouverts avec des conditions de port du masque et utilisation de gel qui seraient tout autant facilement applicables dans l’enceinte de théâtres. En reconnaissant cependant en parallèle accepter le rallongement de l’interdiction des rassemblements de plus de 5000 personnes.
« L’ensemble du monde du spectacle est en train d’attendre, dans la peur »
Comme l’ont fait dernièrement des artistes comme M Pokora, ou encore Vitaa et Slimane incertains sur le déroulement de leurs concerts programmés en septembre prochain, Jérémy Ferrari se fait là porte-parole du monde culturel. Un professionnel comme ses confrères, conscient du contexte sanitaire. Des individus qui n’ont rien d’imprudents. «Ils ne veulent pas « jouer à tout prix », ils ne refusent pas les règles sanitaires… » précise-t-il fermement. Des talents qu’il rappelle, restent solidaires. Nombreux étant ceux qui ont apporté leur soutien au public durant le confinement en proposant du contenu gratuit. Mais à l’heure actuelle, impossible pour les équipes de continuer à travailler à perte. Chose qui se produirait si ils suivaient la distanciation sociale instaurée par la réglementation actuelle imposant de laisser un siège d’écart par groupe. Une logistique complexe voire illusoire dans une petite salle, puisque inapplicable pour sa survit financière. « Nous ne serons pas capables, ni économiquement ni logistiquement, d’assurer ces représentations sans la levée de la mesure d’un siège d’écart par groupe et vous le savez » appuie Jérémy Ferrari. « L’ensemble du monde du spectacle est en train d’attendre, dans la peur… » poursuit-il peiné et remonté. Un homme révolté et solidaire avec ces travailleurs qu’il côtoie de près ou de loin, pour le moment sans activité et donc revenus et ces établissements sur la sellette. « Combien de producteurs, de directeurs de théâtres, de cafés-théâtres à Paris mais surtout en province… vont devoir prendre des décisions à l’aveugle ? Vont devoir fermer ? Licencier ? Reporter ? Annuler? Se battre avec des compagnies d’assurances… » interroge-t-il amèrement.
Son but : provoquer une réaction rapide et efficace des politiques et stopper l’hémorragie avant qu’il ne soit trop tard. Un combat capital porté par un discours pesé qui mérite d’être entendu.
DROUIN ALICIA
Retrouvez la lettre intégrale ici :