Pas évident de se réinventer après plus de 23 ans de carrière… mais pas pour Julie Zenatti ! Une artiste et femme en évolution constante, laissant exprimer son désir d’affranchissement au sein de son nouvel album « Refaire danser les fleurs ». Un disque qui sent bon la fraîcheur et l’évasion. Chronique musicale d’un projet pop lumineux total anti-morosité teinté de sonorités rétro mais surtout baigné d’amour.
Joie et groove
A chaque ère sa propre histoire. C’est en tout cas comme ça que Julie Zenatti raisonne à chaque nouveau tournant de sa carrière. Une artiste qui semble en avoir définitivement fini avec les codes. Plus que jamais habitée par l’envie d’assumer sa liberté et de s’écouter. Un désir fort qui l’a porté durant la création de « Refaire danser les fleurs » qui désormais appartient aussi au public. Un opus profondément pop aux thèmes et inspirations multiples. Son but : mettre du baume au coeur à qui l’écoutera. Et ça commence avec « Pour nos p’tits coeurs qui flanchent ». Un titre résonnant de circonstance malgré lui, puisqu’il a été écrit avant le confinement et cette période d’incertitude. Une ambiance sonore construite autour d’un air de piano effréné façon Michel Berger. Un idole de jeunesse pour la chanteuse qui pioche et dépoussière ce si bel héritage musical français. À l’écoute de la piste du même nom que l’album on ne peut s’empêcher de penser à l’univers de France Gall. Quand « La mélodie du bonheur » pourrait sortir tout droit du répertoire de Véronique Sanson. Des idoles pour Julie Zenatti qui ne s’en cache pas. Des légendes du Panthéon dont l’univers influence clairement la couleur global de cet album réconfortant. Une madeleine de Proust à l’esthétique très live, se servant intelligemment d’hier pour rassurer vers demain. Savourer la vie tout simplement, oser chambouler les habitudes. La musique comme booster et remède pour adoucir les mœurs.
Un projet truffé de références rétros, qui n’en reste pas moins contemporain. La preuve avec l’entêtant et pétillant « Tout est plus pop » s’amusant de la peur d’être dépassé. « Il faut suivre la cadence, y ‘a qu’une épaule qui danse » clame-t-elle avec dérision. Un grain de folie dont fait usage l’interprète avec humour. Se jouant de son âge, de son couple même dans « Paisiblement fou ».
Un album mature d’une épouse, mère, et femme à part entière qui ose répondre des clichés sur le sexisme ordinaire avec second degré dans « Et pourquoi pas ? » en duo avec Alban Lico (compositeur de l’album à succès « VersuS » de Vitaa et Slimane). Dire stop aux stéréotypes, tout en reconnaissant la difficulté à être indépendante sans se perdre. Un sujet entonné dans le second duo amical « Rien de spécial » en compagnie de Rose.
Des fleurs et un coeur
Un disque pétillant et accrocheur, également plein de tendresse. 13 pistes oscillant entre légèreté et fragilité. Une artiste qui n’a rien perdu de son authenticité. Ordonnant et affinant les contours de sa personnalité. Continuant à distribuer amour et douceur pour le plus grand bonheur de ses fans de la première heure. Des fidèles qui trouveront leur compte à l’écoute du langoureux « Crocodile en croisière ». Une évasion marine qui se poursuit le long de « Comme un pirate en mer », cachant dans son trésor le secret de protection de l’amitié et ce malgré le temps qui passe.
S’abandonnant sans fioriture au sein du très réussi « Leçon de moi ». Une déclaration poignante à coeur ouvert d’un amour sincère et puissant.
Même sensation apaisante à l’écoute de « Léo » dont l’univers musical rappelle celle du mythique « Le Paradis blanc », ou du mélancolique « Nuage » totalement planant.
Des ballades épurées qui continuent de suivre la chanteuse loin de tirer un trait définitif sur ce qui l’a fait émerger. Se servant du passé pour avancer. Une grande sensible de nature, de retour une dernière fois dans son salon d’enfance en « Plein phare » comme pour mieux éclairer et s’approprier la musique de ses parents. Refermant son huitième livre avec délicatesse dans le noir, loin de l’effet illusoire que veulent bien laisser paraître la scène et la gloire.
En bref, avec « Refaire danser les fleurs » Julie Zenatti savoure la joie d’être elle-même tout simplement. Une femme et artiste entière qui n’a plus peur de se cacher. Une enthousiaste au coeur tendre qui respire pleinement le parfum de l’épanouissement.
Coups de coeur : Pour nos p’tits coeurs qui flanchent / Leçon de moi / Et pourquoi pas ? / Comme un pirate en mer / La mélodie du bonheur
Et pour des retrouvailles intimes, Julie Zenatti vous donne rendez-vous le 4 février prochain à l’occasion de son premier concert en live-stream, en direct de la Scala.
DROUIN ALICIA