Ève évolue dans un univers superficiel aux côtés de son fils et de son époux Henri Monlibert, célébrissime chef d’orchestre. Installée à Vienne parmi les expatriés, elle fréquente le gratin local et passe son temps entre les spa et les dîners mondains en se berçant d’illusions. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce qu’elle découvre que son mari la trompe. A la lecture d’un sms, tous les rêves d’Ève s’envolent en fumée. La famille parfaite à laquelle elle donnait tant d’importance disparaît et son univers s’effondre. A présent que plus rien n’a de sens, seule la vengeance compte pour cette femme trahie mais pour retrouver le vrai bonheur, Ève va devoir envoyer valser toutes les apparences…
Karin Viard, superbe en femme trahie
Inspiré par le roman de Karin Alvtegen (Trahie), ce film de Marc Fitoussi peut se voir comme un bon thriller à énigmes.
Superbement interprétée par Karin Viard, la figure d’Eve est belle, spirituelle, émouvante, impeccable. Se pavanant avec classe et glissant au dessus de tous les problèmes du monde, elle symbolise la femme parfaite, bourgeoise et heureuse en ménage qui n’imagine pas un seul instant pouvoir être trompée. Au fur et à mesure du film, son sourire s’efface, ses yeux se voilent et on la sent fléchir : passant du déni au désespoir, Karin Viard promène son personnage avec talent entre des zones de doute, de rage et de paranoïa puis l’entraîne avec force sur le sentier ultime de la vengeance.
Biolay joue les maris infidèles en demi-teinte
A ses côtés, Benjamin Biolay joue les maris infidèles avec son habituelle nonchalance. Assez taiseux et renfermé, on aimerait le voir plus investi dans ce rôle qui lui offre pourtant deux profils possibles: face à sa femme puis face à sa maîtresse, le comédien aurait pu composer une double palette de sentiments et d’émotions mais il s’est contenté de rester indolent et presque insensible. On regrette vraiment de le voir aussi absent comparativement à Karin Viard qui déploie tant d’énergie pour incarner son épouse.
Un ménage à 4 ?
C’est à Laetitia Dosch que revient le rôle de Tina, la briseuse de ménage. Derrière son sourire d’ange et son regard lumineux, la comédienne joue les fausses madones avec une belle causticité.
Dans ce triste schéma adultérin, la surprise vient cependant d’un quatrième convive : l’inquiétant Jonas. Incarné avec justesse par Lucas Englander, ce beau jeune homme mélancolique va bouleverser les projets vindicatifs d’Ève. Rencontré dans un bar par un soir de déprime, il va l’entraîner avec son mari dans une spirale inattendue …
Par-delà cette histoire tragique (et pourtant si courante…) d’adultère, le réalisateur pose un regard sur la superficialité du monde et invite les spectateurs à réfléchir sur les faux-semblants. Dénigrant les mensonges et les hypocrisies qui ne servent qu’à épater la galerie, Marc Fitoussi nous incite ainsi à ne plus se voiler la face dans notre quotidien pour faire émerger la réalité qui se cache trop souvent derrière les apparences.
En résumé : soyez vous-même et débarrassez vous une fois pour toute des nuisibles et des imbéciles !
Florence Gopikian Yérémian
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Les Apparences
Un film de Marc Fitoussi
Librement adapté du roman Trahie de Karin Alvtegen
Avec Karin Viard, Benjamin Biolay, Pascale Arbillot, Lucas Englander, Laetitia Dosch
Durée : 1h50
Sortie le 23 septembre 2020