Il faudra encore patienter trois semaines supplémentaires minimum pour voir les lumières des théâtres et lieux culturels se rallumer. Une prolongation toujours aussi dure à encaisser pour tous les acteurs de près ou de loin du monde du spectacle. Une frustration au goût amer que retranscrit Grand Corps Malade dans son nouveau hit lourd de sens intitulé «Pas essentiel ».
Un poétique combattant
« Pas essentiel ». Deux mots surprenants qui éclairaient ce mardi soir la mythique façade de l’Olympia, affichant habituellement le nom des artistes s’y produisant. Un message clair en lettres rouges capitale, annonçant au passage le titre de la nouvelle chanson de Grand Corps Malade.
Un slameur qui entre deux instants promos de son album « Mesdames » qui cartonne, n’en oublie pas le climat sombre actuel qui plane au dessus du monde de la culture. Un artiste engagé qui en avril dernier partageait son soutien aux soignants avec le percutant « Effets secondaires », déboulant cette fois au service de son domaine professionnel. Un esthète des mots qui s’est muni de sa plume pour traduire les angoisses du secteur, étiqueté comme un élément « non essentiel ». Une maladresse formulée par le premier ministre Jean Castex qui a fait bondir le chanteur et lui a inspiré cette chanson symbolique et engagée. « J’ai voulu reprendre cette expression, qui nous a tous marqués dans le monde de la culture ces derniers mois » explique-t-il aux équipes de BFMTV « C’est une expression qui nous a tous touchés, qu’on a trouvé même un peu violente, en tout cas maladroite » poursuit-il. Appuyant aussi sur la cruelle souffrance qui plane au dessus de tous les travailleurs du monde du spectacle.
Un porte-parole actif livrant une véritable ode à la vie et « à la liberté qui nous manque » expose-t-il animé comme beaucoup par ce besoin de retrouvailles concrètes avec la culture, élément bel et bien vital de notre quotidien. Lui qui souhaite profondément pouvoir assurer sa prochaine tournée programmée pour l’heure à partir de novembre 2021, qu’il espère précédée par des dates de printemps dans des théâtres. « Embrasser quelqu’un : pas essentiel, Ouvrir un bouquin : pas essentiel, Sourire sincère : pas essentiel, Aller aux concerts : pas essentiel » débite-t-il avec sa voix rauque à travers un refrain effréné en signe de révolte. Un hit percutant, traduisant avec finesse et cynisme l’urgence de la situation. Et cri du coeur teinté d’ironie d’un artiste qui préfère se battre à coup de mots plutôt que de sombrer dans le désarroi.
Tous engagés et unis
En attendant la sortie du clip de « Pas essentiel » qui s’annonce tout autant riche en symboliques, Grand Corps Malade peut se rassurer de ne pas être seul à tirer la sonnette d’alarme. Comme lui, de plus en plus d’artistes sont sur le coup. Bon nombre d’entre eux continuant de proposer des créations, en se faisant également de fervents défenseurs du monde de la culture. À l’instar de Amir à l’origine de l’opération solidaire « La culture s’offre » porté par un logo manuscrit sur lequel est gribouillé le «u» de « souffre ». Un appel au public à soutenir le secteur en le glissant au pied du sapin. « Un livre, une place de cinéma, un album, une place de théâtre, de concert, un pass pour un musée » soumet-il en garantissant du plaisir au destinataire. Appuyant par la même occasion sur ces neuf derniers mois délicats. Un mouvement grandissant, partagé en masse sur les réseaux sociaux confirmant plus que jamais l’engouement autour du monde culturel.
DROUIN ALICIA
