Claudine Legrand expose actuellement deux artistes complémentaires au sein de sa charmante galerie, rue de Seine. Avec beaucoup d’admiration, elle nous parle des sublimes toiles de Laurent Hours et des sculptures rocambolesques de Gérard Cambon.
Florence Gopikian Yérémian : Qui est Laurent Hours ?
Claudine Legrand : Laurent Hours est un peintre français né à Neuilly. Il a fait ses études aux Beaux-Arts de Paris et du haut de ses 74 ans, il possède un parcours pictural aussi riche qu’atypique.
Quelle est sa technique ?
Elle a évolué au fil du temps. À ses débuts, Laurent Hours travaillait essentiellement sur des plaques de résine et possédait un côté très « pompéien ». Il creusait ses supports de façon un peu irrégulière, à l’exemple de fresques antiques sur lesquelles il faisait apparaître des personnages et des architectures dans des déclinaisons de roses et d’ocres.
Il s’est ensuite tourné vers une peinture plus traditionnelle ?
La fabrication de ses plaques de résine était complexe car elle le contraignait à de petits formats; de plus, elle était toxique et impliquait un travail en extérieur. Laurent a donc décidé de se consacrer à la peinture sur toile, il y a une vingtaine d’années. Celà lui a permis de varier ses couleurs et ses thématiques. Comme il est passé à des formats plus imposants, ses compositions se sont attachées à la représentation de grands espaces tels que les déserts ou les plages. Progressivement, il est aussi allé vers une certaine abstraction de ses paysages tout en restant dans une mouvance figurative. Cette évolution lui a offert un public plus international, notamment au niveau des Américains.
Travaille-t-il d’après nature ?
Pas du tout. Habituellement, il fait quelques croquis puis il laisse faire son imaginaire. Ce n’est pas non plus quelqu’un qui travaille d’après photo. C’est plutôt une qualité pour un peintre d’aujourd’hui; d’ailleurs les connaisseurs peuvent repérer ce genre de subtilité. Certains sont même réfractaires à la peinture d’après photo car ils préfèrent voir dans un tableau une véritable création et pas une “copie”.
Votre galerie collabore-t-elle depuis longtemps avec Laurent Hours ?
Oh, oui, notre collaboration ne date pas d’aujourd’hui ! Je travaille avec Laurent depuis 1994. Ensemble, nous avons fait dix expositions personnelles au sein de ma galerie et c’est aujourd’hui la onzième !
Avez-vous l’exclusivité ?
Non. Laurent travaille avec d’autres galeries, notamment à Noirmoutier et en Belgique. Il est aussi représenté dans le reste de l’Europe et surtout aux États-Unis où il expose entre Boston et New York.
Ses œuvres ont-elles déjà été acquises par certains musées ?
Absolument, à titre d’exemple certaines de ses toiles ont été achetées par le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ou le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. Laurent a également réalisé des commandes publiques dont un mur peint dans le quartier du Marais, il y a une vingtaine d’années.
Pour votre nouvelle exposition, vous avez choisi de présenter ses oeuvres aux côtés des sculptures d’un jeune artiste.
Tout à fait, j’ai voulu animer cet accrochage avec les créations rocambolesques de Gérard Cambon. C’est un artiste que j’ai rencontré plus récemment et dont j’apprécie également le travail. Gerard est né à Toulouse, il travaille en région parisienne et expose à l’international. En ce moment, il a un accrochage à New York mais cette exposition est devenue virtuelle à cause de la pandémie…
Quelle est la particularité de Gérard Cambon ?
Son travail artistique est entièrement lié à une démarche de récupération. Gérard crée ses œuvres à partir d’objets anciens auxquels il insuffle une seconde vie. Ses personnages sont en papier mâché qu’il peint et repeint pour pouvoir leur donner une consistance. Il utilise aussi des plumes, des graines et même des citrons qu’il fait sécher et solidifie avec de la peinture.
Sa thématique actuelle tourne autour des mobiles ?
Gérard travaille en effet sur le thème des véhicules qu’il associe à de petits personnages nommés les « Nambias ». Ces drôles de petits êtres en papier mâché doivent leur existence à une bourde de Donald Trump. Lors d’un discours, ce dernier a félicité la « Nambia » pour ses performances sans trop savoir si il devait parler de la Namibie ou de la Zambie… Quoi qu’il en soit, cette bévue présidentielle a fait naître un nouveau pays dans la tête de Gérard Cambon qui a imaginé la tribu des Nambias. Ces guerriers grimaçants ont actuellement un très beau succès auprès du public.
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Florence Gopikian Yérémian
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